
Le crochet Hook & Moor est une invention suédoise qui permet d’amarrer un bateau en 3 secondes
Qu’ont de commun le pacemaker, les cristaux liquides pour écrans plats, le siège éjectable, les implants dentaires, les médicaments en gélules, la radio-chirurgie, le Losec et la Xylocaine, les « briques et les berlingots » en carton, la souris d’ordinateur, les caméras endoscopiques, les distributeurs automatiques de billets, la ceinture de sécurité à 3 points d’ancrage, le GPS pour la navigation maritime et le crochet H&M avec la gymnastique suédoise…? Ce sont des inventions et découvertes suédoises. Alors pour le 3ème épisode de cette savante série voici quelques « esculapes » et « oeufs de Colomb »…!!!
Apothicaires et Esculapes
La médecine et la pharmacie sont des domaines où les Suédois se sont distingués, surtout après la Deuxième guerre mondiale. Mais un peu auparavant E. A. J. Ericsson, chirurgien de son état, expérimente une broche pour fixer les os fracturés. Sa tige métallique (qui ressemble à un clou de charpentier) sera brevetée en 1932.
– Le monde peut remercier Nils Löfgren et Bengt Lundqvist pour leur immense découverte de la Xylocaïne®en 1948. Un analgésique qui a bouleversé l’anesthésie locale en réconciliant notamment les dentistes et leurs patients. Nils Löfgren récidive en 1957 en mettant au point un autre analgésique à effets secondaires moindres, le Citanest®, les laboratoires Astra les produisent.
– Aider les patients à s’alimenter, c’est le job des nutritionnistes. Arvid Wretlind qui a dû avoir de la veine a mis au point l’Intralipid®, une émulsion lipidique à administrer en intraveineuse. C’est en 1962 que les laboratoires Vitrum ont démarré sa production.
– L’anatomie peut être titanesque. Le professeur Ingvar Brånemark l’a prouvé. Après avoir démontré que l’organisme tolère le titane, la filière de l’ostéo-intégration est née. Les implants dentaires n’en sont que l’une des applications (une vis en titane dans la mâchoire).
– Les professeurs Nils Alwall et Lennart Östegren sont les premiers à avoir déposé un brevet pour le rein artificiel en 1965. L’entreprise suédoise Gambro fabrique et commercialise le rein artificiel à usage unique.
– On laisse la boîte crânienne là où elle est et on ne trépane plus ! Le Gamma Knife® fait le travail ! Les neurochirurgiens Lars Leksell et Börje Larsson sont à l’origine de la radiochirurgie, une révolution à couteaux tirés dans le domaine de la neurochirurgie. Indolore, le faisceau de rayons gamma irradie lésions et autres petites tumeurs cérébrales.
– Une histoire de cœur ! Il ne lui a pas fallu plus de deux semaines à Rune Elmqvist, physicien, pour construire le premier pacemaker au monde, un stimulateur cardiaque à piles (ses dimensions : 55 mm de diamètre et 16 mm d’épaisseur) ! C’était en 1958. La même année un autre suédois, le professeur Åke Senning, l’implante à un malade cardiaque. L’électronique a permis une miniaturisation poussée des stimulateurs cardiaques qui continuent vaillamment à provoquer une contraction du muscle du « corrazon » par leurs impulsions électriques.
– Trois chercheurs, Lars-Einar Fryklöf, Erik Sandell et Ivan Östholm ont innové dans le domaine des gélules, ces petites capsules qui contiennent un médicament qui ne s’ouvrent que dans l’intestin ou l’estomac en se désagrégeant. La composition de leurs « durettes » a permis une ouverture retard qui rend plus efficace l’effet des médicaments.
Chez les potards, les découvertes, là aussi, sont nombreuses.
– Agir sur le système nerveux en bloquant les récepteurs bêtas, tel était le défi lancé par les entreprises suédoises de produits pharmaceutiques au début des années 1960. Les résultats : les bêtabloquants. L’Aptin® pour soigner l’angine de poitrine (Arne Brändström, Hans Corrodi et Bengt Åblad des laboratoires Hässle Pharmaceuticals), le Bricanyl® soulage l’asthme (Kjell Wetterlin et Leif Svensson des laboratoires Draco Pharmaceuticals) et le Seloken® qui diminue la tension artérielle (les mêmes que pour l’angine de poitrine + Arvid Carlsson, Stig H. I. Carlsson et Lars Ek des laboratoires Hässle).
