Dieppe, « Djùpr » (Profonde) ou Djùpà (Rivière profonde) en vieux norrois ou encore en vieil islandais (djup en suédois, deep en anglais…). C’est ainsi qu’en 910, les Vikings, s’installant à l’embouchure d’un fleuve profond côtier, surnomment l’endroit. A Dieppe très exactement, dans ce qu’on appelle la profonde vallée de l’Arques, là où le fleuve se jette dans la Manche.
En Normandie, dans le Pays de Caux, à 168 km au nord-ouest de Paris. Dieppe est proche des villégiatures réputées de la Côte Albâtre, comme Pourville, Hautôt-sur-Mer, Offranville, Varengeville-sur-Mer (les plages les plus proches de la capitale).
C’est ici en Normandie que Monet, né en 1840 à Paris, passe son enfance, et se fait connaitre par des caricatures ou « portraits-charges» pour la presse locale. Là qu’Il rencontre le peintre Eugène Boudin qui lui conseille de « peindre en plein air » et de se former à Paris. Il commence à peindre en 1858..
Ses séjours en Normandie sont alors fréquents. En 1882, 1886, 1896 et 1897, la côte normande, Pourville, Dieppe, Trouville, Etretat… Le Havre, lui inspirent très exactement 149 toiles disséminées dans le monde entier.
C’est d’ailleurs au Havre en 1872 ou 73 qu’il peint « Impression, soleil levant », considéré comme le premier tableau impressionniste, exposé à Paris en 1874 lors de la première exposition de la Société Anonyme des Artistes Peintres. Un critique en inventera même le concept d’« Impressionnisme », terme de mépris sous sa plume (Musée Marmottan Paris).
« J’avais envoyé une chose faite au Havre, de ma fenêtre, du soleil dans la buée et au premier plan quelques mâts de navire pointant… On me demande le titre pour le catalogue. Ca ne pouvait vraiment pas passer pour une vue du Havre. Je répondis: « Mettez Impression! » On en fit impressionnisme et les plaisanteries s’épanouirent » (Claude Monet)
Claude Monet vient à Dieppe en février 1882 (il peint le port et la falaise ) mais il trouve l’environnement trop « urbain » et s’installe à Pourville, 2 kms plus bas sur la côte. Il y reste jusqu’à mi-avril. Il réside à l’hôtel restaurant « A la renommée des galettes » dont le propriétaire est Paul Graff.
Il revient de juin à septembre avec sa famille et continue de peindre malgré un temps très
variable qui l’empêche d’achever certaines des 28 œuvres .peintes pendant cette période.
En cette année 1882, il pose aussi son chevalet à Varengeville tout à côté. Il revient sur les mêmes lieux en 1896 de mi-février à avril et en 1897 de mi-janvier à mars . Ce qu’il veut c’est « peindre le réél dans la mobilité de ses lumières changeantes » et cela l’amènera à peindre des séries du même sujet à des moments différents . Les plus célèbres sont la Cathédrale de Rouen, ou bien encore Les Meules.
Ce n’est que par la suite qu’il délaisse la côte normande pour d’autres destinations, l’Italie, la Côte d’Azur, Belle -Ile-en-mer, Londres… et qu’il s’installe à Giverny, un village toujours en Normandie mais dans les terres, pour se consacrer à ses recherches picturales avec notamment la célèbre série des « Nymphéas » (à voir à l’Orangerie des Tuileries, Paris). Il y restera jusqu’à sa mort en 1926.
Giverny, une grande propriété sur 2 étages avec son jardin d’eau, son pont suspendu, son clos normand et sa collection d’estampes japonaises que tous les jeunes Suédois connaissent avant même de les visiter grâce au film d’animation de Christina Björk et Lena Anderson (1992, remixé en 2014) « Linnea i malarens trädgaard » : Linnéa, une fillette curieuse, accompagnée de son voisin M. Blom, se rendent en France pour découvrir l’œuvre de Monet et le jardin de Giverny.
La maison de l’artiste et ses jardins paysagers constituent désormais le musée de la Fondation Claude Monet. Le musée des Impressionnismes de Giverny situé à proximité, présente les temps forts du mouvement artistique impressionniste.
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