Crise printanière, Vic & Dan, 1er épisode

D’humeur promise…

Ça y est ! Victoria Ingrid Alice Désirée, princesse héritière de Suède s’est fiancée avec le roturier Daniel Westling. Ce n’est pas une saga comme une autre, puisque habituellement, c’est le roi qui dégotte une roturière. La Suède étant toujours aux avants-postes, on fait le contraire à la Cour. Pourquoi ces fiançailles maintenant, alors que les tourtereaux se fréquentent depuis plus de sept ans ? La crise y serait-elle pour quelque chose ? Dans l’affirmative, on peut imaginer la scène suivante.

En présence, sa majesté Carl XVI Gustav et le Premier ministre Fredrik Reinfeldt.

Le King : « Holà Fredo, qu’est-ce qui t’amène ? »

Le number One : « Charlie, il va falloir faire quelque chose pour cette bon sang de crise. T’es au courant au moins ?

– La crise ? Quelle crise ?

– Ben…la crise, quoi ! Celle qui touche les gens. Le recul de l’économie, le chômage qui grimpe, la bourse qui dévisse, la merde quoi ! Une vraie mouise ! Nous, ça ne nous touche pas, mais la plèbe… elle, elle déprime !

– Mais, mes sujets ne sont-ils pas anesthésiés depuis des lustres ? De quoi se plaignent-ils ? Qu’ils bossent et qu’ils la ferment. Ils ont un roi, une reine, une princesse héritière, un prince, une princesse, les prix Nobel, mes anniversaires… que veulent-ils de plus ?

– Justement, à propos de la princesse héritière, ça fait quelques années qu’elle fricote avec son gymnaste… peut être qu’il est temps qu’elle se case, ça commence à jaser dans les chaumières…

– Quoi ? Mais de quoi j’me mêle… Qu’est-ce que ça peut leur foutre ?

– Si tu la maries maintenant, non seulement tu vas remonter encore plus dans l’estime de tes sujets, mais en plus, tu vas rendre service au royaume !

– Oh ! ça, je m’en tape !

– Dis pas ça ! À l’idée d’agapes royales, le peuple ne pensera pas à la crise. Leurs emmerdes leur glisseront dessus comme l’eau sur les plumes d’un canard. Fini la sinistrose ! Et puis, pour un monarque qui n’a aucun pouvoir, influer sur l’économie nationale, voire mondiale, c’est quand même balèze ! Tu écris l’Histoire Charlie !

– Et qu’est-ce que je gagne là-dedans, moi ? Si je marche dans la combine, il va me falloir de la rallonge. Le mec de Victoria… comment il s’appelle déjà ?… Il va falloir le nourrir. Ce n’est pas avec ce qu’on me donne qu’il va becter gras le gendre ! Bon, on va commencer avec les fiançailles et on verra si ça réagit… »

Sissi impératrice, alias Victoria, s’est ainsi fiancée avec son Daniel, la roture. Ça n’a pas fait « clic » comme lorsque ses parents se sont rencontrés, c’est ce qu’on apprît lors d’une conf’ de presse où les fiancés annonçaient leur prochain hymen. C’est vrai qu’un retentissant « clic » dans une salle de musculation, ça relève plus du lumbago ou d’une machine qui manque d’huile que d’un cœur qui bat la chamade.

La presse pipole a un an pour tout nous dévoiler sur le futur couple royal. Elle, sera un jour reine, lui, ne sera jamais roi, seulement prince. L’actuel souverain s’était lui aussi marié avec une roturière, depuis on appelle sa moitié la reine. Cherchez la régalienne erreur.

D’humeur Saabotée…

Le destin du deuxième fleuron de l’automobile suédoise, Saab, est-il déjà irrémédiablement scellé ? Oui si l’on en croît les analystes financiers, non si l’on se réfère aux inconditionnels de la marque au griffon couronné. Après 20 ans de services chez General Motors, Saab a finalement été lâché par le constructeur automobile américain et a été mis en redressement judiciaire pour lui éviter une faillite. Il est vrai que depuis plus de dix ans, Saab, non seulement ne rapporte pas un dollar à GM, mais lui en a coûté quelques centaines de millions qui pèsent lourds au moment où l’industrie automobile est aux abois. Comment en est-on arrivé là ? Demi-tour sur place.

