#Suède/France #géopolitique: différence de genres !

Dans son dernier billet « D’humeur fémino-compatible » sur son blog circumpolaire.com , Jean-Paul POURON, ancien correspondant de Radio France en Suède, revient sur l’axe « féministe » de la politique étrangère suédoise.
C’est à l’oral dans un discours de près d’1h30 devant les Ambassadeurs que le président Macron a détaillé les grandes orientations de la politique étrangère française « replacer la France, puissance grande par ses ambitions, ses idéaux et ses espérances» au cœur de «la marche du monde». Diplomatie « jupitérienne » par excellence!
C’est par écrit dans un livret d’une centaine de pages à l’adresse de toutes les chancelleries que le gouvernement suédois a donné les leçons de sa politique étrangère, articulée depuis 2014, autour du droit des femmes et listé ses principes « assurer la parité hommes-femmes dans les conférences, investir les réseaux sociaux, mobiliser ressources humaines et financières, mettre les compétences « féministes » en réseau, etc…  » Une géo-politique à effets différés. opposition de genres ? /DD

D’humeur fémino-compatible…

Le syndrome d’exemplarité reste extrêmement vivace chez les Suédois. Il y a quatre ans, le gouvernement social-démocrate aux manettes décidait que sa législature serait féministe. Tous les ministères devaient être emprunts de cette doctrine. Celui des Affaires étrangères, dirigée par Margot Wallström (à l’épais CV), elle-même foncièrement féministe, n’échappera pas au modèle ambiant. La valorisation de la femme et ses droits n’y seront pas une gageure. Quatre ans plus tard, pour faire connaître son action, le ministère vient de publier un livret sur sa diplomatie féministe. Une sorte de manuel mode d’emploi, un témoignage à l’usage des ceusses qui seraient tentés par l’expérience modélisée (ONG, chancelleries et autres). Et que ressort-il de cette nouvelle diplomatie Made in Suède ? Un bilan en réalité à la hauteur des attentes. À savoir, que la parité homme-femme n’est pas une évidence, qu’elle prend du temps et que sa mise en place prend « son » temps. L’important était surtout de marquer les esprits dans les domaines de l’émancipation économique des femmes, de leur participation politique, de la lutte contre les violences sexuelles, etc..

On retiendra avant tout qu’il ne s’agit pas de laisser passer l’expérience inaperçue. Même s’il faut relativiser la portée des avancées conquises en matière de droits des femmes, le fait d’avoir voulu mettre en œuvre une diplomatie pour les défendre suffit à replacer la Suède dans son rôle de bon élève en redonnant des couleurs à la palette d’un modèle qui s’était fortement altéré.

Faut-il rappeler, si besoin était, que la politique politicienne prime toujours sur ce fameux droit des femmes. Margot Wallström n’a-t-elle pas dû manger son chapeau lors de la « crise » qu’a connue le royaume avec l’Arabie Saoudite ? Ça avait commencé par un discours musclé de la ministre suédoise des Affaires étrangères contre la justice moyenâgeuse de la monarchie islamique (un blogueur saoudien avait été condamné à mille coups de fouet). Il avait fallu que le roi de Suède fasse un petit saut à Riyad pour calmer les tensions et surtout assurer aux Saoudiens que tout ce ramdam n’était que des paroles en l’air (proférées par une femme qui prenait ses désirs pour des réalités ?). C’est que pour les Suédois, les ventes d’armes au royaume des Al Saoud (les deux royaumes avaient passé un énorme contrat de coopération militaire en 2005) pèsent lourd dans les revenus de l’État et méritent donc des égards. Margot Wallström a finalement remis sa langue dans sa poche, fait allégeance et conservé son poste. L’industrie de l’armement a repris ses livraisons et basta du droit de ces dames saoudiennes !

La ministre suédoise remet le couvert en 2017 lorsque la Suède s’abstient lors du vote de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW) pour l’entrée de l’Arabie Saoudite dans l’organe intergouvernemental. Incorrigible et pas toujours diplomate la madame ! Elle pourra toujours faire sienne la formule féministe reprise par Hillary Clinton : « Les droits des femmes sont des droits de l’Homme ! »

Aujourd’hui, indépendamment de ces éléments peu diplomatiques de langage qui hérissaient alors les industriels suédois et la classe politique, l’Histoire voudra retenir uniquement l’aspect initiative marquée de la politique étrangère suédoise, un peu sur le modèle (encore un !) qu’avait mis en pratique Olof Palme. Le syndrome du diplomate sauveur !

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