Si les Nordiques ne jurent que par la Volvo Ocean Race, course à la voile autour du monde, en équipage et par étapes, réservée aux monocoques et organisée tous les trois ans, (il est interdit de naviguer en solitaire dans les eaux de la Baltique et de la mer du Nord, d’où cette tradition de l’équipage), le Vendée Globe Challenge est une course française, la seule course à la voile autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance sur des voiliers monocoques.
Courue tous les quatre ans, le Vendée Globe est une épreuve d’endurance d’un tel niveau de difficultés qu’elle est surnommée « L’Everest des mers ».
A quelques jours du départ du Vendée Globe, le 6 novembre prochain, (sauf vents contraires !), Francofil était en Finistère, tout à la « fin de la terre » dans la région Bretagne, dans le département le plus maritime de France.
Doté de trois façades directement exposées sur la mer, le Finistère est sans conteste le département le plus maritime de France avec 1200 kms de côtes ouvertes sur la Manche, la mer d’Iroise et l’Atlantique. Des côtes découpées, bordées de multiples criques sans compter les îles. Nulle surprise à voir émerger ici, dès les débuts de la navigation de plaisance, une intense activité liée aux sports et aux loisirs nautiques.
D’ailleurs, durant notre séjour, au Pôle Finistère Course au Large de Port la Forêt, créé en 1990, et devenu la référence absolue en matière de préparation des navigateurs de haut niveau, nous avons pu rencontrer quelques skippers en pleine préparation de la course qui nous assuraient, sourire aux lèvres : « Vous avez ici le vainqueur de la prochaine édition du Vendée Globe! ».
Leur palmarès d’ailleurs parlent pour eux:
Vincent Riou, vainqueur du Vendée Globe en 2004/2005; Armel Le Cléac’h, vainqueur de la Solitaire du Figaro à deux reprises (2003 et 2010) et de la Transat anglaise 2016. Deux fois 2ème du Vendée Globe; Yann Eliès, triple vainqueur de la Solitaire du Figaro (2012, 2013 et 2015). Champion de France de course au large en solitaire (2004 et 2006) et double détenteur du Trophée Jules Verne avec Bruno Peyron; Paul Meilhat, le benjamin de la bande, remporte la Transat AG2R en double avec Gwénolé Gahinet en avril, puis la Solo Basse-Normandie. Il a pour objectif cette 8ème édition du Vendée Globe qu’il courra sur l’ancien 60 pieds de François Gabart, précédent vainqueur du tour du monde.
Tous ces champions, et beaucoup d’autres, sont nés dans le Finistère à Brest, Saint Brieuc, Quimper, La Forêt-Fouesnant, Concarneau, territoire privilégié pour le développement nautique avec plus de 28.000 places de ports de plaisance répartis dans 15 ports (plus de 8500 places sur pontons, 2500 mouillages et 150 zones de mouillage et petits ports).
Ce secteur participe durablement à l’aménagement du territoire départemental car il génère un chiffre d’affaires de 300 millions d’euro et représente près de 4000 emplois finistériens.
Le Département a consacré près de 4 millions d’€ en 2016 à la filière nautique:
« Le nautisme finistérien et sa filière se sont structurés avec des réussites emblématiques : des activités nautiques scolaires développées sur tout le littoral, des activités de tourisme nautique de qualité portées par un large réseau de centres nautiques associatifs, publics et privés, une filière de construction typée et innovante, positionnée sur des marchés de niche, des résultats sportifs d’un excellent niveau … » souligne Nathalie Sarrabezolles, présidente du Conseil département du Finistère.
C’est toute une filière économique qui est adossée au tourisme avec ses 200 centres nautiques et écoles de sports de glisse, ses 500 entreprises dans la construction, l’innovation, la maintenance…
Avec des sociétés leaders comme…
La Voilerie Incidence, créée dans les années 80, n° 1 en France et dans le Top 5 mondial fabrique des voiles de croisières comme de super-yachts, pour des voiliers classiques comme pour des engins de course au large. De le R&D aux finitions, tout est pensé, conçu, réalisé, contrôlé et vérifié sur les 10.000 m2 de locaux du Groupe, répartis sur 5 sites en France.
