A mi-chemin entre Marseille et Toulon sur le bord de mer, La Ciotat. Son vieux port et ses légendes de marins ballotés entre Mer et Terre (Medi-Terranée). La Ciotat, la Porte d’entrée du parc national des Calanques, ces criques escarpées au pied de falaises de granit qui plongent superbement dans la mer et font la beauté de cette station balnéaire… Calanques de Fuguerolles, du Muguel, Cap Canaille, Bec de l’Aigle, La pointe St Louis… (imaginez un paysage de fjords norvégiens en miniature dans un climat typiquement méditerranéen et plus de 300 jours d’ensoleillement par an !) C’est La Cité, La Ciotat en provençal.
L’industrie navale a toujours été le poumon économique de La Ciotat. Hier les chantiers navals. Aujourd’hui la navigation de plaisance.
De véritables chantiers navals s’installent au 17è siècle et prennent une dimension industrielle au 19è. Ils changent plusieurs fois de mains au cours du XXe siècle et constitueront le poumon économique de la cité jusqu’à leur fermeture au milieu des années 1980 laissant plus de 6000 emplois sur le carreau.
La ville se tourne alors vers le tourisme estival et rouvre son casino dans les années 2000. C’est aujourd’hui devenu une destination phare pour les touristes se rendant en Provence. La politique d’urbanisme de la ville en témoigne et profite de ses installations portuaires pour s’ériger en pôle d’excellence de la haute navigation de plaisance avec la construction du plus grand ascenseur à bateaux d’Europe.
La Ciotat c’est aussi ses légendes de marins au long cours, embarquant en mer et débarquant sur terre, entretenues à la Bastide Marin.
Secrets et mystères des temps passés, entre des voyages en mer et des retours sur terre, dans cette Bastide, demeure à l’architecture provençale du 17è siècle qui vient d’être classé « Monument historique », lieu écologique et bâtisse imposante, jardins magiques et savoureux dont l’histoire emporte les visiteurs aux siècles derniers … Jardin solidaire de Méditerranée et Arche de Noé, la Bastide Marin abrite les derniers survivants de la faune et la flore exotiques que les marins ramenaient avec eux de leurs lointains voyages en mer.
« Elle est composée d’une Maison de Maître, d’une ferme, d’une cour avec puits et d’un écrin naturel comprenant plusieurs jardins aménagés, secrets et harmonieux… » nous présente Mireille Benedetti, la responsable du lieu. « La Bastide est le Centre Régional du Matrimoine Méditerranéen (un concept innovant dépassant la simple notion de transmission de père en fils – patrimoine). Ce concept inspiré par l’histoire de ce lieu reliant la Mer Méditerranée à la Terre de Provence… » continue Benedetti
« De glorieux navigateurs au long cours ont vécu ici durant plusieurs siècles. Ils bravaient les tempêtes, les épidémies et les pirates. Membre de l’ordre de Malte, leur bastide était hospitalière. Lieu de villégiature estivale, de refuge lors des attaques maritimes et lieu de soin, la Bastide Marin révèle de nombreux secrets. Des arbres vénérables habitent les jardins, la source en son puits est claire et pure, les volontaires de l’association « La Ciotat il était une fois » redonnent vie à la terre qui a nourri bourgeois et gens du peuple.
Ici la Mer nourricière (Mare Nostrum) et la Terre mère sont glorifiées et unissent leurs efforts au bénéfice du vivant Homme, animal et végétal. » : explique Mireille Benedetti qui est aussi la Présidente de l’association.
La Ciotat entre mère nouricière et fille du cinéma… !
À la fin du XIXe siècle, des industriels lyonnais, les frères Lumière, vont jouer un rôle de premier plan dans l’histoire du cinéma avec, en 1895 un des premiers films jamais réalisés, L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat, suivi de quelques autres que l’on dit réalisés dans leur villa de La Ciotat, le château du Clos des plages : l’Arroseur arrosé, le Repas de bébé. Les frères Lumière réalisent aussi les premières photographies en couleur dans le golfe de La Ciotat.
C’est ici aussi que le plus vieux cinéma du monde, L’Eden Théâtre, renaît à la fin de l’année dernière. La première séance de l’Eden date de 1899. 250 spectacteurs médusés découvrent alors les images animées des Frères Lumière. Fernandel et Yves Montand y firent leurs débuts.
L’Eden Théâtre, sur le front de mer de La Ciotat a rouvert ses portes en octobre dernier après avoir été laissé à l’abandon durant près de vingt ans. Salle mythique où ont été projetés dès 1899 les premiers films de Louis et Auguste Lumière, ces inventeurs du cinéma et on se souvient notamment de l’effroi des premiers spectateurs voyant se diriger droit sur eux ce « Train arrivant dans la gare de La Ciotat » ou bien encore des rires à la vision de « l’Arroseur arrosé« … Ces réactions furent tournées dans cette salle qui renaît aujourd’hui de ses cendres. Six millions d’euros ont été investis pour lui redonner son faste d’antan. Façade ocre jaune avec mosaïques, marbre noir au sol, fauteuils en velours rouge… Elle doit cette renaissance à une poignée de passionnés réunis au sein de l’Association Les Lumières de l’Eden présidée par le cinéaste Bertrand Tavernier, qui ont profité de la nomination de Marseille capitale européenne 2013 de la culture pour faire aboutir leur projet.
… Et berceau de la pétanque !
La Ciotat a vu naître la pétanque. On parle bien sûr du jeu de boules marseillais et ses champions du monde qu’on voit souvent dans les Boule Bar très populaires de Stockholm mais c’est à La Ciotat que le jeu de pétanque a été inventé. En 1910, sur un terrain de jeu de boules lyonnaises (2 fois plus long que celui de la pétanque), les chaises des spectateurs avaient été enlevées. Mais un des participants souffrants de rhumatismes ne pouvait rester debout et fut autorisé à jouer assis à une place fixe, les pieds immobiles, plantés, « les pieds tanqués » au milieu d’un cercle tracé sur le sol. La pétanque était née sur des terrains plus courts, plus populaires, plus compétitifs, plus techniques. On l’appelle d’ailleurs la F1 de la boule lyonnaise. Et la France avait ainsi inventé le seul sport où elle a pu être multi-championne du monde ! 42 championnats du monde gagnés et 85 places sur le podium toute épreuves confondues (séniors masculines, séniors féminines, juniors et tir de précision). La Ciotat et la pétanque pouvaient ainsi rentrer dans le livre des records !!
Enfin après la petite histoire, on en revient à la grande histoire…
Du 17 au 19 octobre sur le Vieux Port de La Ciotat Il faudra assister au spectacle de théâtre vivant qui retrace l’histoire de la ville, du port et de ses marins, de leurs légendes entre leurs voyages en mer et leurs retours sur terre, ces générations victimes des grandes épidémies de peste qui partent des rivages méditerranéens pour s’étendre à l’Europe entière. La Suède n’est pas épargnée. Au cours de l’un de ces épisodes, le roi de Suède désespéré annonce à ses sujets que la fin des temps est arrivée « Dieu a condamné le monde à une mort subite… » s’horrifie Charles XII … Un spectacle, joué par plus de 400 comédiens et un millier d’amateurs, qui attire chaque année près de 120.000 spectateurs.