L’Alpine du Suédois Andersson, aujourd’hui du Normand Ocon, l’autre diamant de Dieppe !

Cet article date de 2020 mais il est toujours d’actualité. Car à Dieppe, Alpine est toujours un sujet actuel ! Preuve en est l’installation, le 1er juillet dernier, de 2 Alpines à l’entrée de la ville sur le fameux rond-point du Belvédère. L’une, la Berlinette, est seulement de retour après une rénovation, l’autre, la dernière Alpine A110, s’installe pour la toute première fois. Mieux encore, ce dernier dimanche de juillet qui a vu son pilote normand, Esteban Ocon, rentrer dans l’histoire et faire gagner l’écurie Alpine en Formule 1 au terme d’un Grand Prix de Hongrie rocambolesque.


Avec cette victoire historique pour Alpine en Hongrie et  l’installation de deux Alpines en entrée de ville, Dieppe réaffirme son attachement viscéral à la marque automobile née ici en 1955.
Si la ville aux 4 ports reste une charmante petite ville balnéaire sur la côte d’Albâtre en Haute Normandie, la plage la plus proche de Paris, le berceau des Vikings, des bains de mer et des impressionnistes, c’est aussi un cluster important de commerce et d’industrie même s’il a perdu de son éclat et de sa main d’oeuvre depuis les années 1950 au profit de son concurrent tout proche, Le Havre, 2ème port français.

Si l’essentiel de l’emploi industriel de l’agglomération de Dieppe se répartit dans des activités assez diverses tels que l’agro-alimentaire (Nestlé), la métallurgie, la transformation de matières plastiques (Polyflex), la production d’électricité (centrale de Penly au nord de Dieppe, projet de parc éolien), ou encore la construction électrique et électronique. l’industrie automobile (Renault division Renault Sport, ex-Alpine Renault créée par Jean Rédélé en est encore son fleuron même s’il a pu flétrir ces derniers mois (l’ancien garage de Jean Rédélé, fermé en 2014 devrait toutefois accueillir le futur musée Alpine!) 
Il y a eu bien sûr l’affaire Carlos Gohn, le PDG du groupe et ses démêlés au Japon, il y a aujourd’hui cette crise sanitaire qui affecte l’ensemble du marché automobile. Aidé par le gouvernement français, Renault a du prendre sa part de restructuration: diminution de la demande et de production, des coûts et des effectifs, fermeture d’usine  et un sursis de 3 ans obtenu pour celle, historique, de Dieppe. Mais Alpine à Dieppe ne pourra plus continuer à ne fabriquer que des modèles de sports pour lesquels elle était qualifiée mais incompatibles aujourd’hui avec les nouvelles normes environnementales,  économies d’énergie, contraintes techniques, et devra inventer un véhicule propre et performant pour renouer avec ses succès passés sur les routes et les circuits du monde entier. Trois ans afin que le diamant de Dieppe reste éternel! /DD

Laurent Rossi, nouveau directeur général d’Alpine depuis janvier 2021,  a expliqué tout récemment à la revue Techniques de l’Ingénieur la stratégie mise en place pour relancer la marque mythique, à travers son engagement en Formule 1 et le passage au tout électrique. Lisez son entretien ici :    

En Formule 1, L’écurie française a longtemps laissé espérer une présence dans le top 10. Coup sur coup, ses 2 pilotes Fernando Alonso et Esteban Ocon ont su signer de bons chronos dans les premiers Grands Prix de la saison. Mais la concurrence fait rage et certains adversaires ont poussé au-delà des dix premiers les deux Alpines A521. Le constructeur dieppois a toutefois montré d’intéressantes dispositions sur les grilles de départ et une réelle présence dans le peloton.de la compétition automobile et se plait à voir également Esteban Ocon (pilote normand) de retour aux affaires, capable de jouer avec son équipier  le pilote espagnol Fernando Alonso (ex-champion du monde).

En ce qui concerne le passage au tout électrique, Alpine a dévoilé, tout récemment, les premières images de 3 futurs modèles, 3 nouveaux modèles s’apprêtant à rejoindre la gamme Alpine: un SUV, crossover attendu dès 2022, une citadine aux faux airs de R5 est également dans les cartons et un nouveau coupé qui remplacera en 2024 l’actuelle A110. Tous électriques !

SI Alpine est une histoire française, elle est également une saga suédoise !

Si le « SuperSweede » Ronnie Peterson fut considéré comme l’un des plus grands pilotes de F1 dans les années 70 (mort accidentellement en 1978 au cours des essais du Grand Prix d’Italie), son compatriote Ove Andersson, moins connu, réalisa pourtant une brillante carrière de pilote de rallye, dans ces mêmes années, notamment pour l’écurie française Alpine avec laquelle il remporte en 1971 le Rallye Monte-Carlo, le San Remo, le Rallye alpin d’Autriche et le Rallye de l’ Acropole (Grèce) dans le cadre du Championnat international des marques. Toujours pour Alpine en 1973, il termine 2e du Monte-Carlo, participant au fameux triplé historique du constructeur, avec pour copilote le Français Jean Todt, aujourd’hui président de la Fédération internationale de l’Automobile (FIA).

