Via Garona: À la découverte du patrimoine de la Haute-Garonne (2/2)

Avant que la saison d’été 2017 batte son plein, l’INSEE (l’Institut français des Statistiques) avait publié une dernière étude sur la fréquentation touristique et placé l’Occitanie en tête des régions touristiques de France avec plus de 10 millions de touristes au printemps/été 2016 (la France en compte près de  85 millions).

L’INSEE confirmait ainsi, l’Occitanie (ex-région Midi-Pyrénées) avec à sa tête Toulouse, 4ème ville de France, capitale historique du Sud-Ouest et du Languedoc, comme la région de métropole la plus visitée depuis 2015.

Dans ce contexte et, avec cette nouvelle tendance de mobilité qui redécouvre les pouvoirs de la marche (voir les magazines et les hebdo de l’été), la Via Garona, le nouveau chemin de randonnée (labellisé Grande Randonnée GR 861) inauguré le mois dernier: 170 kms à travers la Haute Garonne, de Toulouse à Saint-Bertrand de Comminges sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle a toutes les chances de battre tous les records de fréquentation.

Il peut se faire d’une traite ou par étapes et va à la découverte d’un patrimoine bâti, précieux et préservé de l’époque romaine à nos jours. Au gré de 41 communes du département, il offre la découverte de 3 grandioses basiliques, 6 monuments classées au patrimoine mondial de l’UNESCO et plus de 500 espèces animales et végétales recensées…

Dans notre précédent épisode, nous avons donc quitté Toulouse et sa Basilique Saint-Sernin et sommes ici à une cinquantaine de kilomètres plus au sud, à Rieux-Volvestre « La Cité pas à pas »…
C’est justement dans l’un des méandres de la Garonne que le village médiéval, synonyme d’arrivée du jour, a été érigé. Il n’y a qu’à lever le nez pour observer ses maisons à colombages anciennement gratifiées du label «Plus beau village de France» et jouissant désormais de celui des «Plus beaux détours de France», qui regroupe des petites villes touristiques situées en dehors des grands axes routiers. Dès lors, impossible de se soustraire à la visite de l’imposante cathédrale, datée des XIVe et XVIIe siècles et classée monument historique, où se cache un trésor épiscopal composé de reliquaires, tableaux ou autres objets liturgiques. La cathédrale de la Nativité-de-Marie de Rieux est une cathédrale catholique romaine. Mais c’est bel et bien avec la lumière du soleil couchant sur sa façade en briquettes que le clocher octogonal de Rieux-Volvestre est le plus beau à voir…

A voir le Village Gaulois:

Les Gaulois de la région de Toulouse, ont laissé de nombreuses traces tout le long de la Garonne. Et le village de Saint-Julien est un village reconstitué de l’époque gauloise à vocations touristiques, pédagogiques et scientifiques
« Le Village Gaulois est la construction d’une vingtaine de maisons et bâtiments en bois, terre et chaume. Ces bâtiments ont fait l’objet d’étude avant leurs constructions par des archéologues pour avoir une reconstitution fidèle de l’habitat de l’époque gauloise… Des artisans (poterie, dinanderie, teinturerie, tissage, tabletterie, vannerie, orfèvrerie, forgeron…) investissent le lieu et présentent les savoir-faire déjà connus au deuxième âge du fer (-450 à 50 apr. J.-C.)… Le village est ouvert au grand public d’avril à novembre (ouverture tous les jours juillet et août)… et n’allez pas comparer avec le Parc Astérix ou bien encore l’irréductible village gaulois de la bande dessinée… Nous c’est historique et archéologique. Ils sont vraiment passés par là… » sourie Jean-Luc Blanchard, le maître d’oeuvre du Village.

