Finlande: un siècle d’indépendance et de « sisu », cet esprit typiquement finlandais!

En 2017, la République de Finlande fête ses 100 ans. A l’image du pays, les festivités restent humbles et sans paillettes. Mais les Finlandais veulent ancrer l’année comme un symbole d’une Finlande qui donne envie.

On connait la Finlande pour sa forêt, son bois et son papier (Stora Enso, UPM-Kymmene, leaders mondiaux dans leur secteur), Nokialand (toujours pôle d’excellence), ses compositeurs de musique (Sibelius), son architecture (Aalva Alto) et son design pur nordique, sa littérature (Tove Jansson pour ses Mumin et Arto Paasilinna pour sa douce folie poétique et son parodique Lièvre de Vatanen), son cinéma, les frères Kaurismaki sont aussi connus que leurs confrères Dardenne en Belgique et le francophile Aki (L’Homme sans tête) a réussi a faire un film culte dans l’un des ports les plus désolés de France Le Havre, qui fête lui ses 500 ans, et ressemble oui à celui d’Helsinki)…

Le sport est le passe-temps national en Finlande. Tous les sports et pas que les plus insolites!! L’automobile avec son école de conduite en F1 (Keke Rosberg, Mikka Hakkinen), en rallye (Ari Vatanen, Marcus Grönholm); l’athlétisme (Paavo Nurmi, 5 médailles olympiques aux Jeux de Paris 1924, Lasse Viren sur 10.000m) et le javelot finlandais est toujours une référence dans l’industrie du sport. Mais une référence pour les Finlandais c’est bien sûr les sports d’hiver, le ski nordique, le saut à ski et ses tremplins (Il existe un tremplin dans chaque village du pays et on se rappellera du « fou finnois » volant Toni Nieminen qui fut le premier à sauter au-delà des mythiques 200m (bourré!!!) dans les années 70.
Sous substances illicites ou pas, la Finlande est aussi connue pour ses concours de sports insolites: Mondial de foot de boue, Lancer de portables, Porter de femmes, championnat de durée de sauna (1mort!! Ça a cessé!!), d’écrasement de moustiques.., Mondial d’Air Guitar (guitare imaginaire)…!! Ou bien encore Championnat de cheval-bâton…

Plus récemment la Finlande a osé le pari de présenter un groupe de Death Metal au Concours de l’Eurovision, Lordi et l’a remporté devant tous ses concurrents « variétés » !!

La Finlande, capitale Helsinki, « le pays aux 1.000 lacs » (il y en a près de 200.000 surtout au centre et à l’est du pays), c’est à la fois le pays du folklorique Père Noël et celui du mythologique Kalevala mais c’est aussi le pays qui est considéré comme le meilleur élève de l’Europe… avec des résultats à faire pâlir ses 27 collègues dans bon nombre de secteurs.
Plébiscitée par les plus grands documentaristes comme Michael Moore, qui, avec le film Where to invade next montre la réussite du système éducatif finlandais, mais aussi par les plus grands journaux comme The Independent qui a classé le pays 1er au monde en matière de niveau de vie de la population, la Finlande s’offre une année de fierté.

Depuis quelques années, l’Europe semble lorgner sur les réussites sociales novatrices de la Finlande. Education, égalité homme-femme, écologie : le pays d’à peine 5,5 millions d’habitants expérimente toujours et encore, jusqu’à devenir un exemple ces derniers temps avec le revenu universel. Est-ce sa jeunesse qui lui donne des ailes ? Car la Finlande n’a que 100 ans et fête, tout au long de 2017, une indépendance chèrement gagnée.
« Ensemble » : c’est le thème qu’a choisi la Finlande pour fêter son premier siècle. Car il fut un temps où la Finlande n’était pas « ensemble ». La guerre civile, même, déchira le pays.

Un peu d’histoire :
l y a 10 000 ans, l’Europe du Nord était recouverte d’une couche de glace qui finit par fondre : c’est alors que des peuples issus du sud commencèrent à coloniser la région aujourd’hui connue sous le nom de Finlande. Douze siècles plus tard, au moment des croisades, le Royaume de Suède met la main sur son voisin de l’est. Pendant 600 ans, la Finlande est rattachée à la Suède, jusqu’à ce que les Russes, après une guerre sans merci s’empare du pays en 1808. Le territoire devient alors un grand duché sous domination russe, mais conserve sa législation et son administration, les fondations de la future Finlande. Au milieu du XIXe siècle, le peuple commence à se rebeller et profite de la chute de l’empire russe lors de la Première Guerre mondiale pour déclarer son indépendance le 6 décembre 1917.