Les Saab sont des voitures un peu mythiques. On les vénère ou on les ignore. Les propriétaires de Saab n’en changeraient pas (j’en connais un qui a appelé son chien Saab), un peu comme un amateur de Ricard n’irait pas à s’essayer au Pernod.

Le nom de la marque déjà : Saab…, ça sonne bien, ça sent la vitesse ; l’acronyme de Svenska Aeroplan AktieBolaget (société suédoise d’aéronautique). Saab, au départ (1937), était une société d’État destinée à produire des aéronefs militaires. Peu après la Seconde guerre mondiale, la firme décide de se diversifier et se lance dans la construction d’automobiles. Son premier modèle, la 92 est conçu en 1947 et commercialisé en 1949. Une aile d’avion sur 4 roues propulsée par un deux cylindres à deux temps. Consécration des véhicules de la marque en 1962 et 1963, lorsque Erik Carlsson remporte le rallye de Monte Carlo sur une Saab 96. Le constructeur suédois passera aux quatre cylindres quatre temps (moteur Ford) en 1966.

En 1977, Saab produit le premier turbocompresseur installé sur des voitures de série. En 1979, Stig Blomkvist remporte le rallye de Suède sur une Saab 99 turbocompressée. Turbos et soupapes sont les outils technologiques les plus marquants des années fastes de la marque ; la série 900 avec son moteur suralimenté et ses 16 soupapes restera dans les annales mécaniques.

Le premier système de freinage ABS monté sur une traction avant date de 1986. Bref, pendant de longues années, les ingénieurs de Saab ont marqué de leur ingéniosité technologique, la création stylistique et le développement de l’automobile.

L’histoire de l’entreprise est loin d’être linéaire : production d’avions, d’automobiles, de camions… Vont-ils en rester là maintenant qu’ils ne sont plus dans la course ? À suivre…

C’est en 1964 que Saab fusionne avec le constructeur suédois de camions Scania-Vabis pour former Saab-Scania. En 1969, naissent Scania Poids-lourds et Saab Automobiles. Ça durera jusqu’en 1996. Dans l’intervalle, en 1990, General Motors acquière la moitié du capital de Saab Automobiles, Scania Poids-lourds s’en adjugeant l’autre moitié. Saab passe sous contrôle américain. L’innovation légendaire de Saab va être sérieusement mise en berne. En 2000, General Motors rachète le solde des actions Saab Automobiles à Scania Poids-lourds, Saab devient une filiale à part entière de GM, c’est le début de la fin…

Saab est désormais sous tutelle judiciaire (procédure de sauvegarde) et a quelques mois pour prouver qu’il peut remonter une entité indépendante. A-t-il vraiment des chances. Pas sûr. L’État, le premier, n’y croît pas, c’est dire ! Un repreneur et beaucoup d’argent, c’est tout ce dont a besoin Saab ! Par les temps qui courent, c’est le Graal ! Et le gouvernement qui veut Saaboter tout ça !

D’humeur interlope…

Les voleurs ne se cachent même plus ! Scène de la vie ordinaire : témoignage.

En plein jour (à midi !), dans une rue particulièrement passante de Stockholm, deux toxicos (ils n’échappent aux règles de leur mode, c’est comme ça qu’on les reconnaît) ont tenté de fracturer une voiture. Ils n’ont pas pu mener à bien leur larcin, un pizzaïolo, de l’autre côté de la rue, leur ayant braillé à gorge déployée de laisser tomber. Jambes à leurs cous, ils n’ont pas demandé leur reste. Résultat : une porte fracturée. Prévenue immédiatement, la police est arrivée sur les lieux une dizaine de minutes plus tard. Photos de la porte, coups de téléphone, audition des témoins. Quelques minutes plus tard, la jeune propriétaire du véhicule venait récupérer son sac à main qu’elle avait eu la bonne idée de laisser sur le siège avant. « Tout est tentation à qui la craint », disait La Bruyère…

