Nous voici dans le département de Kyoto. De retour dans le Kansai! Province de l’ouest du Japon, couvrant 11% de l’archipel, abritant le cinquième de sa population, s’ouvrant sur 3 mers : la mer du Japon au Nord, l’océan Pacifique au sud et cette mer intérieure qui fait face à l’île de Shikoku; trois mers reliées d’opportuns couloirs de plaines (Osaka) et de bassins (Kyoto) et cela malgré les reliefs montagneux.

Économiquement, le Kansai est avec la région de Kobe/Kyoto/Osaka, le 2^ème pôle d’activité  du pays. Forte de ses atouts géographiques, il détient un potentiel portuaire et commercial toujours en devenir (l’aéroport international d’Osaka/Kansai n’a été inauguré qu’en 1994) et un pôle scientifique des plus importants : le Kansai Science City… La région n’est donc pas seulement une belle carte touristique mais attire de plus en plus de Japonais pour son économie innovante.

Mais avant de filer vers sa capitale Kyoto, un détour par la péninsule de Tango.
Située dans la partie la plus septentrionale de la préfecture de Kyoto sur la mer du Japon,la péninsule se caractérise par un littoral très découpé, alternant promontoires rocheux, criques et baies plus profondes. De cette nature assez préservée s’échappe une atmosphère toujours authentique.

Funayano-Sato Park et le petit bourg d’Ine, un site totalement préservé  et magnifique vue du Park. Une petite baie en arc de cercle, protégée par une île. Blotti au pied des reliefs couverts de végétation, un village de pêcheurs, Ine et une petite anecdote devenue une bien belle histoire :
En février 2015, le chef danois René Redzepi du Noma à Copenhague, classé 3 années de suite meilleur restaurant du monde, s’installe avec sa brigade de 70 personnes, pour un mois, au Mandarin Oriental de Tokyo, l’un des plus fameux city-hôtels-restaurants de la capitale. Et il découvre, les goûts et les couleurs de la gastronomie japonaise. Il est fasciné par le pays et le saké rosé !
On dit que c’est au cours de l’un de ses déplacements à Kyoto « Vous arrivez à Kyoto en avril, vous ne repartez plus… ! Tout y est rose, les Jardins du Palais Impérial sont fascinants… » et ici, à Ine, très précisément qu’il va découvrir cette brasserie de saké rosé Mukai, fait exclusivement à partir de riz noir… Une échoppe qui ne paie pas de mine mais qui va devenir depuis, le « cluster mondial» de l’exportation de saké rosé pour plusieurs restaurants au Danemark, en Suède, aux USA, en Israël, aux Pays -Bas, en Espagne… !!

Amano Hashidate: Classée parmi les 3 plus belles vues du Japon, cette étroite bande de sable qui s’étire dans la baie de Miyazu forme un étonnant paysage. « Son nom littéralement « le pont qui relie la terre au ciel » fait référence à la mythologie shinto a toujours été un point de vue très prisé des Japonais et des touristes. On peut parcourir le « pont », long de 3,6 kms et planté de 8000 pins, à pied ou à vélo en faisant étape sur l’une des plages. Sur la plate forme d’observation il est d’usage de contempler la vue en penchant sa tête entre ses jambes : le pont semble alors flotter entre le ciel et la terre… » nous indique Fukuda Keisuke, l’adjoint au tourisme de la Préfecture de Kyoto.

Pour admirer la singularité du paysage, il a fallu prendre de la hauteur sur le Mont Narial et le funiculaire jusqu’au Kazamatsu Parc, derrière le Moto Ise Kono Jinja, sanctuaire fondé il y a plus de 2000 ans et dont l’histoire est étroitement liée à celle de la famille impériale.

