Eurêka ! (4/4)

Dans ce dernier épisode de notre série Eurêka ! (voir les précédents épisodes ici, ici et là) nous avons voulu mettre en valeur les « petites » inventions mais pas les moindres. Les inventions du quotidien, originales, cocasses et pittoresques mais qui nous facilitent grandement la vie.

Les sans-grades ou les plus utiles ?

Ils sont légions les sans-grades à avoir déposé des brevets pour des trouvailles qui rythment souvent encore la vie de tous les jours.

SUE_robe-fermeture-eclairLa fermeture zippée, par exemple. Le « ferme-tout américain » sort certes de l’imagination frustrée de Whitcomb L Judson qui n’arrivait pas à boutonner sa redingote, mais c’était une sorte de fermeture à glissière primitive qui ne donnait pas entièrement satisfaction. Il faudra attendre les perfectionnements de Otto Fredrik Gideon Sundbäck pour qu’elle devienne éclair.

Le mètre pliant en bois qui de 1899 à 1947 a constamment été amélioré. C. E. Johansson décrochera deux brevets, un en 1901 et l’autre en 1907. D’autres aussi étaient sur les rangs histoire de se mesurer au maître.

La pelle à fromage qui vous calibre les pâtes molles en tranches fait l’objet d’un brevet en 1935. On la devrait à J. F. Wander.

Le sèche-cheveux, invention de P.A. Paal, date aussi de 1935. Il ressemble étrangement aux modèles commercialisés de nos jours.

La pince à linge a une longue histoire. Tout le monde ou presque s’y est intéressé, surtout les Suisses. Ce sera un Suédois qui perfectionnera un modèle suisse et qui ne se pincera pas les doigts. Son nom : B.O. G. Andersson.

L’assiette en papier jetable date de 1964. La bataille a dû être rude, on ne pensait pas écolo à l’époque. A. Molin qui travaillait chez AB Billingsfors Långed a dû se sentir dans son assiette.

Une épingle à cheveux brevetée en 1923 a nécessité trois inventeurs : F. W. Pettersson, O.E. Carlsson et E. F. Hellstedt (à poux ?). Un modèle parmi les modèles !

La lampe à souder est une invention qui date de 1881 et est due à Carl Richard Nyberg, le père des chalumeaux oxhydriques, oxyacéthyléniques et autres.

La patère automatique de sûreté, porte-manteaux indispensable dans tous les vestiaires des bons restaurants, bars ou casinos, brevet de 1909. Le cintre extensible pour jupes et pantalons, beaucoup plus récent car en plastique, relègue le cintre à pinces en bois aux oubliettes.

G. E. Boëthius a obtenu le brevet du premier brise-glace en 1890. Il ressemblait au cuirassé de Johnn Ericsson avec une proue protubérante en plus, histoire d’avoir le vent en poupe !

– Les bricoleurs peuvent louer le sociologue (!) Thorsman, c’est son invention qui leur sauve la mise chaque fois qu’ils veulent accrocher un objet sur un mur. Il est à l’origine de la cheville en plastique.

Jens Pedersén qui devait en avoir marre de ne pas être vu sur son cheval la nuit, installe des catadioptres sur ses cale-pied, pardon… sur ses étriers et le fait breveter en 1990. La nuit le cheval luit.

– Ce n’est parce qu’on est en bleu de travail qu’on ne doit pas être mode ! Ainsi pensait Matti Viio, électricien de son état. En 1975 il lance la marque « Snickers Original » de vêtements de travail. Pratiquement chaque corps de métier possède aujourd’hui ses vêtements restylisés par le modiste. Fonctionnels, robustes, agréables à porter, plein d’astuces, ils seront sur les catwalk avant peu !

Au chapitre des inventions cocasses et pittoresques, on notera…

Un vélo-pédalo attribué à A. K:son Nilsson en 1912. Plus adapté aux bassins de square que pour la traversée de la Baltique.

– Un porte pince-nez mural dont le brevet a été déposé en 1890 par un certain C. A. Raab. Des fois que ça revienne à la mode !

– Une cuillère à boulettes de viande, ustensile permettant de mouler et calibrer les boulettes (köttbullar). P. A. J. Persson s’y était attelé en 1928. La version à glace a dû l’inspirer !

Un porte-asperge, ustensile de cuisine incontournable ! Cette plante de la famille des liliacées avait-elle un statut particulier dans les années 1926, date à la quelle a été déposée le brevet par M. M. Levy ou bien était-il en quête de

Pipinette est conçu pour s’utiliser debout. Une formule pratique pour les femmes, mais aussi pour les hommes et les enfants. Pipinette est pratique en voyage, en pique-nique, en bateau, en caravane ou en voiture.

