DERNIERE MINUTE : Côté musique, dès ce mois d’avril, du 16 au 20, vous pourrez aller au Festival Panoramas de Morlaix… Et puis en juillet prochain, du 17 au 20, ce sera le rendez-vous incontournable de la scène musicale internationale : le Festival des Vieilles Charrues de Carhaix…
En Suède, tout le monde connait le bouquin de Bodil Malmsten « Priset pa vatten i Finistere » (Le prix de l’eau en Finistère). Il n’est pas traduit en français. C’est peut-être mieux ainsi ! Il ne parle ni du prix de l’eau, ni du prix de l’électricité, ni de celui du vent… qui a soufflé fort cet hiver dans le Finistère ! Mais il parle un peu du Finistère et beaucoup d’identité…
C’est juste le voyage d’une femme de 50 ans qui veut faire un break, casser des habitudes et retrouver sa liberté. Un roman autobiographique à la manière d’un road-book… au fil de l’eau !
Et à sa manière, avec humeur, humour et amour, Malmsten nous dit avoir trouvé sa place sur terre ! : « Tout au bout du monde… On a tous une oasis pour soi quelque part sur terre…! » Et pour elle, ce fut le Finistère (Ca tombe bien Finistère se dit Penn ar Bed en breton qui veut dire au bout du monde) !
Et alors, elle parle de ce territoire et de ses habitants qui essaient de trouver leur place à la pointe de cette Bretagne. De ce foisonnement d’activités, de productions, de créations culturelles pour faire exister cette identité bretonne que chaque breton, surtout les jeunes, tiennent à bâtir pour pouvoir rester vivre, travailler chez eux, sur leur terre.
D’après un sondage réalisé en 2010, 69 % des Bretons se disent « très attachés » à leur culture bretonne. Et pour les personnes sondées, la culture bretonne est majoritairement associée à la musique et aux chants, à la langue, la danse, la cuisine et la littérature.
Et oui il y a une langue bretonne, des journaux et éditeurs, des télés bretonnes et une production vidéo, un cinéma , des radios bretonnes, des entreprises de nouvelles technologies, des industries qui ont su s’adapter (automobile et sous-traitants –voir notre reportage de l’été dernier-, prêt-à-porter, faïence, broderie…), des lieux de programmation et de spectacle vivant, des festivals, tout une filière qui comprend un socle de compétences et de savoir-faire.
Côté musique : dès ce mois d’avril, du 16 au 20, vous pourrez aller au Festival Panoramas de Morlaix, événement musical qui ouvre, chaque année, la saison des festivals d’été. C’est l’équivalent du Roskilde danois dans le Finistère nord. « Depuis 1998, nous accueillons de grands noms du rock indépendant (électro, rock, hip-hop…) et le festival s’est fait une place de choix dans le paysage musical hexagonal » nous dit Camille Thomas, responsable de l’Association Wart qui le programme. Lire plus ici www.festivalpanoramas.com
Et puis en juillet prochain, du 17 au 20, ce sera le rendez-vous incontournable de la scène musicale internationale : le Festival des Vieilles Charrues de Carhaix. C’est une référence mondiale tant pour les artistes qui s’y produisent que pour la dynamique culturelle qu’il entraîne. Le Festival des Vieilles Charrues se positionne tant en termes de fréquentation que de CA (212.000 entrées pour 11 M d€) à la première place du classement des festivals de musique en France. « Et cette année nous pouvons déjà annoncer les participations d’ Elton John, Franz Ferdinand, Stromae, Vanessa Paradis, Fauve, Indochine et notre programmation n’est pas terminée… » précise Jérôme Morel, l’un des responsables du Festival. Des têtes d’affiches internationales pour un événement qui n’était à ses débuts, en 1992, qu’une joyeuse fête communale. Suite de la programmation ici sur www.vieillescharrues.asso.fr
Côté musique toujours, de nombreux labels viennent enrichir le catalogue breton et le valoriser à l’étranger. On a noté la percée internationale du label breton Last Exit Records, producteur, éditeur de musique, organisateur de concerts dans le monde très concurrencé de la publicité et du cinéma. Keltia Musique, le 1er label indépendant de production et de distribution de musique celtique en France créée en 1978 a su s’adapter aux évolutions technologiques, numériques du secteur tout en cultivant fièrement son identité. Aujourd’hui il peut compter dans son catalogue à la fois le breton Dan Ar Braz, la canadienne Loreena McKennitt et la chanteuse irlandaise Sinnead O’Connor … et aussi Oz Production dans le Finistère Sud, autre label indépendant de production discographique. . Et les trois directeurs/ managers, Damien Litaud, Alain Le Meur et Gilles Lozac sont fiers de l’identité de leurs labels.