– Autre succès de pharmacie : le Losec®. Incontournable contre les ulcères. Pas moins de 150 chercheurs dont Erik Sjöstrand et Ulf Ljunggren ont travaillé sur ce médicament qui a été mis en vente en 1988 en Suède après son homologation. Antiulcéreux le plus vendu au monde, il est produit par AstraZeneca. Le Nexium®, aux effets secondaires moindres, digne successeur du Losec® est en passe de le supplanter.
L’œuf de Colomb… ou presque !
– Le roi incontesté du packaging, comme on nomme aujourd’hui les emballages, est sans nul doute Ruben Rausing. C’est lui qui, déjà en 1944 avec Erik Wallenberg, jette les bases du contenant tétraédrique en carton revêtu d’un film plastique, notamment pour le lait.
En 1952, le « berlingot » est commercialisé par Tetra Pak. « Un emballage doit faire épargner davantage qu’il ne coûte », avait pour habitude de dire Ruben Rausing. Suivront en 1961, les Tetra Brik, les « briques » aseptiques, pour toutes sortes de liquides alimentaires. En 50 ans Tetra Pak a produit plus de 100 000 000 000 d’emballages !
– La surgélation des légumes dans l’azote liquide est à mettre au compte de Per Oscar Persson et Göran Lundhal, elle date de 1961.
– Confort, sécurité et design, un label que les Suédois ont exporté avec succès. Åke Hörnell a dessiné et conçu en 1972, ce qui reste encore aujourd’hui le plus beau des masques de soudage. Un intégral muni de conduits de sortie d’air et d’une fenêtre visière constituée de sept feuillets laminés dont deux couches de cristaux liquides qui provoquent l’obscurcissement du verre quand l’arc de soudure s’allume. 3M a récemment racheté Hornell International. « Envoyez la soudure ! »
– Les écrans de visualisation ne seraient pas ce qu’ils sont devenus sans l’intervention de Sven Torbjörn Lagerwall et de son compère Noel Clark. Les cristaux liquides ferroélectriques, c’est eux ! Canon l’a compris très vite qui, dès 1985, faisaient plancher ses ingénieurs sur l’écran plat.
– La sécurité est un domaine qui interpelle les inventifs suédois. À ce titre, Nils Bolhin siège en « monsieur sécurité » de la Suède. Il commence par mettre au point un siège éjectable pour les avions de combats chez Saab et passe à la concurrence chez Volvo où il développe la ceinture de sécurité à trois points d’ancrage. Déjà en 1959, les Volvo étaient équipées en série de la ceinture de sécurité.
– Sécurité encore. Bengt Gadefelt conçoit un siège enfant tourné vers l’arrière. À la « place du mort », bébé est beaucoup plus en sécurité qu’on ne le croit.
– Håkan Lans est l’archétype du découvreur. Entre un kart propulsé par un moteur de mobylette construit à 12 ans et un sous-marin miniature pouvant plonger à plus de 100 mètres de profondeur, on lui doit la « souris » d’ordinateur, du moins le numériseur, sorte de « pré-rongeur » informatique, la couleur sur les écrans d’ordinateurs et une extension du système GPS (positionnement par satellite), le GP&C qui sert de norme à la navigation maritime et civile.
– Le thyristor de Tore Nordin dans les années 1960 va, entre autres, cesser de faire patiner les locomotives au démarrage. Ces applications sont multiples pour les moteurs à courant continu. Une invention qui a, en son temps, électrisé les revenus chez ABB.
ABB qui a fait breveter le transport de courant continu par lignes à haute tension, de l’ordre de 1 000 kV actuellement.
– Viktor Hasselblad dépose son premier brevet en 1945 : des dispositifs à un appareil photo pour prise de vues aériennes. Son principal client : l’armée suédoise. Le « Hasselblad » format 6 X 6 version civile verra le jour en 1948. Sa spécificité : les objectifs interchangeables. Les Hasselblad seront de tous les vols orbitaux et lunaires.
– On ne peut pas évoquer Hasselblad sans parler de Lennart Nilsson, photographe et réalisateur de génie. Ses documentaires comme le Miracle de la vie et le Miracle de l’amour sont des chefs d’œuvre. Il ausculte l’intimité des corps, les secrets de l’origine de la vie, les cellules malades avec ses caméras endoscopiques. Le premier cinéaste scientifique. À rentrer dans la catégorie des droits d’auteur.
– C’est à Leif Lundblad que l’on doit les distributeurs automatiques de billets (1967)….
A suivre…