VIVE LA SUEDE 15/04/2013: LES HUMEURS DE JPP 🙂

D’humeur constellée

Envie d’aller faire un saut en Suède cet été ? Bienvenue au nouveau firmament culinaire… royaume décrété gastronomique par le ministre de l’agriculture ! Boostée sans doute par l’appellation, la « haute cuisine » suédoise s’est enrichie de nouveaux étoilés au Michelin Hotels and Restaurants – Main Cities of Europe, comme s’appelle le Guide rouge Michelin des pays nordiques.

À Stockholm, le Gastrologik et l’Ekstedt sont désormais stellaires. Six restaurants ont une étoile : le Mathias Dahlgren Matbaren, l’Esperanto, le Fredsgatan 12, le Lux Stockholm et les deux nouveaux promus. Deux restaurants ont deux étoiles : Le Mathias Dahlgren Matsalen et le Frantzén/Lindeberg.

À Göteborg, cinq restos ont une étoile : le Fond, le 28 +, le Thörnströms kök, le Kock & Vin (notez le jeu de mots !) et le Sjömagasinet qui avait perdu son astre et qui l’a retrouvé.

Parmi les étoiles montantes, on trouve pour 2013, un restaurant à Stockholm, l’Operakällaren et un autre à Göteborg, le Bhoga.

Pour les Bib Gourmand (une bouffe sans se ruiner), huit gargotes à Stockholm : le Pubologi, la Brasserie Bobonne, le Rolf’s kök, le Den Gyldene Freden (là où se retrouve l’académie suédoise des Lettres tous les jeudis), le Ulla Windbladh, le Proviant, le Sjögräss et le EAT. À Göteborg, le Familjen.

Toujours pas de trois étoiles en vue… À signaler que bon nombre de ces restos sont fermés le dimanche… et durant les vacances ! Ça ne compte pas dans l’appréciation des inspecteurs du Michelin ?

D’humeur historico-facho

Per Engdahl. Ça vous dit quelque chose ? Non, je comprends. Ça n’évoque pas grand-chose non plus pour les Suédois, alors… Et pourtant ! Le personnage est intimement lié à l’histoire du fascisme et du nazisme en Suède. Per Engdahl a en effet été le chef de file du pro et du néonazisme pendant et après la Seconde guerre mondiale. Il crée notamment en 1941 le mouvement fasciste, « Nysvenska rörelsen », la Nouvelle Suède, puis en 1951, avec, entre autres le Français Maurice Bardèche, fasciste négationniste, le Mouvement social européen. Pourquoi ressort-on Per Engdahl de la naphtaline ? En partie, parce qu’il était un proche d’Ingvar Kamprad, le roi de l’emballage à plat, on a nommé : IKEA, et aussi parce que certains tiennent à faire toute la lumière sur ces mouvements que les politiques ont systématiquement mis en veilleuse, préférant mettre en avant les images vertueuses d’une Suède ouverte, consensuelle, solidaire, anti-raciste et égalitaire.

C’est ainsi grâce au livre de la journaliste suédoise Elisabeth Åsbrink, « Och i Wienerwald står träden kvar » (Et les arbres restent debout à Wienerwald) publié en 2011 que sera confirmé l’appartenance d’Ingvar Kamprad à des groupuscules d’extrême droite durant la Seconde guerre mondiale (et notamment au Rassemblement socialiste suédois [SSS], membre numéro 4014) et le rôle qu’a joué Per Engdahl dans sa vie. Le patron d’IKEA n’a jamais renié le leader fasciste (décédé en 1994) qu’il considère toujours comme une personnalité marquante et qu’il avait même invité à son premier mariage en 1950.

Autre contribution à l’éclairage du fascisme dans les pays nordiques, le nouveau livre du norvégien Øyvind Strømmen « Den sorte tråden » (Le fil noir) qui revient lui sur l’idéologie colportée par Per Engdahl qui aurait inspiré Anders Behring Breivik, l’auteur de la tuerie d’Utøya en Norvège.

Per Engdahl et Sven Olof Lindholm (leader nazi suédois) ont largement contribué à la propagation d’idées fascistes et nazies : pas de mélange ethniques, en faveur de l’eugénisme, antisémitisme compulsif, pas d’immigration de juifs en Suède, éviction des juifs des postes clés, etc., etc. Ces propagateurs ne sont plus (S. O. Lindholm est décédé en 1998) mais leurs idées leur survivent, il suffit de dévider l’écheveau. Les mouvements d’extrême droite d’aujourd’hui s’en inspirent et les adaptent à l’air du temps, les historiens les décortiquent et découvrent. La neutralité de la Suède à cet égard est une farce.

D’humeur retraitée

Alors qu’on se crêpe le chignon en France pour savoir si la retraite se mérite à 60 ou 62 ans, en Suède, une commission chargée de statuer sur l’âge et le financement des pensions dans les années à venir vient de rendre sa copie. Le régime restera flexible mais l’allongement de la durée du travail est inévitable. L’âge légal passera de 65 à 66 ans en 2019, à 67 ans en 2022 et à 68 ans en 2034. Dès 2015, les candidats à la retraite pourront la prendre (avec une grosse décote) à 62 ans (au lieu de 61 actuellement) et à partir de 2019, cela passera à 63 ans. On pourra travailler jusqu’à 69 ans (au lieu de 67 aujourd’hui). En outre, ceux qui pouvaient bénéficier d’une retraite à partir de 55 ans devront attendre 62 ans pour faire valoir leurs droits. Une annonce qui n’a nullement fait réagir le Suédois moyen !

Il y a une cinquantaine d’années, l’âge légal de la retraite en Suède était fixé à 67,5 ans, personne ne s’en plaignait non plus.

D’humeur carnée

À force de nous faire bouffer du cheval à toutes les sauces, ils vont finir par nous faire tourner en bourrique ! Pas un jour en Suède sans la révélation d’un scandale alimentaire. Présence de cheval dans des lots de viande de bœuf, du saucisson halal au porc, du filet de bœuf hippophagique, des baies congelées recélant de l’hépatite A, etc… Mais c’est chez IKEA que culmine la tricherie : du porc dans de la lasagne à l’élan, du cheval dans des boulettes de viande pur bœuf, encore du mustang dans des saucisses pur porc et des matières fécales dans des tartes aux amandes ! Ça fait beaucoup pour une seule entreprise qui ne semble pas trop à cheval sur les principes. On n’ose imaginer le nombre de saloperies chimiques que doit contenir le mobilier vendu par la firme et dont leur révélation aurait un impact autrement plus explosif et douloureux que celle des tromperies à la viande d’ongulé.

D’humeur mensurée

La com’ racoleuse a ses limites, la marque de lingerie Change vient d’en faire les frais. C’est à Sundsvall, à 500 km au nord de Stockholm sur les bords de la Baltique que le patron de la boutique n’avait rien trouvé de mieux que d’obliger les vendeuses à porter un badge avec leur nom et la taille de leur soutif. Une mesure nullement du goût de toutes. L’une d’entre elles a traîné le « créatif » devant les Prud’hommes. Dispositif discriminatoire a jugé le tribunal. 6 000 euros pour la plaignante et 45 000 euros de frais de justice pour la bonneterie ! La traçabilité n’est pas uniquement une affaire d’étiquette. Les gros bonnets de la lingerie feront désormais plus dans la dentelle !