En janvier 2010, a débuté dans le port de Tromsø l’un des plus importants projets environnementaux initiés au Nord de la Norvège : le nettoyage des fonds marins le long du centre-ville. La cité arctique figure sur la liste des 17 sites prioritaires établie par le gouvernement dans son plan d’actions consacré à la restauration des fonds marins.
Égouts, rejets industriels, produits toxiques liés à l’activité portuaire, depuis plusieurs générations les matières polluantes se sont accumulées dans le port de Tromsø. Pour y remédier et livrer aux générations futures une nature préservée, il a été décidé de procéder au “grattage“ des couches supérieures. Les 70 premiers centimètres seront ainsi prélevés et stockés dans des fûts d’acier disposés à proximité le long du quai. Ces containers serviront, une fois scellés, de fondations à l’aménagement d’une promenade en bord de mer.
Un tel dispositif permet de limiter les opérations de transport des sols pollués à une zone restreinte et donc de réduire les risques de dissémination associés à un stockage ou un traitement plus distant. Un bassin de décantation a été mis en place pour filtrer l’eau prélevée par les pelles excavatrices. Le liquide en excès dans les fûts sera pompée et les particules contaminées se déposeront dans le bassin tandis que l’eau purifiée sera rendue au fjord. Des barrières physiques sont également installées pour limiter les risques de diffusion depuis la zone des opérations vers le fjord.
Au total se sont quelques 100.000 mètres cube de boues qui devraient être prélevés. Les opérations dont le coût est estimé à 240 millions de couronnes vont durer jusqu’à l’automne 2011. La reconstitution du milieu naturel prendra quant à elle de nombreuses années.
Ce projet pilote qui intéresse d’autres municipalités s’inscrit dans un contexte général de reconquête du littoral. Si les études ont permis d’identifier les zones où les concentrations sont les plus importantes, peu d’actions d’envergure ont été conduites jusqu’à présent. Pour être efficace, chaque projet doit conjuguer la décontamination du site mais aussi une éradication ou diminution des sources de pollution. A Tromsø, la réussite du projet repose aussi sur une forte prise de conscience des différents acteurs de la ville et une adaptation des comportements et pratiques tant individuels, que collectifs.