La Côte Vermeille au sud des Pyrénées-Orientales commence à Argelès-sur-Mer et se prolonge jusqu’à la frontière espagnole à Port-Bou en passant par Collioure, Port-Vendres, Banyuls-sur-Mer et Cerbère. Elle correspond à l’endroit où le massif pyrénéen rencontre la Méditerranée. Le « rivage méditerranéen des Pyrénées » est depuis 2002 inscrit par l’UNESCO sur la liste du Patrimoine mondial.
C’est un petit bout de France, niché à l’extrême sud au bord de l’eau, entre Perpignan, « le Centre du monde » (dixit Salvador Dali) et la frontière espagnole, où le soleil brille « plus de 320 jours par an » dit-on! Sur près d’une trentaine de kilomètres, la Côte Vermeille déploie ses merveilles naturelles, au fil d’une route départementale sinueuse.
Elle présente des criques rocheuses, de vieux ports de pêche préservés avec les Pyrénées en toile de fond et des vignes à flanc de coteau. Les ports de la Côte Vermeille sont spécialisés dans la pêche du poisson bleu (sardines, thons, anchois, maquereaux). Jusqu’au début des années 1950, la pêche était entreprise avec des barques catalanes, très maniables et robustes par gros temps. Dans la plupart de de ces ports la pêche est aujourd’hui en déclin et. les bateaux de pêche sont remplacés par des bateaux de plaisance.
Si l’on connait mieux Collioure surnommé le « Joyau de la Côte Vermeille », avec le clocher-phare de son église au bord de l’eau, son château royal dominant le port et sa route des peintres -pas étonnant que le fauvisme soit né ici, sous le pinceau de Matisse ou de Derain, qui ont vécu à Collioure. « Il n’y a pas en France de ciel plus bleu que celui de Collioure. Je n’ai qu’à fermer les volets de ma chambre et j’ai toutes les couleurs de la Méditerranée chez moi », disait Matisse-…
… Ou encore Banyuls-sur-mer, son port de plaisance, ses palmiers et son vignoble qui a donné son nom à des vins doux naturels, sombres et corsés, réputés dans le monde entier, que l’on peut déguster dans les caves locales (Domaine Pic Joan, Banyuls Cuvée Paul Reig, Domaine Terres des Templiers…)…
On connait moins bien Port-Vendres, entre les deux à la sortie de Collioure. Petit port actif et populaire avec son imposante église rose de style espagnol, dressée sur le quai et son obélisque de marbre haut de 33 m en hommage à Louis XVI et à l’indépendance américaine. La ville de 4.000 habitants a gardé son charme et sa beauté -« La Cité de Vénus » comme on l’appelle aussi (la légende raconte encore qu’un temple dédié à la déesse de l’Amour serait encore enfoui dans les eaux du port !!!…)- et conservé son activité de port de pêche. Port millénaire, fondé par les Phéniciens au 6è siècle avant Jésus-Christ, était une étape-clé pour les navires de commerce qui empruntaient la route maritime reliant la France à l’Espagne.
Ce n’est qu’au 17è que Port-Vendres se développe sous l’impulsion de Louis XIV et Vauban, son ingénieur militaire, qui en font un « port de guerre »! Au 19è l’activité portuaire s’amplifie. Le commerce avec l’Afrique du Nord place le port catalan au second rang des ports méditerranéens après Marseille. Aujourd’hui les activités de pêche et de plaisance prennent peu à peu le pas sur ces échanges avec l’Algerie mais Port-Vendres est toujours le second port fruitier de la Méditerranée.
La proximité du marché international de Saint Charles à Perpignan, première place européenne de distribution et la position maritime privilégiée du port vis-à-vis du Maroc, fait de Port-Vendres l’un des ports les mieux placés pour l’entrée des fruits et légumes dans l’Union européenne. On parle même d’un jumelage entre Port-Vendres et le port de Tanger au Maroc, le plus grand port d’Afrique qui fête ses 10 ans ce mois de novembre 2017.
L’anse de Paulilles, Port-Vendres-Plages, un bijou de la Côte Catalane.
À 3 km de Port-Vendres, le site de Paulilles et ses plages nichées au fond de la baie. Appelée aussi plages de Port-Vendres, l’Anse de Paulilles est une petite baie protégée donnant sur la Méditerranée au pied du Massif des Albères (Pyrénées) , l’une des parties les plus belles de la Côte Vermeille.
Le site est classé, installé dans une ancienne dynamiterie de la société Nobel, active entre 1870 et 1984 et réhabilité en 2008, grâce au Conservatoire du Littoral et au Département des Pyrénées Orientales. La richesse de son histoire, la beauté de ses paysages, l’esprit du lieu et le parti pris de sa réhabilitation, respectueuse de sa mémoire et tournée vers l’avenir, font de Paulilles, l’un des sites les plus appréciés de la région.
Paulilles fait partie du réseau européen Natura 2000 pour protéger sa faune, sa flore et ses fonds marins. Les abords de la baie et la prairie sont aménagés pour le public et témoignent de l’histoire de la dynamiterie de Paulilles.
Paulliles, une histoire explosive!
« Paulilles, ce n’est pas un patrimoine prestigieux. Le site naturel est classé mais pas les bâtiments. Paulilles : un patrimoine à forte valeur mémoriale et identitaire, qui a marqué tout un territoire et plusieurs générations : mémoire ouvrière, occupation allemande, explosions… Un patrimoine dont il faut préserver la mémoire pour mieux transmettre aux générations futures un message d’avenir. Patrimoine citoyen : concept scandinave..!. » lit-on en exergue d’un document officiel du Conseil Départemental (10/2008).