Le petit chantier naval ADH Inotec démarre en flèche en 2015 lorsque le tour de France à la voile décide que les concurrents passeraient du monocoque au multicoque. Ce sera le Diam 24, trimaran de 7m de long embarquant 3 ou 4 marins, qui va remplacer les bateaux habitables sur lesquels se couraient les étapes de la course née en 1978. Le Diam 24 est un bateau souple et léger, capable de « faire le spectacle » devant le public assistant à la course le long des côtes… ADH Inotec emploie 11 salariés sur son chantier à Port-la-Forêt et a pour objectif de construire une centaine de bateaux par an avec de belles perspectives sur le marché anglo-saxon et nordique (Finlande)
Dans un tout autre registre, JFA Yachts est un chantier naval spécialisé dans la construction et la rénovation d’unités de grande plaisance « haut de gamme« . Yachts à voiles ou à moteur de 70 à 200 pieds. Intégré au cœur d’un complexe de construction navale de longue tradition, JFA Yachts, créé en 1993 et qui dispose de ses propres infrastructures, bord à quai et en connexion à l’élévateur bateaux , à Concarneau depuis 2000, bénéficie d’un environnement technique de haut niveau et de la présence sur site de nombreux sous-traitants spécialisés.
Chantier naval aux multiples trophées , Pogot Structures à Combrit-Sainte-Marine construit depuis 1987 des voiliers rapides pour le large, en équipage réduit. Composée de passionnés de bateaux, compétiteurs et croiseurs, l’équipe se consacre au développement et à la construction de voiliers modernes, accessibles à tous, consacrés dans les plus hautes compétitions. Les Pogos présentent l’un des plus beaux palmarès de la course au large.
… mais également des structures plus petites et prometteuses voient le jour :
Multitech Expertises intervient auprès des entreprises et des particuliers, mettant à leur disposition une expérience et une qualification unanimement reconnue dans l’expertise des systèmes mécaniques et composites. Installée à Brest, reconnue internationalement, l’entreprise assure une veille technologique permanente.
Créée en août 2013, la société Socarbon est spécialisée dans le développement et la fabrication d’hydrofoils et de planches de kitesurf. Son savoir-faire, dans le domaine des matériaux composites, s’étend de la stratification au contact jusqu’au moulage par transfert de résine (RTM).
Créées par deux ingénieurs pratiquant le kitesurf, les planches Inobo procurent une complète osmose avec l’environnement marin grâce à leur transparence. L’outil de personnalisation d’Inobo permet à chacun de créer une planche à son image. Enfin les planches sont connectées permettant d’évaluer et d’analyser ses performances en temps réel grâce à un système de mesure avancé et précis.
Carenecolo est une jeune société basée à Quimper qui a récemment breveté un système astucieux permettant d’installer une aire de carénage mobile sur des cales déjà existantes. Ce nouveau concept écologique, économique est aussi modulable sur toutes les cales ou parkings et limite les rejets dans l’océan.
Fondée en 2007 à Concarneau, Kaïros est une société dirigée par Sophie Verceletto et Roland Jourdain dit « Pilou », un peu le parrain de toute cette jeune génération, dont l’objet est de gérer tous les aspects techniques, logistiques ou administratifs des voiliers de compétition, mais aussi de conduire des projets extérieurs, qu’ils soient sportifs, techniques ou à caractère environnemental, pour le compte de marins ou d’armateurs qui veulent bénéficier de l’expérience de son équipe.
Deux jeunes entreprises ont bénéficié de ce « parrainage Kaïros » et ce furent nos coups de cœur!
La société Transsonique qui a mis au point l’EPOH, un dériveur ultrarapide équipé de patins stabilisateurs pour limiter le chavirage, un peu à la manière des petites roues fixées aux vélos pour enfants et Ino-Rope, star-up fondée en 2013 et spécialisée dans la conception et la réalisation de produits innovants inspirés de la course au large. Ino-Rope a développé une poulie en textile, sécurisée et très technique, qui ne contient pas de roulement à billes. Un produit quatre fois plus léger que ceux actuellement sur le marché.
Indéniablement, le nautisme est un des piliers économique, social et culturel du développement du Finistère, territoire nautique de référence au niveau national et européen. Les 3 secteurs de la filière (sports et activités nautiques, plaisance, industrie-commerce-services) représentent un CA de 308 M € cumulés et 3.800 emplois dans le département.
78 jours, 2 heures, 16 minutes et 40 secondes: c’est le record du Vendée Globe établi par François Gabart en 2013. Il pourrait être battu, mais tout au long de ces deux mois et demi ou moins (!), ici à Francofil et sur www.lasuededurable.com, nous reviendrons sur ces entreprises qui font la renommée et le succès de la filière nautique en Finistère.
Photos: DR, Rivacom, Finistère Economie, Ouest France