En Suède, quand la grande muette s’exprime, c’est surtout pour demander de la rallonge. Et plus les arguments sont alarmistes, plus ça a des chances d’être écouté. Ainsi le chef d’état major, le général Sverker Göransson déclare qu’après les coupes claires opérées ces dernières années dans la défense nationale, les forces armées suédoises ne tiendraient pas plus d’une semaine face à une attaque en règle du royaume, et notamment sur deux fronts, par exemple.
La neutralité a ses avantages et ses inconvénients. La Suède s’appuie aujourd’hui sur une politique de non alignement militaire après avoir mené mordicus une politique de non-alliance en temps de paix et de neutralité en cas de guerre. Des pays nordiques, le Danemark, la Norvège et l’Islande appartiennent à l’OTAN. La Finlande et la Suède militairement « neutres » n’en font pas partie, même si la Suède coopère avec l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord dans le cadre du PPP (Partenariat pour la paix).
La participation de la Suède à l’opération libyenne en 2011, Unified Protector, pour imposer une zone d’exclusion aérienne sous le commandement de l’Alliance atlantique a bien évidemment relancé la question de l’appartenance ou non de la Suède à l’OTAN. C’est difficile de revenir sur un principe qui remonte à… Bernadotte, Charles XIV Jean.
Depuis la Seconde guerre mondiale, la Suède a procédé à des ajustements pragmatiques à son principe. Il ne fait en effet aucun doute que la Suède et l’OTAN ont « entretenu » des relations très étroites durant la guerre froide, mais aussi après, avec des missions secrètes de reconnaissance, de transport d’agents et autres. Depuis son entrée dans la famille européenne en 1995, la neutralité est devenue « active ».
Le royaume admet que le traité de Lisbonne lui permet de ne pas rester passif en cas d’agression contre un État de l’UE. À charge de revanche, les Suédois s’attendent à un renvoi d’ascenseur. C’est une entorse énorme à la légendaire neutralité. Le coup de semonce du patron des armées n’est pas innocent. Il veut certes plus de moyens pour assurer la défense du pays, mais prône surtout sans la nommer une adhésion à l’OTAN. Carl Bildt, actuel ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre en rêve depuis toujours.
Et pourquoi pas ? La moulinette de la mondialisation aura raison des toutes les dérogations, exceptions et autres singularités qui faisaient l’originalité du modèle scandinave