Une Finlande définitivement moderne
L’histoire a donné à la Finlande, un des plus grands pays d’Europe en superficie, le pouvoir d’aller de l’avant, d’expérimenter, de voir vers l’avenir dans la sérénité. « Nous nous sommes battus pour la liberté, en 1917 comme en 1939-45 contre les Russes, explique Riitta à Radio France Internationale. Et même si nous l’avons chèrement payé après la Seconde Guerre mondiale, ce centenaire est un véritable symbole de ce qu’un peuple peut faire pour son indépendance. »
Depuis un siècle, la Finlande tente donc de construire une sorte de société idéale. Sonia, franco-finlandaise née en France, voit son deuxième pays comme une « belle démocratie ». « Entre l’égalité des sexes (plusieurs femmes ont été présidentes), la liberté de la presse, une éducation en constante évolution et une véritable politique efficace de protection de l’environnement, je passe mon temps à expliquer aux gens à quel point ce pays peut-être un exemple. En matière d’écologie notamment, ils ont 30 ans d’avance sur nous » (RFI). Bien sûr tout n’est pas rose : 8,9% de chômage pour 5,5 millions d’habitants ; nationalisme et extrême droite prennent de plus en plus de place et l’alcoolisme continue à faire des ravages.

Célébrations
Plusieurs événements ont été organisés en France pour célébrer les 100 ans de la Finlande et notamment à l’Institut finlandais où les visiteurs ont été invités à vivre comme dans un village finlandais à l’ancienne appelé Koti. « C’est une formidable opportunité de vivre un moment culturel finlandais, explique la directrice de l’institut, Meena Kaunisto. On propose des films, documentaires, dessins animés à nos invités pour s’imprégner de notre façon de voir la vie ».Le village est reparti sur les rives de la Baltique.
Le musée du Quai Branly a fait découvrir la Laponie avec l’exposition Sur les traces des Sàmis en avril dernier et l’ambassade de Finlande propose une exposition de photos en plein air sur le parvis des Invalides en septembre prochain.

« Dans la société finlandaise, explique Nora Klami, conseillère à l’ambassade de Finlande en France,tout est dans le partage. Car la création et la construction de la nation finlandaise furent en leur temps le fruit d’efforts conjugués ». Plus de 2 000 évènements dans le monde ont donc été prévus, avec de grandes fêtes bien sûr, comme au jour de l’an à Helsinki où toute la ville était dehors. « Cependant, insiste la conseillère, on laisse l’opportunité à chacun et à chaque institution de programmer ses propres célébrations ». (RFI)
« Dans nos familles nombreuses à l’époque, cette indépendance a parfois été mal vécue, explique Riitta, 68 ans, habitante d’Helsinki. Des frères se sont entretués pour le pays. C’est pour cela que ce centenaire est à la fois une fête patriotique, mais aussi une commémoration. » (RFI)

L’exception finlandaise !
Si la Finlande n’est pas dans les premiers pays pour la durée moyenne de vie (le Japon et la France sont aujourd’hui en tête dans ce palmarès), elle est mieux placée que la France pour les chances d’arriver à 35 ans en bonne santé.
Dans le domaine du cancer, on parle même d’« exception finlandaise » pour décrire le phénomène suivant : les cancérologues et urologues signalent et mesurent une fréquence accrue du cancer du testicule partout dans le monde (en tous cas partout où existent des registres du cancer, et surtout dans les pays riches où les populations à peau blanche dominent, notamment au début des années 1990 en Europe). Or, pour des raisons encore inexpliquées, la Finlande semble être le seul pays épargné par ce phénomène, alors même que le proche Danemark semble le pays le plus touché au monde, avec des taux de cancer quatre fois plus élevés qu’en Finlande dont il n’est séparé que par la Baltique ; la Finlande serait le pays (suivi) le moins touché au monde, et la qualité du sperme y semble également la meilleure. De nombreux indices plaident pour des causes environnementales et tout particulièrement pour les cancers de l’enfant, une exposition à des perturbateurs endocriniens ou à des produits cancérigènes in utero. Dans ce dernier cas, ce cancer est un des éléments du syndrome de dysgénésie testiculaire qui ne semble inexplicablement pas exister en Finlande.

Si , à l’image du pays, les festivités restent humbles et sans paillettes, les Finlandais veulent tout de même, en cette année du centenaire, insuffler leur « sisu » national. Cette forme de ténacité typiquement finlandaise. Un dicton assure que les Finlandais sont capables de « fendre même une montagne en granit ». Il est certain en tout cas que l’environnement arctique leur a forgé un caractère bien trempé…! C’est ce qu’ils appellent le « sisu ». Voilà pourquoi ils ont la réputation de ne jamais renoncer… A bon entendeur!!!

Crédits photo: Finland.fi, Institut Finlandais Paris, DR