Gien, La Bussière, Saint-Brisson…: les autres châteaux de la Loire ! (1/3)

Si vous allez en France cet été, dans le Val de Loire, en voiture, à pied, à vélo (La Loire à Vélo), oubliez Chambord, Chenonceau, Cheverny et les foules de touristes qui s’y pressent. Passez par le Loiret, Gien, le Giennois à 1 heure de Paris, le spot le plus en amont du fleuve le plus long de France, et entrez dans les plus anciens châteaux construits bien avant les influences de la Renaissance italienne en France: Gien, La Buissière, Saint-Brisson sur Loire…

Ici, pas besoin de coupe-fil ou de réservation sur Internet. On n’attend pas en piétinant. Ce sont ces lieux qui nous attendent. Ils ont leurs génies. Ceux d’oasis en Vallée de Loire. De beaux domaines inconnus, ouverts au public, et à l’intérieur, des musées qui vous révèlent des histoires françaises… Situés au cœur du Val de Loire touristique, ils ne sont pas pris d’assaut. Tant mieux, profitez-en !

Le Château de Gien abrite le Musée International de la Chasse.

Le château de Gien est, l’un des châteaux de la région naturelle du Val de Loire à avoir été bâti avant l’arrivée des influences italianisantes et constituant ainsi un exemple de la Renaissance purement français. L’ornementation est faite à base d’appareillage de briques polychromes, créant des motifs géométriques.
Gien est l’un des tout premiers châteaux de la Loire tant par sa date de construction, dans les années 1490, que par sa situation géographique. Construit en lisière de la forêt d’Orléans, à l’emplacement d’un ancien rendez-vous de chasse, le château de Gien accueille les arts cynégétiques depuis 1952. Il rassemble des collections variées : peintures, tapisseries, dessins, gravures, sculptures, céramiques du XVIe au XXe siècle.
Le département du Loiret, propriétaire et gestionnaire du château, a engagé depuis 2012 une vaste rénovation du bâtiment. Mais c’est aussi toute la muséographie qui a été revisitée. Les travaux ont par ailleurs permis d’ouvrir des espaces jusqu’à présent inaccessibles. Le musée s’étend désormais sur une surface de 2 000 m².

L’année 2017 fera date dans l’histoire du château-musée de Gien. Après plus de quatre ans de travaux, il rouvre ses portes. Outre les arts cynégétiques, il présente l’histoire et les richesses naturelles du Val de Loire. Les premiers visiteurs sont de retour depuis le 22 avril dans un musée entièrement repensé,
La nouvelle présentation prend pour ligne directrice : la chasse, l’histoire et la nature en Val-de-Loire. La muséographie moderne met en valeur de riches collections sur les techniques de chasse au vol, à courre et à tir. Un espace d’introduction, présenté comme un cabinet de curiosités, propose un concentré des collections. C’est aussi une salle dédiée à la présentation du château, monument phare de la première Renaissance qui surplombe la ville.


« Le musée présente trois grandes pratiques cynégétiques : la chasse au vol, la chasse à courre et la chasse à tir.
Une quinzaine de salles d’exposition illustrent ces nouveaux thèmes. La chasse est présentée de façon pédagogique en tant qu’activité de loisir mais également à travers la découverte de la faune du Val-de-Loire. Le château de Gien prend le parti de faire se côtoyer animaux naturalisés, objets du quotidien et œuvres d’art.
Petits et grands sont invités à enrichir leurs connaissances tout en se divertissant grâce à des approches ludiques et à une immersion dans les paysages locaux. L’offre multimédia est désormais présente tout au long de la visite : créations audiovisuelles mais aussi dispositifs numériques, olfactifs, tactiles ou sonores jalonnent les différentes salles« : présente la conservatrice.

Le château accueillait avant sa fermeture plus de 17.000 visiteurs.. Il espère dès cette saison doubler son affluence ce qui le placerait dans le Top 10 des châteaux les plus visités en Val de Loire. Il constitue l’une des étapes de la route touristique européenne et est situé à proximité de l’itinéraire cyclo-touristique de La Loire à vélo.
www.chateaumuseegien.fr

Le Château de La Bussière entretient un « Jardin-Potager remarquable » et héberge le Musée International de la Pêche.