D’humeur enivrée…

Constat d’ivrogne, les jeunes suédois boivent de plus en plus… et de plus en plus tôt. La statistique est formelle. L’an passé, les services sociaux ont dû prendre en charge plus de cinq cents enfants entre 10 et 14 ans ! Rien que pour la région de Stockholm, les cliniques spécialisées ont accueilli quelque 3 000 ados entre 10 et 19 ans ! On sait que les chiens ne font pas des chats, mais quand même ! Et quelle catégorie sociale enfantine se torche le plus ? Les plus « défavorisés » du système. Un enfant sur cinq vivrait dans des familles à risques. Ça donne le pouls social du royaume ! Les parents boivent, les enfants trinquent… Le modèle a un coup dans l’aile ! Au prix exorbitant de l’alcool en Suède (contrebande ou pas), on est en droit de se poser la question de savoir comment ils se le procurent ?

D’humeur crédule…

Lu dans le plus grand quotidien de Suède, Dagens Nyheter. « Les jeunes qui trafiquent leur mobylette encourent un plus grand risque de sombrer dans la criminalité » ! Sans blagues ! C’est ce qui ressort d’une enquête très sérieuse menée par l’institut de recherche sur les infrastructures routières et les transports (ouf !). Il existerait ainsi une différence notable entre les jeunes bien sous tous rapports qui ne « gonflent » pas leur mob’ et les autres. Et ceux qui tripatouillent les statistiques, ils risquent quoi ?

D’humeur convoleuse…

Depuis que les homosexuels ont le droit d’enregistrer un partenariat en Suède, l’église de Suède ne savait plus à quel saint se vouer pour trouver un moyen de les bénir religieusement sans utiliser le mot mariage, réservé aux couples hétérosexuels. Pour répondre à la prochaine loi sur le mariage sexuellement neutre qui devrait être adoptée en mai prochain par le Riksdag, le Parlement suédois, l’Église a trouvé une sortie sémantique. Le pasteur, au lieu de dire : « Vous êtes désormais unis par le mariage », dira « Vous êtes désormais légitimement conjoints ». Ah ! Le poids des mots ! Le trait d’union, c’est le conjugal !

D’humeur cheval-alouette…

Quand le gouvernement suédois proposait en décembre dernier un plan d’aide de 2,6 milliards d’euros au secteur automobile « suédois » (Volvo est détenu par Ford et Saab par General Motors), aucune voix en Europe ne s’était alors élevée pour condamner l’initiative suédoise, voire taxer le royaume de protectionniste. Lorsque le gouvernement français propose maintenant à Peugeot-Citroën et Renault de pouvoir bénéficier de prêts à certaines conditions pour tenter de booster l’industrie automobile française en récession, la Suède, en tête, râle et lâche le mot qui fâche : protectionnisme. Ce n’est pas la même chose disent les Suédois ! Pas la même chose ? Le gouvernement de coalition de centre-droit ne s’est pas caché pour annoncer qu’il s’engageait à financer la recherche-développement du secteur auto suédois à condition qu’il reste en Suède ! Ça s’appelle comment en politiquement correct ? Aide ? Assistance ? Pas libre-échange en tout cas !

D’humeur enfumée…

Les lycéens suédois fumeraient moins. C’est un organisme chargé de l’étude de l’alcool et des drogues en Suède qui nous le dévoile. À 16-17 ans, 28 % des filles fument (du tabac) contre 22 % des garçons. En 1997, elles étaient 37 %, les garçons 28 %. Rien sur les autres substances qui se fument. Et s’ils n’en fumaient pas ? Au royaume de la tolérance zéro, on sait que les dérapages sont légion…Preuve que la politique menée n’est qu’un rideau de fumée !

