Une ministre d’Etat, ministre de la tolérance en Suède ? Non ! Une ministre du bonheur au Danemark ? Non ! Une présidente de Parlement en Norvège ? Non plus !… Une pilote de chasse sur avion de combat F16 en Finlande ? Non, nous ne sommes pas en Scandinavie mais bien aux Émirats arabes unis, cet État fédéral de 9 millions d’habitants situé au Moyen-Orient entre le golfe Persique et le golfe d’Oman et qui vient de fêter ses 45 ans ! Et plus exactement dans l’un de ses sept émirats, sa capitale Abou Dhabi.
C’est ici que s’est tenu le 11ème Sommet mondial des présidentes de Parlement. Durant 48 heures, les femmes dirigeantes de parlements du monde ont placé sur orbite l’avenir de l’humanité dans toutes ses composantes: paix, sécurité, stabilité, développement durable, croissance socio-économique et innovations technologiques…
Dans son discours de clôture, dit Déclaration d’Abou Dhabi, la présidente du Conseil national fédéral (le Parlement) des Émirats arabes unis, Amal Al Qubaisi, a souligné que ce sommet avait réuni des femmes dirigeantes, des ministres et des scientifiques. « La femme est au cœur du développement social », a-t-elle affirmé, avant de souligner « les contributions des femmes au maintien de la paix et de la sécurité internationale ».
Auparavant , le président de l’Union interparlementaire (UIP) Saber Chowdhury, a rappelé que les femmes représentent plus de 50% de la population mondiale « Elles ont un rôle déterminant dans le devenir de l’humanité à court, moyen et long terme« . C’est sans nul doute dans ce contexte que les présidentes de parlement ont cherché à façonner les objectifs mondiaux en matière de sécurité et de prospérité.
Le Sommet, organisé conjointement par l’UIP et le Conseil fédéral des Emirats sur le thème «Ensemble pour façonner l’avenir», a mis l’accent sur le rôle particulier que peuvent jouer les présidentes de parlement en unissant les parlementaires pour assurer la prospérité et la sécurité durables dans un monde en constante évolution pour les générations d’aujourd’hui et de demain.
Ce sommet a abordé des questions clés sur l’évolution du rôle du parlement en ces temps de bouleversements géopolitiques, environnementaux, scientifiques, technologiques et socio-économiques. Mais également des questions simples comme la démocratie participative. La représentante de la Finlande par exemple, Maria Lohela, seule Présidente d’un parlement nordique a particulièrement insisté sur la participation citoyenne, la promotion de la tolérance et l’innovation dans les relations élus/électeurs comme le référendum d’initiative populaire qui fait projet de loi dès qu’il recueille 50.000 signatures…
Les réunions et débats ont permis d’identifier les politiques et les lois nécessaires pour faire progresser la sécurité, la prospérité économique et l’égalité des sexes, et assurer la durabilité, tout en plaçant les peuples au centre de l’action parlementaire.
« Les guerres, les conflits et le terrorisme compromettent les plans des gouvernements et entraînent des reports, annulations ou révisions d’importantes initiatives d’investissement. Dans le même temps, les changements climatiques et la perte de la biodiversité constituent un risque pour des millions de personnes et leurs moyens de subsistance. » Pour chacun de ces défis mondiaux, ce sommet a examiné les politiques et les mesures concrètes que les parlements peuvent adopter pour protéger les droits de l’Homme, promouvoir la tolérance, faire progresser le développement et assurer la sécurité environnementale.
La question de l’égalité des sexes qui a connu une progression significative ces dix dernières années a favorisé le positionnement des femmes comme actrices de décisions au sein de plusieurs parlements. Rappelons qu’en 2005, il n’y avait que 19 femmes présidentes de parlement. Aujourd’hui, elles sont 53 et sont de plus en plus nombreuses à chaque élection.
Amal Al Qubaisi est ainsi la première femme à présider le Conseil national de la fédération des Émirats arabes unis, élue par ses pairs en 2015, et la première présidente d’un parlement national dans le monde arabe, est un personnage clé dans son pays et un exemple de la promotion, tout comme ses 8 collègues parlementaires (sur 40 députés)… (lire ici notre portrait de Amal Al-Qubaisi)
Tout comme les nouvelles ministres dont l’entrée au gouvernement, en février dernier, est perçue comme un signe d’ouverture de la part de Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, l’homme fort de l’Etat.
Telle Loubna Al-Qassimi, Ministre d’État pour la tolérance. Avant d’occuper ce ministère, elle était chargée de la coopération internationale et du développement. Le magazine Forbes l’a d’ailleurs classée 43e femme la plus puissante du monde, rappelle l’essayiste Guillaume Weill-Raynal sur son blog. Quant à Ouhoud Al-Roumi, la nouvelle ministre d’État du Bonheur, elle occupait précédemment les fonctions de directrice générale de la présidence du conseil des ministres.
Ajoutez une jeune étudiante de 22 ans, tout juste diplômée d’Oxford recrutée sur Twitter comme ministre de la Jeunesse…
sans oublier l’héroïne du pays, Mariam al-Mansouri, femme émiratie de 35 ans, première femme pilote de chasse à piloter un avion de combat F-16 et à avoir, dans le cadre de la coalition internationale, bombardé l’Etat islamique…
Tout , tout, tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes arabes mais quand on le veut (et ici, les décisions du souverain sont souveraines et sans conteste ! NDLR) ça peut aller mieux et la question de la femme progresse…! Ce Sommet des femmes dirigeantes de parlement que les Emirats ont eu l’honneur d’accueillir a voulu le montrer au monde entier. La déclaration finale d’Abou Dhabi l’a rappelé avec son slogan décliné comme un cri du cœur « Ensemble nous façonnerons l’avenir en vue d’un monde meilleur ! ». Rendez-vous l’année prochaine à Budapest.
Credits Photos: IUP,, FNC of UAE, DR, SteveMc Curry (expo 7 princesses, 7 émirats)
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