La Suède est fantastique ! Chaque mois la revue presse-citron par Jean-Paul Pouron, correspondant de Radio France en Scandinavie.
D’humeur belliqueuse
L’armée suédoise ira-t-elle jusqu’à s’amputer comme l’envisage le haut commandement d’icelle ? Ce serait l’infanterie qui devrait à terme faire les frais d’une sérieuse coupe claire dans les rangs des troupes, au point que cette arme pourrait même disparaître corps et biens, au profit de l’air et de la marine. Plus de biffins… Rompez les rangs ! Encore un modèle en devenir pour les autres armées ?
Le projet, comme on peut l’imaginer, divise. Trop angélique braillent les thuriféraires d’une présence militaire de proximité ; c’est exactement ce qu’il faut faire rétorquent les partisans d’une défense aux frontières. Qu’en dit le plus haut gradé de l’armée suédoise, son excellence Charles XVI Gustav ? Et est-ce que l’infante rit ?
Pour ce qui du matériel militaire (la Suède est 9e marchand d’armes au monde), la direction suédoise de l’armement (FMV) en veut à l’Allemagne, ou du moins à ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), gros leader du secteur naval européen (civil et défense), de tout faire pour empêcher sa filiale suédoise Kockums de présenter une offre d’achat de sous-marin à Singapour. La ville-État et la Suède entretiennent depuis des lustres des relations privilégiées en matière de vente d’armes. Même problématique avec l’Australie où Kockums s’apprêtait à négocier un gros contrat de vente de sous-marins avec les Kiwis. Dans les deux cas, TKMS a littéralement torpillé sa filiale pour mieux la couler !
D’humeur pâtissière
Le chef de file de la droite extrême en Suède, Jimmie Åkesson, a rejoint la longue liste des entartés. Il s’est en effet pris un gros gâteau crémeux en pleine poire lors d’une séance de signature de son livre. Un livre dont il a piteusement avoué ne pas savoir prononcer le titre en latin Satis Polito (Raisonnablement poli). De là à dire qu’il n’a pas écrit le livre serait sans doute aller un peu vite en besogne, disons que pour le titre, il en a perdu son latin ! C’est une sexagénaire, apparemment bien sous tous rapports, qui revendique haut et fort qu’elle n’aime pas les néonazis, qui lui a flanqué la tarte à la crème à la figure. L’incident a inspiré un dessinateur.
Pastiche de l’album Tintin au Congo. Jimmie à Sofo (quartier bobo de la capitale suédoise) où l’on voit l’entarté faisant la tournée des librairies pour la signature de son bouquin.
D’humeur solliciteuse
Toujours au chapitre de la droite extrême, le parti de Jimmie Åkesson, Les démocrates de Suède, ne veut pas que les étrangers (lire les Roms) fassent la manche dans le royaume. Que les Suédois mendient ne dérangent pas le parti, mais que les Tziganes s’y adonnent de manière « professionnelle » gêne aux entournures les âmes sensibles des leaders néodémocrates. Ils proposent que les mendiants des Balkans soient reconduits à la frontière avec une interdiction longue, très longue de se repointer dans le royaume. Les démocrates de Suède ne brillent malheureusement pas par leur originalité en la matière !
D’humeur dégraissée
On nous rabat les oreilles de l’insolente santé de l’économie suédoise. Mais nous dit-on tout ? Volvo (poids lourds et bus) et Electrolux (électroménager), deux fleurons de l’industrie suédoise signalent qu’ils vont procéder à un dégraissage massif : 2 000 préavis de licenciement chacun. 2 % de l’effectif pour Volvo et 3 % pour Electrolux. Il paraît que l’on ne consomme pas suffisamment ! Allez… un effort, que diantre !
D’humeur zoophile !
À l’instar de la France, il n’existe pas de loi en Suède qui interdise la zoophilie. Le gouvernement suédois a décidé de mettre fin à ce vide juridique sur la bestialité en légiférant pour une interdiction à compter du 1er avril prochain. Les animaux étaient certes protégés, contre les mauvais traitements ou les déviances sexuelles, mais une loi a au moins l’avantage de ne plus laisser place aux éventuelles interprétations. Deux ans de prison maximum pour une relation sexuelle avec un animal, sensiblement la même peine que pour un viol ! On ne va pas chercher la petite bête !