Et nous voici à Maizuru, la plus grande ville de la péninsule de Tango (90.000 habts) qui abrite un port important depuis l’époque médiévale. « Les bateaux venant du nord du Japon y faisaient étape. Compte tenu de sa position stratégique sur la mer du Japon, le gouvernement décida d’en faire un port militaire au début du 20è siècle qui joua un rôle essentiel pendant la guerre russo-japonaise (1904-1905). C’est aujourd’hui le 3^ème port de la marine japonaise et le plus important face à la péninsule coréenne ou encore le continent asiatique… . Il accueille également de grands chantiers navals civils et voudrait se positionner comme un grand port de plaisance et de croisière… comme Brest ou La Rochelle » nous confie Yasuhi Matsuzaki, un Japonais qui a travaillé une trentaine d’années en France, a fort apprécié et revient passer sa retraite chez lui à Maizuru.

Maizuru c’est aussi son Repatriation Memorial Museum !
« Au moment de la défaite du Japon dans la Seconde Guerre mondiale, en 1945 , on estime que 6,6 millions de personnes japonaises sont restées dans les différentes régions en dehors du Japon – Chine du nord , la péninsule coréenne , le Pacifique Sud , et bien d’autres régions . Pour assurer leur retour en douceur et rapide au Japon , le gouvernement japonais a désigné 18 ports dont  Maizuru » précise Hideaki Kembishi, adjoint au tourisme à la mairie de Maizuru.

Un dessin fait par un prisonnier de guerre détenus dans les camps de l’ex-URSS. De nombreux dessins sont exposés ainsi dans le Musée

Le Memorial Museum de Maizuru a été inauguré en  1988 en leur mémoire. Il possède une collection unique plus de 10.000 documents relatifs à l’internement et le rapatriement des survivants. Parmi ces articles, plus de 1000 sont exposés ainsi que des reconstitutions de scènes de vie. En décembre dernier, le Musée a fait une demande afin que sa collection soit classée dans le Registre de la Mémoire du Monde des Nations Unies.

Arrivée à Kyoto, l’ancienne capitale impériale considérée toujours comme le centre culturel du Japon  
Kyoto, capitale impériale pendant plus de 11 siècles,  avec ses 2000 temples, sanctuaires, palais, avec ses 200 jardins classés, ses ponts, son architecture… Kyoto regroupe près de 20% des Trésors nationaux japonais ainsi qu’une vingtaine de sites classés au Patrimoine mondial de l’humanité, est toujours considérée comme le centre culturel du Japon… Si ça ne suffisait pas, 37 Universités pourvoyeurs d’un grand nombre de Prix Nobel viennent compléter le tableau! « Attention ne jette pas une pierre au hasard, tu vas blesser un de tes profs ! » dit un proverbe local. ….

Kyoto pourrait sans doute aujourd’hui somnoler dans ses apparats d’or. Elle a l’histoire derrière elle. Et la chance ! N’est-elle pas l’unique grande agglomération japonaise à avoir échappé aux destructions de la seconde guerre mondiale, à la bombe atomique, aux tremblements de terre… 6^ème ville du Japon par sa population (1.350.000 habitants), si elle a pu subir les ravages d’un urbanisme sauvage, « La ville reste un écrin des trésors et beautés de l’histoire nippone , le berceau de la culture japonaise et aujourd’hui un haut lieu du tourisme et d’une production artisanale des plus traditionnelles et raffinées. Le tourisme constitue une importante part de l’économie de Kyoto. La ville jouit en effet de nombreux héritages culturels, constamment visités par les groupes scolaires japonais et par les touristes étrangers ». souligne Yuko Hirai, la directrice générale du tourisme dans le département.

Parmi lesquels:

Le Manpuku-ji Temple sur le mont Ōbaku est le temple de tête de l’école du bouddhisme zen japonais. Ecole à laquelle sont rattachés quelque 460 temples au Japon. Le temple est fondé en en 1661 par un moine chinois mais passe peu de temps aprés aux mains des Japonais. Les structures du temple sont construites dans le style de la Chine Ming. La disposition des bâtiments suit également le style architectural de la dynastie Ming et représente l’image d’un dragon. La maison du trésor du temple contient une collection complète de textes sacrés bouddhistes et comprenant environ 60.000 blocs d’impression encore utilisés. La production des blocs d’impression est financé par les dons recueillis à travers le pays pendant de nombreuses années. La principale statue du temple représente Gautama Buddha assis.

