C’est dans le nord-ouest de la France que nous terminerons pour 2015 notre Tour oenotouristique. Après Le Val de Loire, le Mâconnais, le Languedoc-Roussillon et la Bourgogne, nous fêterons la fin de l’année en Normandie, « le Norrmanland » comme la région s’est appelée en référence aux invasions Vikings dans les années 800.
Plus précisément dans le département du Calvados avec sa préfecture Caen et ses Boréales, festival de culture scandinave, Honfleur et son vieux port de plaisance, Arromanches et ses plages du Débarquement, Deauville, Trouville, Cabourg et leur festival de films… Ses fromageries de Camembert, Livarot, Neufchâtel et autres Pont-L’Evêque aux noms si goûteux… Précisément c’est sur cette route entre Honfleur et Pont-L’Evêque, à Coudray-Rabut que se trouve la micro-distillerie de calvados Christian Drouin, une maison familiale qui a décroché le trophée de meilleur producteur de spiritueux européen à l’International Spirit and Wine Compétition (ISWC) de Londres en 2013.
La Maison Drouin est l’une des plus importantes Maisons (avec Boulard, Père-Magloire, Groult..) du Calvados et c’est surtout le spécialiste des calvados les plus rares. L’âge moyen des « calva » Drouin est de 15 ans et c’est la seule en France à offrir une gamme de 35 millésimes remontant à plus de 80 ans.
Le calvados (appelé familièrement « calva ») est une eau-de-vie (aqua vitae en latin, aquavit en nordique tien !) d’origine normande obtenue par distillation de cidre ou de poiré. Plus de 40.000 tonnes de pommes transformées chaque année pour produire du calvados. 6 millions de bouteilles sont vendues chaque année dans le monde soit 53% de calvados exporté. La Maison Drouin, elle, en exporte 75% dans une cinquantaine de pays : Russie, Belgique, Allemagne, USA, Japon et bien sûr Scandinavie.
Comme la plupart des grands spiritueux du terroir français, si le calvados appartient à l’histoire des plus grands alcools du terroir français, les Calvados Christian Drouin sont l’histoire d’une famille tournée vers la tradition, l’export et l’avenir : « Les grands calvados s’élaborent à travers le temps et les générations… Avec l’âge, les arômes de fruits du calvados évoluent de la pomme fraîche vers la pomme mûre, la pomme cuite, la pomme compotée puis les fruits secs… Le bouquet s’enrichit d’arômes floraux et épicés issus du bois des fûts. Le calvados s’arrondit et se concentre au fil des ans… » explique Guillaume Drouin, petit-fils du fondateur de la distillerie Drouin, désormais à la tête de la Maison familiale.
Les 20 hectares de vergers du Pays d’Auge entourant la ferme de Coudray-Rabut, de belles bâtisses XVIIème serties de colombages, typiques de la Normandie, forment l’écrin de la micro-distillerie Drouin, qui, depuis trois générations donc, fabrique calvados, pommeau, cidre et poiré…
En 1960, Christian Drouin acquiert un premier domaine près de Honfleur, des arpents plantés de pommiers qu’il collectionne et se verrait bien distiller… En 1979, Christian Drouin fils, qui s’est associé à son père, démarche les tables locales.
Collection Calvados Drouin à Opera Källaren Stockholm/ Ph:DR
Piochant dans la gamme des fûts dormant en chais, il va assembler les jus, élaborer des harmonies de calvados et solliciter les plus grandes tables de la planète , après la Tour d’argent à Paris, elles succombent l’une après l’autre. L’Opera Källaren à Stockholm offre une « verticale » des meilleurs millésimes Christian Drouin. Le restaurant étoilé Nokka à Helsinki (Finlande) en propose plus de 250 et le Calvador à Kyoto (Japon) n’est pas en reste. Le Bar de l’Hôtel Intercontinental de New York offre une collection de plus d’une centaine de calvados différents… « Les ambassades du calvados sont de plus en plus nombreuses et témoignent de l’intérêt grandissant porté au calvados à travers le monde. A l’étranger, le calvados bénéficie d’une image de grande qualité où il est perçu comme un produit historique, de tradition et symbole du savoir-faire et du savoir-vivre à la française… » souligne Guillaume.
«Et puis nous sommes à la veille de quelque chose d’énorme dans l’univers du cocktail. Cela n’arrive pas par hasard, on s’est donné du mal. Nous avons lancé la Blanche de Normandie, un distillat de calvados élaboré avec 30 variétés de pommes, et le Sélection, jeune, vif et fruité, spécialement pour les bartenders.» continue-t-il.
Toujours en mouvement, Guillaume, comme dans sa ferme, les fûts ne dorment que d’un œil. Car, au cours de leur maturation, on réveille régulièrement les calvados pour les changer de barrique, voire de chais, et façonner leur caractère avant même l’assemblage! Chaque millésime et chaque assemblage acquièrent ainsi un style et une personnalité propres. Auprès du plus vieux fût (1848), acquis par la distillerie, tous les millésimes s’alignent de 1958 à 1994, sans aucun trou dans l’inventaire. La gamme permanente compte ainsi 35 millésimes et 5 assemblages, auxquels s’ajoutent les singles et éditions limitées. Le talent de ses maîtres de chais a été ainsi de nombreuses fois récompensé dans les différents concours de spiritueux. Plus de 150 médailles d’or, dont ce titre de la meilleure distillerie en Europe, à l’IWSC de Londres en 2013, qui est un vrai Prix Nobel en la matière.
Alors bien sûr on connait le trou normand « boire un petit verre de calvados pour faciliter la digestion!», ou bien encore le café-calva « ajouter du calvados à son café du matin pour bien tonifier la journée! »… Mais désormais le calvados a acquis ses lettres de noblesse pour devenir un alcool raffiné, apprécié en apéritif et en digestif et en accord avec certains moments d’un bon repas: « Donnez une chance au calvados de réveiller un pont-l’évêque ou un camembert du coin un peu fait s’emballe Guillaume. C’est l’alliance parfaite, tout comme le livarot, à marier avec un VSOP… Pour découvrir le calvados, lancez-vous sur un cocktail simple à réaliser. Le Cal-To, rafraîchissante variation du gin-tonic: 1/3 de calvados jeune et fruité, 2/3 de tonic… »
Précisément le Gin : La distillerie Drouin vient de lancer son gin à base de pommes à cidre
« Je me suis aperçu que, depuis quelques années, l’usage du calvados se développe dans les bars à cocktail. J’y ai découvert un nouvel univers et je me dis que l’on pouvait élaborer un bon gin à partir des pommes à cidre de notre verger », indique Guillaume Drouin.
Il aura fallu pas moins de deux années de travail à ce passionné pour y parvenir. « Étant oenologue de formation, j’ai dû trouver les aromates qui pouvaient compléter et sublimer l’équilibre du genièvre et de la pomme à cidre. Les aromates ont été macérés et redistillés séparément, cela demande beaucoup de temps. Huit aromates et trente variétés de pommes à cidre de nos vergers rentrent dans la composition de notre gin… » termine Guillaume.
Le gin normand Christian Drouin est déjà présent dans sept pays : la France, l’Angleterre, la Belgique, la Hongrie, l’Estonie, l’Italie et le Danemark.
Et sûr qu’il sera présent dans les bars, parmi les cocktails, sur les tables, en ces périodes de fêtes… Mais toujours avec modération bien sûr!!
Crédits Photo:
Calvados Christian-Drouin, le domaine Coeur de Lion à Coudray-Rabut. Contact : www.calvados-drouin.com