Ca a soufflé fort cet hiver dans le Finistère ! Vents violents et montée des eaux, tempêtes Ulla et Petra, inondations et crues, nombreuses victimes et gros dégâts matériels… le département a été mis en alerte rouge pendant pratiquement trois mois.
Et puis l’on a aussi entendu gronder la fronde de ces salariés, victimes de la crise qui secoue le secteur agro-alimentaire en Bretagne et qui ont manifesté, coiffés d’un bonnet rouge, symbole des colères et révoltes paysannes bretonnes…
Aujourd’hui le vent a commencé à mollir, les eaux se sont calmées et les manifestations se sont apaisées (2 milliards d’€ ont été accordés à la Bretagne par l’Etat dans le cadre d’un Pacte d’Avenir) mais le pays breton est une réalité, la spécificité bretonne toujours revendiquée, l’identité bretonne sans cesse à renouveler…!
Dans le premier volet de notre reportage nous avons vu le foisonnement des productions culturelles et créatives dans les secteurs de la musique, du cinéma, des festivals, des lieux de concerts, des medias, des nouvelles technologies… ici nous abordons plus particulièrement les entreprises et les industries d’art qui ont su s’adapter au monde moderne, comme la faïence, la broderie, l’habillement, la bonneterie… sources de richesses et d’attractivité pour le département. Tout en mettant en valeur des lieux d’histoire et de tradition comme le quartier de Locmaria dans le vieux Quimper, berceau de ces industries traditionnelles…
Locmaria, berceau des industries traditionnelles, faïence, broderie…
Objet d’un vaste projet de rénovation, le quartier historique de Locmaria à Quimper, autour du Prieuré, de l’Eglise et de ses jardins, bientôt réaménagés en hôtel privé quatre étoiles avec salle d’exposition et locaux à usage professionnels… accueille déjà les célèbres faïenceries Henriot Quimper et l’Ecole de broderie du créateur Pascal Jaouen, et devrait être le vrai pôle Art et Technique de la ville, chef lieu du département.
La faïence de Quimper ? Qui n’a jamais offert un de ces fameux bols bretons traditionnels avec anses en forme d’oreilles « peints à la main » et personnalisés au prénom de son choix ? C’est ici qu’ils se fabriquent dans les ateliers Henriot HB Quimper depuis 1930. Qui ne connait la tradition de la broderie bretonne ? Qui n’a jamais admiré ces vêtements bretons, les fameuses robes longues richement brodées ou ces hautes coiffes bigoudènes ? C’est le travail du brodeur-créateur Pascal Jaouen et de son Ecole de Broderie d’Art.
Henriot-Quimper à la reconquête des marchés
L’activité de la faïence est réellement attestée à Locmaria depuis plus de 300 ans. C’est en 1708 que deux industriels Henriot et Bousquet édifient l’une des plus importantes manufactures faïencières de France, HB-Henriot-Quimper…Un savoir faire historique, un patrimoine exceptionnel et une renommée acquise dans le monde entier, peu nombreuses sont les manufactures qui peuvent se targuer d’une telle identité. Pourtant comme tous ces vieux métiers d’art qui n’ont pas su s’adapter face à la concurrence, Henriot connait la crise dans les années 2000.
Lorsqu’en juillet 2011 un entrepreneur de la région Jean-Pierre Le Goff se porte acquéreur de la manufacture, il mise de suite sur la communion du haut de gamme, voire du hign tech et de l’authentique et associe de nombreux artistes et désigners plasticiens, français et étrangers, à son projet. Il leur propose même la résidence dans ses ateliers. « Je voulais tirer la marque vers le haut. En créant de nouveaux produits orientés haut de gamme, tout en conservant les collections traditionnelles qui représentent l’âme de la maison » précise-t-il.
Aujourd’hui Jean-Pierre Le Goff n’ a pas tout à fait gagné son pari avec un CA de 2 M d’€ dont 10% à l’export mais il a stabilisé la situation. Et surtout il a engagé un projet innovant baptisé « e-faïence », mené avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication et de la Communauté européenne, un projet de numérisation en 3D des fonds de collection destiné au public (quelques 20.000 modèles sont conservés dans les greniers illustrent l’histoire de la faïencerie pendant plus de trois siècles) avec pour objectif majeur de soutenir l’innovation dans les industries créatives.
La manufacture Henriot-Quimper, l’une des plus anciennes manufactures françaises, est un élément du tourisme industriel quimpérois avec la visite organisée de ses ateliers et magasins qui ouvrent sur la place devant la fameuse abbaye de Locmaria.
http://www.henriot-quimper.com/
Ecole de broderie de Pascal Jaouen : art, passion et patrimoine bretons !
