STOCKHOLM (Reuters) – La Suède a connu mercredi soir une quatrième nuit de violences dans des quartiers défavorisées de la banlieue de Stockholm, avec incendies de voitures, bris de vitres et jets de pierre par des groupes de jeunes.
Malgré l’appel au calme lancé par le Premier ministre, les émeutiers sont à nouveau sortis dès la tombée de la nuit mercredi, les violences se déplaçant de Husby, au nord de Stockholm, vers le sud.
Le feu a été mis à un commissariat de police à Ragsved, dans la banlieue sud de Stockholm, a annoncé la presse locale. Il n’y a pas eu de blessés et le feu a pu être rapidement éteint.
A Hagsätra, un autre quartier du sud de Stockholm, une cinquantaine de jeunes ont lancé des pierres à la police et brisé des vitres, pour ensuite s’éparpiller dans différentes directions, raconte Selcuk Ceken, qui travaille dans centre pour jeunes. Les jeunes avaient une vingtaine d’années et semblaient bien organisés, ajoute-t-il.
« Il est difficile de dire pourquoi ils font ça », dit-il. « Peut-être en veulent-ils à la loi et aux forces de l’ordre, peut-être est-ce de la colère pour leur situation personnelle, comme le chômage ou parce qu’ils n’ont pas d’endroit pour vivre. »
Rouzbeh Djalaie, du journal local Norra Sidan, qui couvre Husby, signale les contrôles d’identité à répétition auxquels sont soumis les jeunes.
Des violences ont également eu lieu dans le sud du pays. A Malmö, deux voitures ont été incendiées, a annoncé la police.
Au total en quatre nuits, des magasins, des écoles, une commissariat de police et un centre culturel ont subi des dégâts. Un policier a été blessé dans les dernières violences et cinq personnes ont été arrêtées pour tentative d’incendie.
Les émeutes semblent avoir été déclenchées par la mort d’un homme de 69 ans dans la banlieue d’Husby, tué par la police alors qu’il brandissait une machette, ce qui a déclenché des accusations de brutalité policière. Les troubles se sont ensuite étendus de Husby, où vivent de nombreux immigrés, à d’autres banlieues pauvres de Stockholm.
VOITURES EN FEU
« On a une société qui devient de plus en plus divisée et où le fossé se creuse, à la fois socialement et économiquement », commente Rami Al-khamisi, co-fondateur de Megafonen, un groupe qui milite pour le changement social dans les banlieues.
Les émeutes sont pour l’instant moins graves que celles des deux derniers étés au Royaume-Uni et en France mais sont là pour rappeler que même dans des lieux moins touchés par la crise financière que la Grèce ou l’Espagne, les pauvres et en particuliers les immigrés, ressentent durement les politiques d’austérité.
Les images de voitures en feu diffusées par les télévisions sont un choc pour la Suède, réputée pour sa politique de justice sociale ainsi que pour son hospitalité envers les réfugiés.
« Je comprends pourquoi beaucoup de gens qui vivent dans ces banlieues et à Husby sont inquiets, en colère et préoccupés », a déclaré la ministre de la Justice Beatrice Ask. « L’exclusion sociale est une cause très importante de nombreux problèmes. Nous comprenons cela. »
Après des décennies de « modèle suédois » fondé sur un Etat providence généreux, le rôle de l’Etat en Suède a fortement diminué depuis les années 1990, entraînant la hausse des inégalités la plus forte de tous les pays membres de l’OCDE.
Près de 15% de la population suédoise est d’origine étrangère – la proportion la plus élevée de tous les pays scandinaves. Le taux de chômage touchant cette population est de 16%, contre 6% pour les Suédois « de souche », selon les chiffres de l’OCDE.
Le journal de gauche Aftonbladet qualifie « d’échec cuisant » les politiques gouvernementales, qui ont dit-il soutenu le développement des ghettos dans les banlieues.
Signe des tensions croissantes, un parti anti-immigration, les Démocrates suédois, pointe en troisième place dans les sondages en vue des élections législatives de l’an prochain.
« Nous n’avons pas réussi à donner un espoir à bon nombre de personnes qui vivent en banlieue, » a déclaré au journal Svenska Dagbladet Anna-Margrethe Livh, membre du Parti de gauche (opposition).
Clémence Apetogbor et Danielle Rouquié pour le service français
Non, Stockholm ne brûle pas mais juste un « modèle » social et autre qui ne fonctionne plus ! (tiens ca ne vous fait pas penser à des situations similaires en Europe 😉
Les 2 seules réactions intelligentes aux événements de ces derniers jours, c’est celle de Jenny Andersson, chercheuse au CNRS et aux Centre d’études européennes de Sciences Po… a lre sur le site de France 24 ici: http://www.france24.com/fr/20130522-emeutes-stockholm-modele-suedois-integration-racisme-extreme-droite
et celle de Catherine Bernard, qui a longtemps vécu dans ces latitudes sur le site de slate.fr ici http://www.slate.fr/story/73037/suede-modele