A une dizaine de kilomètres de là, dans la commune de La Bussière, le Château éponyme. Le château de La Bussière est connu dans la région pour son potager, son musée de la pêche et son architecture essentiellement des XVII e et XIXe siècles. Cependant, en l’examinant attentivement, on découvre que la bâtisse est beaucoup plus ancienne.
Comme posé sur une pièce d’eau de 6 hectares, le « château des pêcheurs », bâti au centre d’un parc de 60 hectares vaut désormais, aussi, pour son jardin-potager. Des communs, une grange aux dîmes, une orangerie, des écuries et un pigeonnier datent du XVIIe siècle. Le château en briques est situé dans un parc à la française dessiné par André Le Nôtre. Le parc et le potager du jardin possèdent le label « Jardin remarquable ». Le musée présente une collection de matériels de pêche et d’œuvres d’art sur la pêche en eau douce, dont un des derniers espèces de cœlacanthe (poisson avec poumon NDLR!!)…
Le château est ouvert au public depuis 1962.

Forteresse au XIIe siècle, le château de La Bussière, a été transformé en demeure de plaisance au XVIIe siècle. Cet imposant château posé sur l’eau a une délicieuse particularité : un jardin, ou plutôt un potager extraordinaire. Aménagé au XVIIIe siècle à la place de l’ancienne vigne, ce potager ancien s’étend sur un hectare et demi, clos de murs, regorgeant de fruits, de fleurs et de légumes d’autrefois. Nous n’avons pas eu le loisir de le visiter (trop tôt dans la saison NDLR!!) mais Bertrand Bommelaer, l’un des actuels propriétaires, le maître des lieux le raconte :

« Trois jardiniers y travaillent d’arrache-pied, en toute saison, pour entretenir et valoriser ce trésor d’où émanent mille parfums et saveurs. Ce jardin potager a trois vertus : fleurir, soigner et nourrir… Tout est minutieusement réfléchi. Ici, le carré des légumes, dont la récolte est vendue au public; là, les 50 variétés de plantes aromatiques et plantes médicinales, comme cette étonnante consoude, plante magique pour les articulations, les entorses et la digestion. Un peu plus loin, on découvre un original HLM à pommes de terre, puis le carré des neuf variétés de choux et des quarante variétés de tomates, sans oublier l’espace des cucurbitacées et le couloir des courges suspendues… » 

« …Tout au fond, sur 800 mètres carrés, se situe l’univers des fruits rouges dont la cueillette est ouverte au public de juillet à septembre. Et juste à côté, le verger où des transats sont installés tout l’été…. Et au cœur de ce jardin potager trône le vieux puits et l’élégante serre dont l’armature de fer est habillée de plantes grimpantes. Un endroit idéal pour une pause pique-nique tout en sachant respecter les lieux, l’architecture et la structure de ce jardin à la française…. À cette volonté de préserver l’histoire, s’ajoutent celles du jardinage au naturel, sans pesticide, et de l’arrosage intelligent avec l’eau de l’étang et l’utilisation du paillage. Comme faisaient nos aînés... »

Le jardin potager du château de La Bussière est bel et bien un endroit hors du temps où plus rien n’existe, sinon le plaisir de la contemplation et de la découverte. Et comble de bonheur, il est même recommandé de toucher les plantes, histoire d’emporter avec soi un petit parfum de paradis.

Jusqu’au 31 août, le château est ouvert tous les jours, de 10 à 18 heures.
www.chateau-de-la-bussiere.fr

Saint Brisson-sur-Loire: le château dont vous êtes le roi !

A six kms au nord entre Gien et Briare, le château de Saint-Brisson-sur-Loire. C’est d’ailleurs, en venant de Paris, le tout premier château de la Loire situé le plus en amont sur le fleuve.
Découvrir un domaine autrement, en étant acteur de sa visite plus qu’auditeur de son guide-audio ! Voilà le nouveau credo du château de Saint-Brisson-sur-Loire. La curiosité est le moteur d’un passage réussi à Saint-Brisson.

