Les Humeurs de JPP/Octobre 2013
D’humeur hypothéquée…
Faire parler les chiffres est un art que maîtrise parfaitement le monde de la finance. Même s’ils peuvent sembler totalement farfelus (les chiffres), leurs retombées n’en sont que plus juteuses ! Ainsi, la durée moyenne de remboursement d’un prêt immobilier en Suède s’élève à 140 ans ! Si, si, vous avez bien lu : 140 ans.
Le prêt in fine, largement pratiqué en Suède, est un crédit d’un type bien particulier. Le mécanisme en est simple : l’emprunteur ne rembourse que les intérêts du capital initialement souscrit et rembourse le capital emprunté en une seule fois (in fine) à la fin du prêt. Plus avantageux pour les banques que les taux amortissables, cette formule comporte toutefois un loup. Les banques ne peuvent pas récupérées les montants prêtés avant l’échéance finale. On ne peut pas tout avoir.
Actuellement, plus de 60 % des emprunteurs suédois ne versent que les intérêts aux banques. Et dire qu’il y a encore une trentaine d’années, pratiquement personne (à part les propriétaires de pavillons, en gros) n’avait même l’idée de devenir copropriétaire ! Les temps changent…
La formule du prêt in fine a dopé l’accession à la propriété et donc l’endettement des ménages tout en bénéficiant grassement aux banques. Fin 1990, une bulle immobilière éclatait avec comme conséquences directes, une remise à plat des finances publiques, une mise en place de réformes structurelles musclées et un tour de vis sensible pour tout le monde. 2014, une nouvelle bulle immobilière a regrossi au point qu’un nouvel éclatement n’est pas écarté. Malgré des mesures de régulation prises en 2010 (hypothèques à 85 % de la valeur du bien donné en garantie), la croissance du crédit reste une question particulièrement récurrente dans le royaume. La Banque de Suède s’inquiète, le ministre des phynances aussi, et même le FMI et la Commission européenne y vont de leur couplet.
Il n’y a pas encore péril en la demeure, il ne faudrait pas toutefois que les soubresauts de la crise donnent réellement le hoquet à l’économie suédoise !
D’humeur Saabasourdie…
On nous avait dit, Saab, c’est terminé, plié, ils ont mis la clef sous la porte et elle n’est pas prête de se rouvrir. Nous, crédules, on croit à ce qu’on nous dit. Tout faux ! Les chaînes de Saab, qui appartiennent désormais à NEVS (National Electric Vehicle Sweden.), se sont récemment remises à produire des modèles 9-3 (modèle obsolète. Faut-il leur dire ?). L’usine de Trollhättan va-t-elle revivre tel le phénix (son blason) de ses cendres ? Les spécialistes sont dubitatifs… Les thuriféraires jubilent, le monde de l’automobile tempère. À suivre…
D’humeur romniprésente…
Le débat sur les Roms bat son plein en Europe, tant en France qu’en Suède, mais pas forcément pour les mêmes raisons… Les Suédois viennent de découvrir que leur police a procédé au fichage de Roms. 4 000 d’iceux figurent sur une liste (totalement illégale) où l’on trouve pêle-mêle, des enfants, des Roms sans antécédents judiciaires, des personnalités roms, des criminels potentiels et autres Roms lambda… Ils ont appris par la même occasion que les tziganes étaient encartés depuis les années 1920, date de la mise en place de l’Institut de biologie raciale d’Uppsala, et ce jusqu’en 1996 ! Entre ça et l’eugénisme qui a fait ses ravages jusqu’en 1976, la Suède fait très fort dans la sélection raciale !
Ce sont des policiers du sud de la Suède, du commissariat de Lund, qui ont établi des fichiers qui recensent des « gens du voyage » supposés faire l’objet d’une enquête judiciaire (des enfants de deux ans figurent dans ces fichiers. De la graine de criminel sans doute !). Il va sans dire que l’affaire éclabousse la Suède droit-de-l’hommisme, terre d’asile et modèle des modèles. Ministres et responsables politiques y sont allés de leurs couplets d’excuses et d’amende honorable jurant ne pas comprendre ce qui s’était passé. Comme si la Suède était capable d’une telle ignominie ! Et pourtant, il suffit de rouvrir les livres d’histoire pour s’apercevoir que le fichage des tziganes était monnaie courante dans le royaume depuis la création de l’Institut de biologie raciale en 1922. Avec celui des Sami, des Finlandais et même des Juifs, sans compter les Suédois classés A et les autres, moins bons aryens que les autres… Ah ! Pourquoi faire resurgir le passé dirons certains ! Pour que cela ne se reproduise pas. La preuve ! Le Rom service laisse à désirer !