Etape suivante: Martres-Tolosane, la cité de la faïencerie d’art labellisée « Villes et Métiers d’Art », sur la Garonne à une soixantaine de kms de Toulouse. « Une dizaine de faïenciers il y a 10 ans encore une demi douzaine aujourd’hui dans cette petite commune de 2000 habitants ». Ancienne nécropole paléochrétienne, le nom Martres vient du latin martyrum . Ce toponyme, dans la majorité des cas, désignait un cimetière antique ou barbare.  A l’époque gallo-romaine, une immense et somptueuse villa s’élevait au lieu-dit « Chiragan ». Il s’agit d’un des plus grands villages de tout l’Empire romain. Les fouilles pratiquées sur ce site ont livré des sculptures en marbre tout à fait exceptionnelles comme des bustes romains (iie-iiie siècle) découverts en 1826 et qui font la fierté du Musée Angonia.

A voir au Grand Presbytère de Martres jusqu’au 5 novembre: L’exposition d’art contemporain « Sylvian Meschia, en Terres Inconnues » … Tout est prétexte à l’art en Terres Inconnues. Rien ne se jette, tout se recycle et reprend vie sous les doigts de l’artiste. Vieilles voitures, tracteurs bidons, vélos, horloges renaissent dans une grande marmite artistique… » nous déclame le poète Meschia.

Direction Castillon de Saint-Martory et l’Abbaye de Bonnefont

L’abbaye de Bonnefont-en-Comminges est une abbaye cistercienne française. Fondée en 1136, elle  a joué un rôle dans la région tant au point de vue religieux qu’artistique, agricole, économique et même politique. Ainsi, l’abbaye a prospéré en créant de nouvelles abbayes dans la région, et en Espagne, et en construisant des bastides: Boussens, Carbonne, Plaisance du Touch, Lestelle de Saint-Martory… pour accueillir les moines en pélerinage.
Si le déclin progressif de la communauté s’est amorcé à partir du XIVe siècle, c’est la Révolution qui mit un terme à l’activité des moines. L’abbaye fut alors vendue comme Bien national et ses nouveaux propriétaires s’occupèrent de la démanteler. Ses éléments se retrouvent ainsi dispersés: une grande partie du cloître a été remontée dans un jardin public de Saint-Gaudens, le reste serait aux États-Unis au musée des cloîtres de New York!!
Dans les années 1980, des associations ont racheté le site afin d’assurer sa sauvegarde. Site classé monument historique, l’abbaye de Bonnefont a mis en place un accueil spécial et un programme particulièrement étoffé d’animations pour toute la période estivale. (Voir page FB)

Comme chaque année, elle sera aux rendez-vous des grands événements nationaux : en particulier les journées du Patrimoine du 16 et 17 septembre.

Direction Saint-Gaudens à une centaine de kms au sud-ouest de Toulouse, à l’entrée du Parc naturel des Pyrénées, à une vingtaine de kms de la frontière espagnole. Saint-Gaudens constitue une ville-étape sur la liaison historique Toulouse-Bayonne par le train et Toulouse-Espagne par la route.

Il faut passer un moment à se promener dans Saint-Gaudens et ses alentours, et notamment en s’arrêtant à sa Collégiale. La Collégiale Saint-Pierre de Saint-Gaudens, construite au XIe et remaniée au XVe puis au XIXe siècles, classée monument historique en 1840. C’est un des édifices représentatifs de l’art roman dans cette région. Il faut voir l’actuel buffet d’orgue classé aux monuments historiques en 1980. L’instrument date de 1831 et a été restauré en 1875. Il faut admirer les inestimables tapisseries d’Aubusson, certaines de près d’une dizaine de mètres de long, tissées à la Manufacture Royale d’Aubusson pendant la deuxième moitié du xviie siècle…

 

 

A voir: À l’ouest de la ville, la route nationale 117 et la route départementale 21 forment le circuit automobile du Comminges qui a accueilli.le Grand Pix de France en 1928 et une quarantaine de Grands Prix Autos et Motos entre 1925 et 1954. Les tribunes en bois sont toujours conservées. Et un Musée vient d’y être inauguré en avril 2017