Pipinette est conçu pour s’utiliser debout.
Une formule pratique pour les femmes, mais aussi pour les hommes et les enfants.
Pipinette est pratique en voyage, en pique-nique, en bateau, en caravane ou en voiture.

redonner un peu de raideur et de vaillance à un légume bien mou quand trop cuit ?

– Au rayon hygiène, on ne peut pas ne pas évoquer la récente « pipinette » de Carola Nilstein. Un pot de chambre en plastique hyper design extra-plat à emmener avec soi. Peut sauver des situations désespérées, s’utilise debout ou assis et se glisse dans le sac à main. Totalement étanche, cela va s’en dire !

– Breveté en 1890, des vespasiennes sans odeur, déposé par un certain A. W. Carlsson. Une invention malheureusement méconnue !

– Le piège à souris de Göran Hansson, le « Mjölner ». Raccourcit humainement les rongeurs. Couic ! Et c’est parfaitement hygiénique en plus ! Âmes sensibles… évitez !

Le trombone en bois, fourniture de bureau s’entend ! Design recherché de Thomas Ekberg, Susana Englund et David Lindeby. Impossible à tordre dans tous les sens.

– En 1895, E. Hägglund dépose un brevet pour des menottes. En 1928, il passe la main à A. Almqvist qui perfectionne alors les bracelets métalliques.

– Le landau pliant, modèle suédois1895, ressemble plus à un instrument de torture qu’aux poussettes-landaus du début du troisième millénaire. Les nourrissons ont apparemment survécus !

Inventrices à la rescousse

Ces dames ne sont pas en reste. Voltaire avait tort en écrivant : « Il y a eu des femmes érudites, des femmes guerrières, mais jamais d’inventrices ! ». Il est vrai qu’entre 1870 et 1884, sur les 2141 brevets déposés en Suède, seuls 28 l’ont été par des femmes, soit 1,3 %. Aujourd’hui cela tourne autour de 6 %.

– En 1902, Anna Fredrika Bergman fait breveter son écailleur à poisson.

– Pour Emma Krantz, la réalisation d’une boîte à chapeau en 1916 lui vaudra un brevet.

Le lave-vaisselle de Kerstin Öström née Lundin en 1909 répondait déjà à un besoin de libération dans les tâches ménagères.

– Un brevet dont le nom du dépositaire a disparu fait état d’un four portatif en fonte. On s’imagine le poids de l’engin en 1897 !

Ida Wilhelmina Andersson a été accréditée en 1928 d’un brevet pour sa préparation du « gratte-cul ». Ne pas se méprendre, on fait de la soupe en Suède des fruits de l’églantier !

Un biberon avec tétine, version 1890, est à l’actif de Helena Ottonia Flodin.

Une cuillère pour nourrisson en 1921 revient à Maria Elisabeth Wallmark.

– En 1888, l’amazone Susanna Palmcrantz voit sa mitraillette brevetée !

– Pratique et amie des bêtes, Lone Pedersen a mis au point un fer à cheval en caoutchouc. Âme en fer et le reste en caoutchouc dur évitent ainsi les vibrations. « Öllöv original », c’est le nom du fer caoutchouté. À cheval sur deux époques !

– La soudure intéresse les femmes ! À preuve, le manche porte-électrode pour poste de soudage conçu par Jeanna Kimbré était brevetable.

– La cardiologue Inge Edler et son collègue autrichien Hellmuth Hertz, ont révolutionné l’imagerie médicale et plus spécifiquement l’échographie. Des ultra-sons qui parlent !

– Monika Dahlstrand, médecin-anesthésiste a développé un masque d’anesthésie facial pour nourrisson muni d’une tétine. L’enfant respire ainsi par le nez en suçant sa tétine. Bye, bye le stress !

– Après plus de 30 ans de recherches, la chimiste et spécialiste en parasitologie, Walborg Thorsell, 80 et quelques années, a été récompensée pour ses découvertes majeures dans le domaine des anti-insectes, les insectifuges (exempt de DEET : N, N-diéthyl-3-methylbenzamide). Deux agents répulsifs des moustiques, le Demidex et le IxnIx et d’autres contre les fourmis.

– Elisabeth Linderoth, 82 ans, vient d’inventer la « shoppinette ». À la croisée du déambulateur et de la trottinette à trois roues, l’engin est équipé d’un panier pour les courses. La ville de Stockholm lui a accordé 2 700 € pour son invention !

Cet « inventaire » n’est nullement exhaustif ! Vous pouvez la compléter en nous suivant sur le site www.lefrancofil.com et sur les réseaux sociaux le francofil sur FB et @lefrancofil sur Twitter

Sources :

Inventions et découvertes suédoises. Feuillets de documentations sur la Suède

Swedish Innovations. Kjell Sedig and the Swedish Institute 2003

Svenska uppfinnare. Bokförlaget Max Ström 2003

Les archives de PRV (Patent och Registreringsverket), L’Office suédois de la propriété intellectuelle

Les archives du Musée de la Technique