Justement sur cette « Berlinette A110 » dont la production a été abandonnée depuis près de 20 ans, et qui a revu le jour en 2018.
« La version Pure, qui s’adresse davantage aux puristes, est la version la plus fidèle à la mythique Berlinette qui remporta le rallye de Monte-Carlo en 1973 », assure la marque.

Alpine, -qui a vu passer les plus grands pilotes de la seconde moitié du 20ème siècle: Didier Auriol, Jean-Pierre Beltoise, Henri Pescarolo, Jean-Pierre Jabouille… ou encore Michèle Mouton (la seule femme de l’histoire à avoir remporté une manche du Championnat du monde des rallyes et 2ème du Rallye de Suède en 1984)-, est un constructeur automobile français, propriété de groupe Renault. La société a été créée à Dieppe (Normandie) dans les années 50 et fit une percée remarquable dans le secteur des automobiles sportives mais dut y renoncer dans les années 90.  L’usine-mère de Dieppe fut réorientée afin d’y assembler la gamme Renault Sport et ainsi ne pas stopper toute activité. En 2012, Carlos Ghosn, le P-DG de Renault, voulant développer les véhicules haut de gamme du groupe, annonce la renaissance de la marque Alpine. Le 15 décembre 2017, la production d’Alpine reprend officiellement avec l’inauguration de la ligne de production de l’Alpine A110 pour une commercialisation début 2018. Pari tenu avec un challenge réussi: un an auparavant, en hommage à la création de la marque, Renault propose la réservation des 1955 premières Alpine, alors même que le modèle définitif n’est pas encore connu. Il aura fallu moins de 48 heures pour que tous les exemplaires trouvent preneurs.

Alors qu’ à Genève en 2017, Alpine exposait surtout l’A110 dans les finitions Pure et Légende (la première se veut légère quand la seconde s’annonce plus cossue), le prestigieux Salon a, dans le même temps, dévoilé une version Compétition plus extrême de sa nouvelle A110.

Elle se nomme A110 GT4, s’alignera évidemment en championnat et renvoie clairement à la compétition pour laquelle elle a été développée par Signatech, partenaire d’Alpine en circuit. Après la Cup, c’est la seconde version de compétition du modèle qui fera ses débuts en piste au second semestre. Elle sera régulièrement engagée pour la saison 2019 dans les championnats en circuit. Le poids a été abaissé, via notamment l’arrivée de carbone (toit en carbone, capot moteur).. La préparation est impressionnante, avec de forts appuis aérodynamiques et une adaptation technique dont les caractéristiques n’ont pas été encore divulguées.

Dès sa naissance en 2017, l’Alpine A110 fut élue Plus Belle Voiture de l’Année!

Pour rappel: l’usine Alpine de Dieppe a investi plus de 35 millions d’euros, 151 personnes ont été recrutées, et l’usine ré-équipée, entre tôlerie, assemblage, peinture… « La production des versions de série a donc débuté au mois de décembre 2017, à raison d’une quinzaine de voitures par jour. Chaque Alpine A110 requiert une cinquantaine d’heures d’assemblage et de préparation. De nouvelles couleurs vont d’ailleurs voir le jour : bleu abysse, gris et blanc nacré. Quoi qu’il en soit, une commande ferme aujourd’hui n’aboutit pas à une livraison avant 2019″ dit la marque à son siège de Boulogne-Billancourt.

Enfin, comme toujours Alpine ira faire un tour pour ses essais sur glace dans le le Grand Nord suédois, à 95 kilomètres au nord de l’aéroport d’Arvidsjaur,  dans la petite ville d’Arjeplog, qui borde l’un des plus grands lacs gelés d’Europe, le lac Hornavan.
Si cette petite municipalité de Laponie à 70 kms au sud de cercle polaire ne présente au premier abord aucun intérêt, elle est pourtant un important lieu de rendez-vous pour tous les constructeurs automobiles et leurs fournisseurs d’accessoires. Le village d’Arjeplog est le haut lieu de l’industrie automobile européenne.
En effet, dans le cadre du processus de développement et de validation des véhicules, les marques les plus prestigieuses se croisent pour tester le pilotage sur glace, la qualité des pneus, les effets du grand froid sur tous les systèmes mécaniques, hydrauliques, électriques et électroniques… embarqués dans les véhicules.
Ce lieu unique au monde propose notamment un circuit sur glace qui n’est ni plus ni moins la reproduction exacte du circuit de Formule 1 du Castellet (3,8 km), qui lui aussi a retrouvé une seconde jeunesse avec le grand retour du Grand Prix de France  dans la saison automobile.

Crédits Photos: Alpine, Renault, DR, Ville de Dieppe