Au rayon des inventions, la Suède n’a rien à envier aux grandes nations industrielles. Très tôt l’inventivité des Suédois s’est imposée avec des découvertes qui, aujourd’hui encore, façonnent notre quotidien. Il faudra cependant attendre 1884, pour que les autorités, qui avaient alors compris l’intérêt de la protection des inventions via des brevets, se dotent d’un système qui les accordait : la Direction nationale du commerce (Kommerskollegium), avant de devenir en 1895, l’Office suédois de la propriété intellectuelle (Patent och Registreringsverket, PRV).
Contrairement aux Français qui pour pallier les chicaneries de la machine administrative de l’hexagone avaient créé au début du XXe siècle l’association des petits fabricants et inventeurs français qui, grâce au préfet Lépine, avait réussi par la suite à mettre sur pied le fameux Concours Lépine, les découvreurs suédois n’ont apparemment pas eu à imaginer de telles méthodes pour faire homologuer leurs trouvailles. Ces temps sont révolus et aujourd’hui l’INPI français (Institut National de la Propriété Intellectuelle) est une institution respectée qui gère de façon remarquable l’innovation française.
La position de pointe de la Suède dans le domaine de dépôts de brevets est incontestablement liée aux efforts consentis par l’état suédois en matière de recherche. Le budget de la recherche s’élevait en 2000 à plus de 10 milliards d’€, un peu plus de 4 % du PIB (sciences fondamentales, informatique, biotechnologie, nouvelles technologies, etc.). 80 % de la recherche a lieu dans l’enseignement supérieur : universités, grandes écoles dont KTH à Stockholm et Chalmers à Göteborg, les écoles polytechniques.
Ça ne s’invente pas, ça se découvre !

Hans Rausing et ses emballages mondialement connus Tetra Pak
Certains se plaisent à dire que les inventeurs sont rarement des visionnaires, mais plutôt d’ingénieux bricoleurs. Quand on songe aux travaux de Linné sur la classification, à Wingquist sur les roulements à billes (SKF), à Rausing sur les emballages (Tetra Pak), à Lans sur sa « souris » d’ordinateur ou à Löfgren sur la Xilocaïne, on leur laisse la paternité de leurs propos.
C’est à Thomas Edison que l’on doit l’ampoule à filament. Mais si Jonas Wenström, de la région du Värmland, avait été plus éclairé en déposant un brevet un an avant celui d’Edison, c’est à lui que serait revenue cette découverte éblouissante. C’est peut être pourquoi Edison disait à l’envi de l’invention : « Un pour cent d’inspiration, 99 % de transpiration ! »
Quelques grands savants suédois ont transmis le fruit de leurs cogitations pour la postérité.
– Anders Celsius, physicien et astronome, pour son échelle thermométrique (1742). Il avait choisi la température d’ébullition de l’eau comme point zéro et la température de la glace fondante comme point cent.
C’est son compatriote Carl von Linné, médecin-botaniste, connut par ailleurs pour sa classification des végétaux, animaux et minéraux, son systema naturae (1735), qui inversera la donne en renversant les degrés de l’échelle : 100º ébullition, 0º solidification.

Le naturaliste Carl von Linné avec sa classification des plantes est le personnage historique le plus influent sur Wikipedia
– Carl Wilhem Scheele, chimiste et pharmacien, est à l’origine de la découverte de plusieurs éléments atomiques, dont le chlore, qui plus tard, grâce au comte Berthollet, aboutira à la fameuse eau de javel qui contribuera à l’hygiène et servira à désinfecter.
– Jöns Jacob Berzelius, médecin et surtout chimiste s’inspirera des travaux du physicien français Joseph-Louis Gay-Lussac et du chimiste britannique John Dalton pour dresser le premier tableau des masses atomiques (1818). On lui doit aussi les représentations symboliques des éléments atomiques à une ou deux lettres tirées de leurs noms latins.
– Anders Jonas Ångström, physicien et mathématicien de génie, a été le premier à mesurer les longueurs d’ondes lumineuses. L’unité qu’il utilise pour cela est égale au dix millionièmes de millimètre. En 1905, elle deviendra l’angström (Å), qui sera abandonné en 1960. C’est le père de la spectroscopie moderne.
– Toujours dans le domaine des bons spectres, Johannes Robert Rydberg, physicien, s’intéressera lui aux spectres optiques des éléments. Il contribuera avec la « constante de Rydberg » à la découverte de la structure de l’atome. Le Rydberg est utilisé en spectrométrie et en atomistique. Depuis 1994, un petit cratère sur la lune porte son nom.
– Karl Manne Georg Siegbahn, physicien, contribuera aussi à la compréhension de la structure de l’atome en améliorant les spectromètres et la spectroscopie par rayons X. Prix Nobel de physique en 1924, il met en évidence la diffraction de ces mêmes rayons X en 1925…. A suivre