En mai 2017 et ce, jusqu’au 5 novembre, les fleurs ont pris le pouvoir à Chaumont-sur-Loire ! « Flower Power » !!
50 ans après le slogan utilisé par les hippies durant les années 60 et 70 et le fameux Summer of Love de 1967, un rassemblement à San Francisco durant lequel les jeunes américains avaient pour consigne de porter des fleurs dans les cheveux et de les distribuer autour d’eux… 50 ans plus tard, le Festival International des Jardins du Domaine de Chaumont-sur-Loire a choisi le thème du « Flower Power, le Pouvoir des Fleurs « pour sa 26ème édition.
Après les « Jardins du siècle à venir » l’an dernier, le Festival verse cette année dans le siècle passé et sa période hippie. “Les fleurs ont un pouvoir nourricier”, explique Chantal Colleu-Dumond, la directrice du Domaine et du Festival qui lance, telle une soixante-huitarde, “Faites les fleurs, pas la guerre !”. «Je suis fascinée depuis toujours par le pouvoir des fleurs, qu’il soit esthétique, symbolique, thérapeutique voire maléfique… Mais je trouvais aussi intéressant, en ces temps troublés, de faire référence aux années 1970, des années formidables de libération des corps et des esprits où les fleurs étaient omniprésentes.
«Nos batailles portaient plus sur des problèmes de société » relaie Coline Serreau la réalisatrice, présidente du jury « Je suis beaucoup plus écologique aujourd’hui qu’à l’époque. Le jardin pour moi, c’est d’abord un lieu de beauté. Mais la nature, c’est aussi un élément de notre santé. D’ailleurs, en général, l’être humain trouve beau ce qui lui est utile… La laideur tue, la nature et la beauté soignent. Ce festival est important pour cela» estime-t-elle.
Le Domaine de Chaumont-sur-Loire accueille le Festival International des Jardins depuis 1992. Cette manifestation constitue, chaque année, un panorama de la création paysagère dans le monde.C’est ainsi que Chaumont-sur-Loire a accueilli près de 400.000 visiteurs l’an dernier (dont la moitié sont des régionaux et des amateurs) qui “font” le Festival chaque année comme d’autres festivaliers vont à Cannes ou en Avignon…
Chaque année ce sont 30 jardins qui éclosent, une sélection drastique puisque ce ne sont pas moins de 300 candidats qui postulent à présenter leurs compositions dans les écrins de Chaumont-sur-Loire. Ces artistes fleuris sont des paysagistes, des architectes, des designers, des scénographes, des jardiniers de tous âges venus de tous les continents. Comment font-ils pour se rencontrer au pied de ce château du XVe et en surplomb de la Loire.? “Chaumont a une réputation extraordinaire, c’est devenu un label”, explique Chantal Colleu-Dumond.
Le Power Flower va des “Fleurs du mal” aux “Jardins suspendus” en passant par “De l’autre côté du miroir” et le “Bouquet d’après”, des titres toujours poétiques de quelques-uns de ces jardins remarquables…
Vous pouvez être envoûté par le «Pouvoir des sorcières», une sorte de maison-jardin, meublée de bric et de broc et ornée d’un bassin; être attiré par « La Fleur du mal » et ses cabanes noires qui font référence aux drogues….; être invité à vous étendre en «Tête-à-tête» parmi les fleurs.; aller «A la recherche du lupin blanc» inspiré des contes de Lewis Carroll; alerter sur le dérèglement climatique avec «Planète en ébullition» autour d’un bassin bouillonnant entouré de volcans d’où jaillissent des plantes tropicales…
Passé le labyrinthe de planches grises aux allures de casemate, le Pouvoir des Fleurs vous fait basculer dans un jardin idyllique, quand la nature a vaincu le chaos…
Depuis 2008, Chaumont-sur-Loire est devenu un centre d’art contemporain, inséré dans le cadre du parc et dans les dépendances du château. En 2017 c’est Scheila Hicks qui a été choisie pour composer une œuvre pour Chaumont: une tapisserie contemporaine, spécialiste dont elle est devenue leader dans le monde entier.
Le parc continue d’abriter une trentaine d’œuvres que les visiteurs ont appréciées au fil des ans. “À Chaumont, des familles viennent visiter les jardins et tombent sur l’art contemporain, alors qu’elles n’auraient jamais sans doute eu l’idée de pousser la porte d’un musée” dit Agnès Sainsoulier-Bigot vice-présidente régionale à la culture. Douze nouveaux artistes sont au rendez-vous de la 9e saison d’art parmi lesquels, outre l’installation de Scheila Hicks, citons les arborescences vertes de Sam Szafran, le « Nid des murmures » de Stéphane Guiran dans le manège des écuries et deux créateurs numériques, Miguel Chevalier et David Qualoya…
Festival des jardins: du 20 avril au 5 novembre. www.domaine-chaumont.fr
Crédits Photos: Henri Martin, DR et ci-dessus.