A cela s’ajoutent les initiatives de nombreux acteurs culturels impliqués dans des projets européens comme Le Fourneau (Centre national des Arts de la Rue) ou bien encore le Collectif Tomahawk qui travaille au plus près des artistes émergents en leur offrant des moyens de s’exprimer via l’échange de compétences comme la mise en réseau de productions de « musiciens qui ont adopté notre devise -être dans le vent est juste une ambition de feuille morte !- » s’amuse à nous répéter Jean-Christophe Klotz, le responsable du collectif.
Côté cinéma, le Festival européen du film court de Brest, le 2eme festival de cinéma dédié au court-métrage avec, en 2013, plus de 200 films de 30 pays et 30.000 spectateurs. « Chaque année, au mois de novembre, depuis 1987 et pendant six jours, Brest œuvre au développement de la diffusion du cinéma en Bretagne et à l’éducation à l’image, notamment auprès du jeune public et devient la capitale européenne du court métrage » nous précise Fabienne Wipf, l’une des responsables de la programmation.
Le festival de cinéma de Douarnenez créé en 1978 le festival de cinéma des minorités. Chaque année ce festival met à l’honneur une langue ou un peuple. Les Indiens, les Inuits, les Lapons, les Roms, Tsiganes et gens du voyage ont été des thématiques abordées précédemment. « La destination de cette 37è édition, du 22 au 30 août 2014, sera l’Archipel indonésien à cheval sur 2 continents, l’Asie et l’Océanie ainsi que le Timor et la Papouasie-Nouvelle Guinée… » nous apprend Eric Premel, son directeur. Documentaires et films de fiction : ouvrez grand les yeux sur la programmation dès maintenant sur www.festival-douarnenez.com
Enfin il faut connaître Le Groupe Ouest (Pôle européen de création cinématographique), lieu unique en France depuis huit ans, laboratoire d’images et de sons, plateforme de coaching d’écriture de scénarii visant tant dans les contenus que dans les nouvelles technologies appliquées au cinéma, à soutenir l’émergence d’un cinéma « fabriqué en Bretagne » dans une démarche de coopération européenne.
De nombreux étrangers participent par exemple aux différents projets (l’Italien Torino Films Lab, le britannique Cross Channel Film Lab, le Canadien, Festival des nouveaux cinémas à Montréal) et beaucoup de scénaristes français et étrangers sont invités à y travailler (70 scénaristes ont été accompagnés en 2013, 100 projets de films de long métrage reçus pour 2014 et 20 présélectionnés.
« Cinéma de demain, la Bretagne aux avant postes » : c’est le slogan du lancement du dernier projet Cross-Channel Film Lab 2, une plateforme de recherche commune entre l’Angleterre et la Bretagne pour les nouvelles technologies de l’image et du son appliqué au cinéma.
« Groupe Ouest, spécialisé dans le coaching de scénaristes, a fait d’un petit coin de Bretagne, un pôle européen de haut niveau dans la création cinématographique. Maintenant, il cherche des sponsors. Il est classique que les régions produisent du cinéma documentaire ou du court-métrage. Mais dès qu’on attaque le long-métrage, c’est Paris qui a la main. Tous les cerveaux sont là-bas alors qu’ailleurs en Europe le cinéma est une activité décentralisée », s’exclame Antoine Le Bos, créateur et directeur du Groupe Ouest.