Un nouveau cycle de vie s’ouvre pour le château de Saint-Brisson-sur-Loire. Après avoir été légué à la mairie en 1987, la bâtisse a alors été reprise il y a 2 ans, par Lancelot Guyot, un jeune homme de 25 ans, issu d’une famille qui a à cœur de sauver ce genre de bâtisses. Le nouveau propriétaire entend faire de sa dernière acquisition un endroit vivant et respectueux de l’histoire « Mon but est de proposer des solutions afin de sauver les monuments historiques, leur apporter les ressources nécessaires à leur maintien. À un moment où la culture est en crise et où de moins en moins de personnes visitent les châteaux, mon défi est d’arriver à créer des activités pour faire revenir le public. le château doit devenir un phare culturel de la région. Les visiteurs ne seront pas seulement des spectateurs. Je mettrai en place des visites vivantes, le tout dans le respect de l’histoire et du lieu« ,

Après un réaménagement des lieux de huit mois, il imprime sa marque. L’objectif : retranscrire au mieux la vie du monument. « Les châteaux n’ont pas été construits pour être des musées, mais des maisons de famille. Il faut faire ressentir cet esprit. ». Le résultat est innovant. Finies les visites guidées pour arpenter de long en large l’édifice, et revenir sur son histoire. À la place, le château est interactif. Au fil des pièces, on peut ainsi s’arrêter pour disputer une partie de billard français, se déguiser et poser dans un tableau grandeur nature, dessiner des blasons du Moyen Âge, jouer en extérieur… Une bonne dizaine d’activités pour tous âges qui offrent à chacun la possibilité de personnaliser sa visite.

« Participer aux activités ne doit pas reléguer le château et ses pièces au second rang. Pour inciter les visiteurs à s’intéresser au mobilier, un jeu d’enquêteur est mis en place : des indices sont dispersés un peu partout dans et à l’extérieur du château. Des chiffres permettent de reconstituer un code qui permet d’ouvrir un coffre dans la salle du trésor, dans lequel trône un cadeau… de la carte postale jusqu’à une bouteille de Coteaux du Giennois… Des familles passent plusieurs heures à chercher les indices ! Ça récompense les curieux, ceux qui observent et participent aux activités », s’amuse Lancelot Guyot,

Surtout, le château s’enrichit avec la valorisation du parc. On peut désormais s’y promener longuement, pour profiter de l’exceptionnel cadre mais aussi, et comme dans le château, s’amuser en attaquant un petit fort, en pratiquant des échecs grandeur nature, ou en profitant de la « plaine des jeux », regorgeant de multiples autres possibilités… D’ailleurs les extérieurs de la forteresse abritent la reproduction de quatre machines de guerre fonctionnelles du Moyen Âge (une cerbatane, un mangonneau, un couillard et une pierrière!! Quatre nouveaux mots pour enchanter votre langue française NDLR!!)…

Cette année sera la deuxième saison de réouverture et « devrait atteindre son seuil de rentabilité soit 15.000 visiteurs (100/110 personnes par jours). C’est un gros pari de reprendre un château comme celui-là, et c’est grâce aux visiteurs que j’y arriverai, ou pas. Ils sont les premiers mécènes de ce patrimoine. » termine Lancelot.
www.chateau-saint-brisson.com

N’hésitez donc pas à faire un détour par les châteaux de Saint Brisson, La Bussière, Gien, les châteaux de la Loire à visiter autrement, à l’abri des foules et des circuits classiques, des châteaux qui vous accueilleront de façon royale!

Dans le second volet de notre reportage, nous vous ferons découvrir les autres spots de la région comme la Faïencerie de Gien et son musée, la manufacture des Émaux de Briare, le Pont-Canal de Briare et l’écluse de Mantelot, les itinéraires cyclables de « La Loire à Vélo », sans oublier de goûter aux asperges et lentilles de Gien et déguster les vins des Coteaux du Giennois…

Crédits photo: DR et www.gien-tourisme.fr