1870: le suédois Alfred Nobel, le créateur des Prix Nobel, vient d’inventer le processus de fabrication de la dynamite. La France est en guerre contre l’Allemagne et la Prusse; Gambetta, ministre des Armées, intéressé par cette découverte, fait rechercher un site loin des zones de combats à l’est, accessible par voie maritime, pour y installer une usine de fabrication. Ce site sera Paulilles sur la commune de Port-Vendres.
1872: les premiers bâtiments sont construits et équipés. Commence alors la fabrication des éléments essentiels nécessaires à la composition de la dynamite. La dynamite fabriquée permettra alors l’extension de la ligne de chemin de fer qui arrivera à Banyuls en 1875 et à Cerbère en 1878.
1879: le volume produit est estimé à 1000 tonnes. A partir de cette date, les besoins en dynamite vont s’amplifier ; percements de tunnels, extractions de minerais, creusement du canal de Panama, construction du Transibérien, etc…
Le site de Paulilles devient le centre d’une vie ouvrière, sociale, et culturelle importante. Malheureusement, cette activité à haut risque donnera lieu, durant la centaine d’années de son existence, à une vingtaine d’explosions entraînant une quarantaine de morts.
1975: la production avoisine les 4 000 tonnes répondant aux besoins importants créés par la construction de la station spatiale de Kourou en Guyane française. Dans les années qui suivent, la concurrence s’intensifie ; de nouveaux explosifs plus puissants voient le jour. Le site perd peu à peu de son importance, ce malgré la création d’une nouvelle application : la soudure par explosion de métaux difficiles à assembler entre eux.
1984: la fabrication de la dynamite est abandonnée. Ne subsiste alors que la soudure par explosion.
1991: pour cause d’incompatibilité avec l’environnement touristique, la soudure par explosion est transférée à Rivesaltes où elle continue à se développer de nos jours au sein de la société Nobel Clad.
En 2005, après moultes péripéties, dont la proposition de création d’une marina, le site est racheté par le Conservatoire du Littoral. Le Conseil Général des Pyrénées Orientales y crée un site touristique. Il lance la rénovation de neuf bâtiments, en détruit près de soixante-dix, et aménage près de dix-sept hectares de paysage pour faire de Paulilles un site gratuit et écologique ouvert au grand public, un musée sur la mémoire ouvrière et le patrimoine industriel de la fabrique et un atelier de réparation de barques catalanes et méditerranéennes… En contrebas un jardin exotique représentant les cinq continents. Suit un parcours muséographique en plein air, aménagé autour des vestiges de la dynamiterie originelle…
En juin 2008, le site est ouvert au public. Il accueille aujourd’hui 250.000 visiteurs à l’année, 7j/7 sauf les 1er janvier, 1er novembre et 25 décembre!
Au bout du site les plages de la baie de Paulilles, trois plages classées « Pavillon Bleu » de sable et petits galets surveillées en juillet août avec possibilité de balade le long du Sentier du Littoral
De la Baie de Paulilles, on peut rejoindre Port-Vendres et son port de commerce en remontant le sentier du Cap Bear, arriver au Phare et deviner son sémaphore. Jolie promenade de bord de mer qui amène le randonneur par un itinéraire pas trop fréquenté à la découverte de jolies criques isolées. Idéal pour profiter du calme, du bruit de la mer, et de la senteur du romarin…
Itinéraire sur sentier bien tracé et bien entretenu. Pas de difficultés particulières. A éviter toutefois par vent violent !
Le phare du cap Béar est situé sur le mont Béar, à 800 mètres au sud-est de Port-Vendres, Dernier phare avant la frontière espagnole, le phare Béar fut construit en 1905 avec du marbre rose de Villefranche. Haut de 27 mètres, et 83 mètres au dessus du niveau de la mer, sa lumière est visible à 50 km de la côte. Hélas, comme la majorité des phares, il ne se visite pas.
Le fort Béar, lui est un ouvrage militaire datant de la fin du 19e siècle dominant la Méditerranée sur les hauteurs de Port-Vendres), que l’armée utilise aujourd’hui comme centre d’entraînement commando.
Située également à Port-Vendres, à l’entrée du port, la Redoute Béar est une fortification de type Vauban construite en 1694 et se compose d’une petite fortification et d’une tour carrée. Elle abrite aujourd’hui le Musée consacré à l’Algérie française de 1830 à 1962, date de l’indépendance…
Chemins de la mémoire, route des vins et du terroir, patrimoine architectural et artistique… Les peintres du début du XXè siècle ne s’y sont pas trompés en venant trouver leur inspiration et leurs formes mais surtout la lumière et ses couleurs dans ce formidable écrin que sont les Pyrénées Orientales et sa Côte Vermeille! Une école est née à Collioure, le Fauvisme avec Matisse, Derain qui y habitèrent; le sculpteur Maillol a toujours son Musée à Banyuls; le designer écossais Charles Rennie Mackintosh s’installe lui à Port-Vendres et laissera de fort belles aquarelles de la région…
Dans un prochain volet, nous irons plus au nord de cette Côte Vermeille au-dessus d’Argelès-sur-mer, voir le château de Valmy, bâti en 1900, typique de la Belle Époque, œuvre de l’architecte danois Viggo Dorph-Petersen. et près de Perpignan, à Elne, cité antique, vieille de plus de 25 siècles avec son Cloître, sa Cathédrale et ses Remparts…..
Crédits Photos: DR, OT respectifs et CDT Pyrénées-Orientales