Byodo-in à 4 kms au sud de Kyoto, le magnifique temple du Phoenix, présent sur toutes les pièces de 10 yens. Authentique témoin des fastes de la période impériale kyotoiste, cette ancienne résidence  de campagne aux multiples bâtiments fut construite dans les années 1000.  Temple bouddhiste, son architecture, un pavillon central flanqué de deux ailes déployées, représente un oiseau en vol. A l’intérieur de la salle centrale le Ho-Do (la salle du Pheonix)  se dresse un trésor national : la grande statue du bouddha Abida. En 1994, le temple a été inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Au sud de Kyoto, le sanctuaire Fushimi-Inari Taisha: Ce lieu de culte est probablement l’un des plus insolites du Japon.
Sur 4 kms environ, 30.000 torii-piliers vermillon se succèdent le long d’un chemin serpentant à flanc de colline jusqu’au sanctuaire. Inari n’est autre que la déesse du riz, céréale sacrée la plus nourricière au Japon. On comprend alors pourquoi depuis le 8è siècle les donateurs offrent à la déesse Inari ces torii  estampillés à leur nom. Chaque année plus de 3 millions de visiteurs viennent se promener, se recueillir et/ou prier sur le site.

Mais aux paysans quémandant de bonnes récoltes ont succédé les citadins en quête d’un pouvoir d’achat plus élevé et plus récemment les chefs d’entreprise à la recherche de succès dans leurs business…. On dit que Nintendo dont le siège est tout proche, ex-modeste entreprise de cartes à jouer est devenu un leader des jeux vidéo grâce à la visite de son boss à la déesse Inari!

L’industrie de Kyoto est principalement composée de petites entreprises, la plupart gérées par des artisans traditionnels japonais. Les kimonos de Kyoto sont particulièrement reconnus et la ville demeure le premier centre de fabrication de kimonos japonais. Le Nishijin Textile Center en est un bel exemple même si de telles entreprises commencent à décliner aujourd’hui, à l’heure où les ventes de biens traditionnels stagnent.

La seule grande industrie de Kyoto est celle de l’électronique. La ville accueille en effet les sièges de Nintendo, Omron Corporation, Kyoto Ceramics, Murata Manufacturing, le géant du textile Wacoal Corporation ainsi que le constructeur d’automobiles Daihatsu. Néanmoins, bien que l’industrie high-tech connaît une certaine croissance, le déclin de l’industrie traditionnelle n’est pas compensé. Il en résulte que la production globale de la ville est en relatif déclin en comparaison avec d’autres villes depuis plusieurs années….

Enfin Kyoto est aussi connue comme un des centres universitaires importants du pays, et accueille 37 établissements d’éducation supérieure. L’importante Université de Kyoto constitue une des meilleures universités au Japon et en Asie. Plusieurs de ses chercheurs ont obtenu le Prix Nobel. Les étudiants représentent environ 10 % de sa population.

« Notre département est une destination peut-être encore méconnue des occidentaux et nous voulons la faire connaître plus largement à l’international sous tous ses aspects: art, textile, estampes, théâtre, photos, mode, jazz, design, meuble… L’Ecole de Kyoto de philosophie est réputée, Le Kyoto Contemporary revient d’une tournée en Europe et à Paris. C’est d’ailleurs dans ce sens que nous développons depuis quelques années un partenariat d’amitié avec votre capitale..! » termine, dans un large sourire, la directrice du tourisme.

Mais la capitale de la paix et du Kansai, carrefour entre tradition et modernité, centre des arts et de l’esprit, ville impériale et miraculée, restera à jamais associée à son Protocole, le Protocole de Kyoto, lorsqu’elle accueillit, en 1997, la Conférence internationale des Nations Unies sur le Climat (COP11) et c’est ici, que les grands de ce monde, chefs d’Etat et de gouvernement, ont, pour la première fois, sonné l’alarme sur le réchauffement climatique et les dangers que courrait la planète .
Et là, le Japon, le Kansai, les départements du Hyogo, Tottori et Kyoto ont encore un très beau challenge à relever…..

Ce sera le dernier volet de notre reportage qui sera publié sur notre site partenaire dans nos pages consacrées à l’environnement et au développement durable www.lasuededurable.com