4 reflexions sur “Crise printanière, Vic & Dan, 1er épisode

  1. Jean-Pierre LEVY

    Sait-on en Suède ,mais aussi en France qu´en cette année 2010 avec le mariage de la princesse héritière ,Victoria Bernadotte ,prochainement ,avec Daniel Westlind,le 19 juin, on fêtera ,je l´espère ,les 200 ans de la venue de Jean-Baptiste Bernadotte,futur Karl XIV Johan,Charles Jean XVI,traduction française?
    C´est en effet le 20 octobre 1810 que Jean-Baptiste Bernadotte,maréchal de France,mit le pied sur le sol suédois pour la 1 ère fois, à Helsingborg venant de Elseneur au Danemark avec quelques Français comme Jean-Pierre Grés et Louis Marie Camps,amis d´enfance de Pau ,et le lieutenant Otto Mörner.
    Désirée et le petit Oscar n´ arriveront que plus tard ,vers le 22 décembre 1810.
    En fait,ce n´est pas Bernadotte qui aurait du devenir futur prince héritier.C´était Eugène de Beauharnais,car c´est Napoléon qui l´avait décidé.Eugène,pour une fois avait refusé ce geste de son père adoptif,parce qu´il ne voulait pas renier sa religion,le catholicisme.Désirée et sa future femme,Joséphine de Leuchtenberg,fille de Eugène de Beauharnais feront la même chose.Quant à Jean-Baptiste Bernadotte ,il renonça au catholicisme en devenant protestant en ce 20 octobre 1810.C´est pourquoi,il a été seul à être couronné roi de Suède à Storkyrkan en mai 1818 à Stockholm et à la cathédrale Niddaros à Trondheim en Norvège en août de cette même année 1818,sans sa femme Désirée.
    C´est le lieutenant Otto Mörner qui sans l´avis du gouvernement suédois voulait Jean-Baptiste,coûte que coûte.Bernadotte avait en 1806 à Lübeck battu les Prussiens commandé par Blücher et les Suédois.Bernadotte s´était montré correct avec les prisonniers suédois et notamment les officiers dont l´un était un parent de Otto Mörner.Et c´est comme cela que Bernadotte a été choisi au parlement suédois en août 1810.On voulait éviter des problèmes avec Napoléon qui était le grand maître de l´Europe et c´est pour cela qu´on a préféré un Français plutôt qu´un autre prince Danois-Allemand.
    En cette fin de cette première décénie de 1800,Bernadotte n´était plus tellement bien avec Napoléon,aussi pour Napoléon,c´était une bonne raison de se séparer de lui.Par contre Napoléon croyait que Bernadotte aurait ramené la Suède dans le camp des Français,ce qui fut totalement le contraire.
    Bernadotte ne remit jamais les pieds en France,participant aux guerres contre Napoléon d´assez loin.Lors de la défaite de Waterloo et avec l´invasion de la France,il resta aux abords de la ville de Liège avec les troupes suédoises sans aller en France.Cela aurait été mal apprécié des Français.Il faut dire que si Gustave III était un grand francophile ,son fils Gustave IV ,le roi malheureux,l´était aussi,mais il détestait Napoléon.
    Devenu prince héritier,en 1812,Jean-Baptiste fit prisonnier des soldats français et italiens revenant de la campagne de Russie qui avaient traversé le territoire suédois de Poméranie ( au nord de Berlin) qu´il utilisa pour prendre la Norvège.Ces soldats formèrent un régiment nommé ”Royal Suédois ” moins bien connu que le premier Royal Suédois que Axel von Fersen commanda comme dernier colonel jusqu´en 1793 où le régiment devint le 86 ème RI à Valenciennes à cause des lois de la révolution française.
    Voilà tout ce que je pouvais dire du premier des Bernadotte qui ne parla jamais suédois,s´exprimant qu´en français,sinon,il y a encore beaucoup de choses à dire à son sujet .

  2. frigoscope

    Bien Jean-Pierre. Tu sais que dans le nouveau numéro du FRANCOFIL’ il y a le premier épisode de l’arrivée de Bernadotte en Suède et qu’ils doivent nous raconter l’histoire pendant toute l’année, d’après ce que j’ai compris.