[« La France est le premier pays européen en volume de films produits, en argent investi et en nombre de spectateurs. Il est essentiel que les régions jouent un rôle. L’urbain n’est pas le seul horizon possible pour l’imaginaire », poursuit Antoine Le Bos. « Le groupe Ouest fait du « coaching » de scénaristes. Il accueille des cinéastes, bretons ou d’ailleurs pour des sessions de travail dédiées à l’écriture de leurs scenarii. Entre 2013 et 2014, 14 films sont nés de cette collaboration. Ils sont sur les écrans ou leur tournage va démarrer. « L’écriture doit être notre point fort. Le cinéma indépendant doit trouver une manière de refasciner le public autant que le cinéma américain », continue Antoine Le Bos. Parmi les scénaristes « coachés » , il y a eu par exemple l’Iranien Masoud Bakschi pour son film Une famille respectable tourné dans les rues de Téhéran et en compétition à Cannes en 2012. Et c’est ici aussi que la cinéaste saoudienne Harifa Al Mansour a peaufiné le scénario de Wadjda qui lui a valu une nomination aux Oscars. Parallèlement le Groupe Ouest a noué de nombreux partenariats avec l’élite du cinéma international qui s’intéresse au cinéma en relief. « On travaille avec les équipes de Wim Wenders pour fabriquer l’avenir d’un relief européen à l’opposé de la vision américaine. On a créé aussi un projet de recherches avec les Anglais pour faire en sorte de baisser les coûts de fabrication. On peut les diviser par 10. » termine Antoine Le Bos. Le Groupe Ouest dispose d’un budget de 800.000 euros, bénéficie de financements publics et privés mais cherche aujourd’hui de nouveaux sponsors (extraits d’un entretien paru dans Le Télégramme de Brest le mois dernier.
« L’industrie culturelle contribue à la notoriété et à l’attractivité du Finistère … Les productions culturelles et créatives sont sources de richesse et de dynamisme pour le département. Elles génèrent des retombées économiques qui contribuent à l’animation des territoires et au rayonnement du département… Avec les valeurs artistiques et patrimoniales fortes qu’elles véhiculent, ces entreprises permettent la découverte de nouveaux talents et favorisent l’émergence de nouvelles créations qui contribuent au développement et à la diversité de l’offre culturelle en Finistère » écrit Pierre Maille, le Président du Conseil général du Finistère dans sa plaquette.
Bon, c’est son boulot mais il vrai que l’engagement de tous ces organisateurs qui œuvrent activement au développement du patrimoine culturel local au même titre que les grands rendez-vous cosmopolites organisés chaque année sur le territoire concourrent à la valorisation du Finistére bien au-delà de ses frontières…
La Suédoise Bodil Malmsten, entre autres, en est un bel exemple, elle qui a, un temps, « trouvé sa place ici » et y a vécu en témoin prolifique : elle a écrit cinq livres en Finistère, monté des pièces de théâtres pour la radio et la télévision suédoise et avoué qu’elle n’avait jamais été aussi productive que lorsqu’elle habitait dans le Finistère, ces dernières années. Elle a contribué, en tout cas, à faire connaître ce nom de « Finistère, vid världens ände…där jorden tar slut i Europa » dans tout le royaume.
Dans le prochain volet de notre reportage nous irons à Quimper visiter trois entreprises emblématiques de l’industrie culturelle en Finistère comme la fameuse marque de vêtements marins Armor Lux, la célèbre manufacture de faïence Henriot-Quimper et l’Ecole de Broderie d’Art de Pascal Jaouen récemment installée dans le vieux quartier historique de la ville, Locmaria, en cours de réhabilitation.