D’humeur sur le retour
Au secours, ABBA revient ! C’est du moins ce qu’a annoncé Agnetha Fältskog à un media allemand. ABBA ferait son retour à l’occasion du 40e anniversaire de leur premier tube Waterloo. Le groupe avait en effet remporté l’Eurovision de la chanson 1974 avec ce morceau. Encore une opération marketing menée de haut vol (si l’info est vraie ?) après l’ouverture du musée éponyme cette année à Stockholm. Les cash-machines savent décidemment y faire bien qu’ils n’aient rien produit depuis 1982 !
D’humeur timbrée
Fin mars 2014, les thuriféraires de Zlatan Ibrahimović pourront, au sens figuré du terme, le lécher ! En effet, la Poste suédoise émettra alors une série de timbres à l’effigie du footballeur suédois. Belle opération marketing en devenir pour la Poste et les philatélistes ! N’était-ce pas le but avec Ibra !
D’humeur permissive
Le modèle d’éducation suédois serait-il aussi performant qu’on ait voulu nous le faire croire ? Non, prétend David Eberhard, psychiatre suédois qui vient de publier un bouquin sur la question : « Comment les enfants ont pris le pouvoir ». La permissivité, selon lui, a entraîné une sorte de laxisme qui se traduit aujourd’hui par des gosses mal élevés qui remettent tout en question et qui, plus tard en grandissant, n’assument jamais réellement la responsabilité de leurs actes. Constat plutôt sévère que contestent bien évidemment bon nombre d’éducateurs « made in Suède ». L’enfant-roi suédois est un petit gâté qui s’ignore. Tyranniques dans certaines familles, les enfants se sont carrément substitués aux parents. Des parents qui à force de faire ami-ami avec leurs enfants ont brouillé l’image de leur rôle. L’autorité parentale en a évidemment pâti. Être le copain de ses enfants n’a jamais résolu les problèmes relationnels, c’est malheureusement souvent ce qui se passe en Suède… disons qu’au-delà des bornes, il n’y a plus de limites !
D’humeur gastronome
On ne peut pas s’empêcher de les comparer, physiquement du moins ! Oliver Hardy et Mathias Dahlgren. L’un, n’est plus à présenter, l’autre est moins connu. C’est cependant l’un des plus grands chefs suédois. Bocuse d’or en 1997, excusez du peu, il a participé à l’ouverture du F12, une étoile au Guide Michelin, puis au Bon Lloc, une étoile aussi et, depuis 2007, il dirige le Mathias Dahlgren, à savoir un concept à deux restaurants : Matsalen et Matbaren qui offrent deux facettes d’une même philosophie gastronomique. Etoilé là aussi, mais en stéréo, carrément deux étoiles ! L’acteur nous fit bien rire, le restaurateur nous fait saliver, deux talents au look qui ne passe pas inaperçu.
D’humeur cinéphile !
Où ne va pas se nicher l’originalité ? Les films X, tout le monde connaît. Et les films classés A (comme Approuvé), ça vous dit quelque chose ? C’est une invention de cinéastes féministes. S’appuyant sur le test de Bechdel (du nom de la dessinatrice américaine de BD qui « imagina » l’évaluation du taux de présence féminine dans un film), des salles de cinéma suédoises ont désormais recours à ce label pour préciser les perspectives féminines du film qu’ils présentent. Le politiquement correct a encore frappé, il reste encore 24 lettres libres à l’alphabet !
D’humeur moucharde
En révélant le scandale des écoutes téléphoniques pratiquées par la NSA américaine, Edward Snowden a foutu le feu à la planète. Dont acte. Tous les pays concernés y sont allés de leur couplet offensé : pratiques inacceptables, atteintes intolérables aux libertés publiques et individuelles, etc., etc… touchant d’indignation ! Tous les pays… sauf, sauf… la Suède !
Il a fallu attendre les révélations d’un journaliste britannique du Guardian pour que l’on sache que les grandes oreilles suédoises (FRA) collaboraient intensément depuis quelques années avec LE service d’interception des communications occidental britannique, le GCHQ. Silence radio des autorités suédoises qui partagent depuis des lustres le renseignement rapproché avec notamment les Anglais et donc les Américains et tout ce que la planète compte de « démocraties ». Une collaboration qui remonte en réalité à la guerre froide. La Suède est bien placée pour écouter le flot d’informations qui passe par les câbles immergés dans la Baltique en provenance de l’Est. De plus, une loi adoptée en 2008 permet de manière tout à fait légale de recueillir des données Internet et téléphoniques transmises par des câbles à fibre optiques. D’où la surdité du gouvernement… et de l’opposition, à l’écoute de la paix du citoyen !