« Ce site regroupe toute l’histoire documentée sous toutes formes des 18 Grands Prix Autos et 16 Grands Prix Motos du Comminges durant la période 1925/1954. Le Musée comporte un « espace historique » avec d’une manière millésimée toute l’histoire sportive du Circuit et les grands évènements comme les Grands Prix de France (ACF). L’espace thématique lui regroupe des sujets forts sur des Grands Prix « il y a 90 ans, 1927 » et « il y a 70 ans, 1947″… »  se passionnent Michel Ribet et son équipe.

Terme de notre randonnée: Saint Bertrand de Comminges classé dans la liste des « Plus beaux villages de France ».
Jadis appellée Lugdunum, ville romaine de 10 000 habitants, remarquable pour ses ruines antiques et plus encore pour sa cathédrale romano-gothique (XI-XIIe), inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Sa voisine, la basilique Saint-Just de Valcabrère (XIIe), bâtie avec les pierres de la ville antique de Lugdunum, est l’un des plus beaux témoignages de l’art roman pyrénéen.

« L’origine de la Cathédrale Sainte-Marie remonte au début du Moyen-Age. Elle fut continuellement enrichie jusqu’au XVIe siècle d’éléments architecturaux et décoratifs. De l’époque romane, on peut encore admirer la tour carrée du clocher et le linteau du portail représentant les douze apôtres.
A l’intérieur de la cathédrale, au milieu de la nef gothique, le regard est ébloui par le chœur de stalles en bois et par le magnifique buffet d’orgue, considérés comme des joyaux de la Renaissance…
 » nous instruit notre guide. « Quand à la Basilique Saint-Just-de-Valcabrère, plus bas, elle est construite à l’emplacement d’une nécropole d’époque romaine, cette église romane a la particularité de présenter de très nombreux réemplois antiques dans son architecture ce qui lui confère une indéniable originalité… »

La commune, qui ne compte plus qu’environ 250 habitants, vit essentiellement du tourisme, surtout sur la ville haute autour de la cathédrale, la ville basse vivant surtout de l’agriculture. Chaque année près de 80 000 touristes visitent les sites de Lugdunum et de Saint-Bertrand-de-Comminges.

A voir à l’Ancien Couvent des Olivétains, transformé en Centre Culturel et Office de Tourisme: l’exposition photographique d’Olivier Jobard « Tu seras suédoise ma fille » jusqu’au 1er octobre. « Le photographe a accompagné le périple (4.000 kms/30 jours) d’une famille syrienne à travers 9 pays et son arrivée à Brömolla en Suède. Le poids des images et le choc des photos! »

Et si sur Saint-Bertrand, sa cathédrale, sa Basilique son Couvent des Olivetains semblent flotter 2000 ans d’histoire, l’avenir s’y jouera aussi:

Les 8 et 9 septembre prochains, 100 décideurs nationaux et internationaux seront réunis dans la cité médiévale de Saint-Bertrand-de-Comminges pour la première édition de The Village. Organisée par La Tribune, le Comptoir de l’Innovation INCO et la région Occitanie, cet événement inédit va permettre à 100 personnalités d’échanger sur l’économie sociale et solidaire dans un cadre dépaysant et propice à la réflexion. C’est une première. décideurs publics et privés, startuppers, entrepreneurs sociaux, artistes ou encore chercheurs de France et du monde participeront à la première édition de The Village.

Cette vue panoramique sur les Pyrénées sillonnée par une intarissable Garonne dont le parcours recèle de trésors architecturaux : tel est le programme du GR 861 Via Garona, une ancienne portion oubliée des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle, longeant la Garonne et réhabilitée par le Conseil départemental. «Et ce n’est pas fini …!!! » annonce fièrement Didier Cujives, président du comité départemental du tourisme. « Ce projet trouvera son prolongement avec TransGarona, une piste cyclable reliant Toulouse à Vielha en Espagne. Sa réalisation devrait être terminée entre 2020 et 2021. Cette piste fera le lien entre la source du fleuve et son aboutissement dans l’estuaire de la Gironde». Préparez vos mollets!!

