(Modifié le 9 juillet) La 15ème édition de la « Semaine Bergman » du 25 juin au 1er juillet à Fårö (Gotland, île suédoise de la Baltique) fut également l’édition anniversaire du centenaire d’Ingmar Bergman (1918-2018) et proposait une foule d’invités internationaux, des premières de films, de nouvelles pièces de théâtre, de la musique de haut niveau, des Bergman Safaris sur l’île et une soirée entière avec cinéma, théâtre et conversations sur l’homme culturel et le génie. . (voir plus ici sur www.bergmancenter.se).
En France c’est La Rochelle qui ouvrait le bal autour de Bergman, fêté par une rétrospective de vingt oeuvres au 46è festival du film de La Rochelle (du 29 juin au 8 juillet).
La cinéaste allemande Margarethe von Trotta y a présenté le 1er juillet son documentaire A la recherche d’Ingmar Bergman (sortie en France le 5 septembre). Très influencée par l’oeuvre du maître suédois, la réalisatrice des Années de Plomb signe une enquête -très personnelle-. Elle explore ses rapports artistiques intimes avec le réalisateur suédois, analyse son travail et sa personnalité, avec ses côtés solaires et ses zones d’ombres. Elle rencontre ses proches, mais aussi de nombreux réalisateurs d’horizons différents, Carlos Saura, Olivier Assayas, Ruben Östlund….
On a vu aussi la réédition de l’Oeuf du serpent (le 8 juillet), un film sur la montée du nazisme dans le Berlin des années 20, où Bergman se souvient de Fritz Lang et de l’expressionnisme allemand.
Plus tard (début 2019), la Comédie Française rendra hommage au metteur en scène de théâtre avec Fanny et Alexandre mis en scène par Julie Deliquet. Mais déjà du 9 au 11 juin, le Théâtre des Champs-Elysées a donné en spectacle Dancing with Bergman : 3 chorégraphes suédois Mats Ek, Johan Inger et Alexander Ekman dans les pas de leur aîné. Le spectacle sera monté à Monaco du 12 au 14 juillet et repris à Stockholm en septembre prochain (Le Monde).
A l’occasion de la célébration de cet anniversaire Francofil vous invite à retrouver le reportage d’Antoine Jacob réalisé en 2011 sur l’ île de Fårö, l’île où Bergman aimait se ressourcer, l’île où il retrouvait sa famille, ses proches, sa bande… l’île où il passa la fin de sa vie et où reposent ses cendres. (Antoine Jacob fut longtemps correspondant dans les pays nordiques pour l’Agence France Presse et le journal Le Monde) /DD
Ingmar, rêve, cauchemar!
2018 est, entre autres, l’année du centenaire de la naissance d’Ingmar Bergman. L’occasion de reproduire ici, très légèrement remanié, un long article que j’avais écrit pour la revue lettonne Rigas Laiks après un reportage sur les traces du Suédois à Fårö, l’île où il passa la fin de sa vie. L’article, qui relate aussi les difficultés rencontrées par les personnes s’étant mis en tête de perpétuer le souvenir de Bergman sur l’île, remonte à 2011. J’ai donc ajouté, en bas de ce texte, quelques précisions le mettant à jour. Autant le dire tout de suite, les nouvelles en provenance de Fårö sont plutôt bonnes. Toutes les photos: © Antoine Jacob
LE CRAQUEMENT étouffé des aiguilles de pin sous la semelle se mêle au clapot des vaguelettes. La mer est maintenant à un jet de pierre. Entre sous-bois et eaux sombres de la Baltique, une plage étroite de galets. Décor austère à souhait en cette journée de grisaille. Dans le champ visuel, soudain, une silhouette se faufile entre des troncs. L’individu, petit sac au dos, s’éloigne sans demander son reste. C’est apparemment le même homme entraperçu un peu plus tôt dans la matinée, pédalant sur le sentier en terre. Avec son parka aux couleurs fluo, il n’a pas l’air d’un habitant de l’île. Sans doute un touriste égaré. A moins qu’il ne s’agisse d’un de ces admirateurs inconditionnels d’Ingmar Bergman. La propriété où habitait le maître avant sa mort en 2007 commence de l’autre côté du muret en pierres qui coupe la plage à angle droit. Mais comment cet inconnu aurait-il pu le savoir ? Rien n’annonce au promeneur qu’on approche du Saint des Saints, le fief du cinéaste qui, de son vivant, redoutait les curieux comme la peste. Un fil de fer barbelé court au-dessus du muret, protection dérisoire….
Lire la suite et le reportage complet sur le blog d’Antoine Jacob http://jacobnordiques.blogspot.com/