Au même titre que la faïence, la musique ou les bigoudènes, la broderie est une composante vivante du patrimoine culturel breton. D’ailleurs il n’existe pas une broderie en Bretagne mais autant de motifs et de techniques que la région compte de terroirs. De cette extraordinaire richesse, Pascal Jouen, brodeur-créateur, originaire du pays breton, s’inspire pour ensuite laisser libre cours à sa créativité. Dans un style où s’entremêlent tradition et modernité il exerce son art avec passion et dans le souci permanent de transmettre les fils… (de soie) de son métier .
Pascal Jaouen décide en 1995 d’ouvrir son Ecole de Broderie d’art de Quimper qui de suite connait un franc succès et attire les plus grands noms de la mode. Le couturier Paco Rabanne est le parrain de l’Ecole !
La particularité de son enseignement est de revisiter la broderie traditionnelle et de la transposer sur des motifs contemporains. Il est très vite sollicité de toutes parts. Dans son pays breton bien sûr,mais également dans les plus grandes villes de France, Paris, Lyon ainsi qu’à l’étranger : présentation de pièces au Musée du Louvre, exposition à Tokyo puis au Mexique et aux Etats-Unis, création de collections et ouverture en 2011 de son premier magasin.
« Et puis nous sommes fiers de présenter nos collections. La prochaine « Gwenn ha Du» (qui veut dire noir et du blanc en breton), est une collection toute de noir et de blanc comme son nom l’indique mais laissant la place également à quelques nuances dans un écrin de beauté et d’élégance… Nous la présenterons en septembre 2014 et elle donnera l’occasion d’un spectacle itinérant dans toute la France en hommage à mon métier et ma région » nous avoue Pascal Jaouen.
http://www.ecoledebroderie.com/
ARMOR LUX, la qualité française
Enfin qui ne connait pas la fameuse marinière rayée bleu sur blanc ( (pour la petite histoire, 21 rayures qui seraient autant de victoires remportées par Napoléon !), mise en valeur par les collections du créateur de mode Jean-Paul Gaultier.. ? C’est la maison Armor Lux, à Quimper qui l’a créée et la fabrique ainsi que l’essentiel du vestiaire marin: cabans, pulls, vestes de pêcheur…
Armor Lux est le 3ème employeur privé du Finistère. La presque centenaire maison quimpéroise conçoit et commercialise des collections de prêt-à-porter qui constituent et valorisent l’ essentiel du vêtement marin. Ce savoir-faire en Bretagne a toujours séduit une clientèle attachée à la qualité, à l’innovation et à l’éthique du secteur de l’habillement. Plus qu’une marque, Armor Lux symbolise aujourd’hui la griffe d’un redressement industriel à la française, le « fabriqué en France » en perte de vitesse mais si recherché ces dernières années.
« A travers notre dernière collection Héritage , c’est un vrai hommage au patrimoine que nous lançons à travers une réédition de nos pièces emblématiques qui constrituaient l’essentiel du paquetage du matelot : l’authentique caban de marin en laine , les pulls marins, la veste de pêcheur, la vareuse, le pantalon à pont et bien sûr l’incontournable marinière… des vêtements issus de notre patrimoine maritime et qui font partie intégrante de la marque » soulignent Jean-Guy Le Floch et Marco Petrucci respectivement PDG et Directeur Export.
Armor Lux c’est 5 millions de pièces par an, plus de 50 points de vente France entière, 600 salariés pour un CA de 85 M € dont 8% à l’export (Europe et Scandinavie notamment, USA, Canada, Asie) et en projet un développement du réseau de distribution intégré à l’étranger et donc du CA à l’export.
http://www.armorlux.com/fr/
Armor Lux, Henriot-Quimper, Broderie Pascal Jouen… Il y a d’autres exemples bien sûr, c’est la vitalité bretonne, le respect des valeurs traditionnelles et la volonté d’un esprit novateur. C’est le Finistère qui se construit une identité culturelle propre et témoigne d’un dynamisme économique fort en termes de retombées directes et indirectes, un Finistère qui attire et qui exporte.
Enfin le Finistère c’est aussi des femmes et des hommes. Dans le dernier volet de notre reportage nous ferons mieux connaissance avec quelques uns d’entre eux d’entre eux comme le styliste Pascal Jouen, créateur de l’Ecole de Broderie de Quimper et Jean-Pierre Le Goff, le nouveau PDG de la faïencerie d’Henriot-Quimper bien sûr mais aussi le musicien celte Dan Ar Braz, auteur, compositeur, interprète ainsi que Marie-Louise et Jeanne, les deux dernières bigoudènes de Penmarc’h… !