Sur la Via Garona des savoir-faire artisanaux: 

La ferme de Prouzic à Valentine, produits laitiers du terroir: « Notre ferme est située au sommet d’un coteau boisé, à l’orée d’une forêt à l’extérieur du village de Valentine? Elle compte 50 vaches laitières qui produisent le lait pour fabriquer le lait cru, les yaourts et le fromage. Notre force réside dans l’authenticité et la transparence de notre production. Toutes les productions s’effectuent à la ferme : l’ élevage de vaches laitières et la transformation du lait cru en yaourts et fromages… Et on peut goûter sur place! » nous proposent Pierre et Bruno Techene, les propriétaires, producteurs, traiteurs… Pour en savoir plus ici:

Daniel Soupène et son algue montagnarde: la spiruline ! « Pour les non initiés, la spiruline est une micro-algue qui présente de nombreuses vertus qualifiées pour l’avenir de l’homme et de la Terre!! On retrouve des protéines avec 65 % de sa composition contenant les 20 acides aminés essentiels, une teneur exceptionnelle en fer, de la vitamine B12, … Cette algue contient pratiquement tous les composants d’un aliment complet idéal ! Une production qui s’étale d’avril à septembre et qui nécessite un suivi très pointu… » nous raconte le spirulinier. Pour en savoir plus ici

Enfin quelques bonnes adresses pour le réconfort avant ET après l’effort! Dès Toulouse:
La Couleur de la Culotte: Ce bar branché à l’ambiance chaleureuse sert des cocktails maison et programme des mix house et electro. Place Saint-Pierre.
Le Bar Basque: Ce bar aux murs de briques, doté d’une terrasse, fait club le soir avec des mix DJ et des soirées étudiantes. Place Saint-Pierre.

L’Hôtel Restaurant du Lac, 7 promenade du Lac, 31360 Boussens tenu par Hubert Soulié  » maître restaurateur » et son épouse Marie-Alice depuis 1989:
« Notre hôtel 2 étoiles vous accueille en Midi-Pyrénées. Profitez du paysage grâce à notre terrasse ainsi que notre jardin au bord du Lac. Dans notre restaurant vous pourrez déguster une cuisine gastronomique de qualité, distingué par Table Gastronomique, Tables et Auberges, Maître restaurateur… »

L’Hôtel Restaurant Castet – Avenue de la Gare. 31220 Martres Tolosane
« L’ancienne buvette de la gare de Martres-Tolosane, tenue par la famille depuis quatre générations a subi un relooking total voilà un an. La décoration y est sobre, épurée et élégante, pour apprécier à sa juste valeur les plats qui sont servis ici. La maison des époux Sales est le rendez-vous des gourmets, avec des spécialités du Sud-Ouest et de poisson. A la carte par exemple, salade aux deux foies gras, tournedos Rossini, cassoulet au confit de canard, magret de canard grillé, demi-homard, demi-pigeonneau rôti et sa poêlée de salsifis, tronçon de lotte et son duo de navets farcis aux salsifis… L’accueil est charmant, le service professionnel et la cuisine toujours raffinée. Voilà une excellente adresse... » recommandée par Le Petit Futé.
On n’a pas goûté à tout (!) mais sur le chemin de la Via Garona, belle randonnée familiale sans grandes difficultés, aux portes de Toulouse jusqu’aux premiers reliefs des Pyrénées, en longeant la Garonne, que vous la fassiez en une traite ou par étapes, l’adresse vaut le détour et quelques fois on peut même s’y perdre (!!)

Crédits Photos: DR et www.hautegaronnetourisme.com