D’humeur racée
L’apartheid au septentrion ? Vous plaisantez… Que nenni ! Des passagers en partance pour les îles d’Åland (archipel appartenant à la Finlande) à partir de la gare routière de Stockholm se sont vus séparés en deux groupes dans les autobus qui les amenaient au port de Grisslehamn pour prendre le ferry : un bus pour ceux qui avaient le look « scandinave » et un autre pour les « autres ». La compagnie scandinave People Travel Group qui appartient à Veolia Transport Service détenu lui-même par le groupe français Veolia Environnement se défend d’avoir voulu procéder à une catégorisation. Seul le chauffeur aurait été responsable de ce délit de faciès. Les discriminés étaient un peu surpris d’autant que la plupart avaient une carte d’identité suédoise mais n’étaient apparemment pas suffisamment de bons aryens aux yeux du kapo de service ! L’incroyable dans cette histoire réside certes dans le fait que le chauffeur ait procédé à cette sélection raciste mais surtout qu’il ait pu le faire en imaginant pouvoir jouir d’une totale impunité !
D’humeur ladre
La générosité des services sociaux en Suède est très largement usurpée. Ainsi, une femme de 63 ans qui bénéficiait d’une aide sociale légale de quelque 920 euros par mois et qui avait gagné 3 600 euros à la loterie, mais qui avait oublié de les déclarer aux services sociaux va se retrouver au tribunal pour infraction à l’allocation. Elle encourt une peine maximale de 2 ans d’emprisonnement. Faire confiance à la chance au royaume du bien être social comporte des risques !
D’humeur dégooglisée
L’Institut suédois de dialectologie, d’onomastique et d’études folkloriques (ouf !) et le seigneur des moteurs de recherches Google ne sont plus sur la même longueur d’onde depuis que l’institution suédoise a décidé de retirer de sa liste de néologismes (qu’elle publie tous les ans) le mot ogooglebar, c’est-à-dire ingooglable en bon français. Ogooglebar signifie en gros pour les Suédois ce qu’il est impossible de trouver sur Internet via un moteur de recherche. Il y a déjà des années que googla, googler (lancer une recherche sur un moteur de recherche), est devenu un verbe et a sa place dans l’encyclopédie suédoise.
Néologiser est presque une seconde nature chez les Suédois et, à ce titre, avaient créer ce mot d’ingooglable. Mal leur en pris, ces naïfs ne connaissaient pas le procédurier Google qui exigeait qu’une mention légale rappelât que la marque est protégée et surtout qu’on n’englobât pas tous les moteurs de recherche dans la définition, mais uniquement Google. Les linguistes de la Commission de néologie ont tranché : « Pas question de céder au chantage. Google n’a pas le monopole de la langue, on retire ce mot des nouvelles locutions néologiques ! ». Na ! C’est qu’il ne faut pas trop les chercher les Svensson, ils peuvent se rebiffer et mordre. L’académie suédoise est aussi dans les starting-blocks pour répondre à l’impétrant. On leur suggère de dire dans un langage peu académique qui pourrait devenir un nouveau néologisme suédois : « Ta gueule Google ! »
VIVE LA SUEDE /MARS 2013 : LA REVUE PRESSE-CITRON DE JEAN-PAUL POURON.
Le congé parental suédois reste indubitablement un modèle du genre : 480 jours, soit 16 mois ! 60 jours étant réservés à la mère et 60 au père, le reste étant librement à la disposition des deux parents. 13 mois à 80 % des revenus et 3 mois au taux des indemnités journalières. En outre, les pères ont droit à 10 jours de congés rémunérés à la naissance de leur(s) enfant(s). Sans oublier l’élément central et déterminant de cette mesure sans laquelle elle ne vaudrait pas tripette : la garantie de retrouver son emploi après le congé.
Aux dernières nouvelles, les pères prendraient de plus en plus de congé parental (les mères assument encore tout de même les trois quarts de la période). C’est une tendance durable qui tend à progresser régulièrement depuis une quinzaine d’années et notamment dans les grandes zones urbaines du royaume. Au vu du nombre d’hommes attelés à des landaus et des poussettes, le portable scotché à l’oreille à Stockholm, on confirme que le mouvement s’étend et que le féminisme made in Suède a gagné là l’une de ses plus grandes victoires, celle de faire participer activement les hommes à l’éveil de leur enfant.