Après le cinéma, c’est le théâtre français qui, cet hiver et tout ce printemps, rend hommage au réalisateur suédois Ingmar Bergman pour le centenaire de sa naissance.
Et en premier lieu, et ce, pour la première fois, Bergman entre au répertoire du Français, de la Comédie française et de sa troupe sous la direction d’une toute jeune metteuse en scène Julie Deliquet qui a monté Fanny et Alexandre.
Plutôt que de simples commentaires sur le spectacle qui a bluffé toute la salle lorsque nous l’avons vu, professionnels et critiques et qui est, depuis, un vrai succès public (à l’affiche jusqu’au 16 juin 2019), ou alors pour vous dire que nous avons particulièrement aimé le parti pris théâtre/réalité de la metteuse en scène ainsi que le jeu des dix-neuf comédiens sur le plateau, ses décors, les ombres et lumières de la scénographie, Francofil veut partager l’entretien que Julie Deliquet a accordé à l’hebdomadaire Le Point pour expliquer ses choix:
Julie Deliquet : « Chez Bergman, la maison désigne le théâtre, à la Comédie-Française, aussi ».
Le Point : Pourquoi avez-vous choisi Fanny et Alexandre, un film et non une pièce de théâtre ?Julie Deliquet : Éric Ruf m’a proposé de revenir à la Comédie-Richelieu et cette fois dans la salle Richelieu… Faire un spectacle inédit et faire entrer une œuvre au répertoire m’a habitée, je voulais mettre en avant la troupe et la notion de théâtre. Fanny et Alexandre parle d’une troupe, touchée autant par le théâtre que par la vie et la mort qui côtoient les murs de cette maison. C’est au-delà d’une vie de compagnie, une histoire dans la grande Histoire, une vie de famille et une vie de théâtre. Et, enfin, il me semblait légitime qu’un auteur comme Bergman entre au répertoire du Français, l’année où l’on célèbre son centenaire…
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Francofil voudrait également souligner un spectacle qu’il a pu voir et apprécier (plus à l’affiche actuellement) dans un autre théâtre mythique proche de Paris, le Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis: Les Analphabètes de la compagnie Balagan’ retrouvé. Une adaptation, librement inspirée, de la fameuse série télévisée en six épisodes Scènes de la vie conjugale (1974), dont la même compagnie avait créé une première version en 2016 au Festival de Villerville, intitulée Demain tout sera fini II. Les Analphabètes est la suite du travail… du Français Lionel González et de la Roumaine Gina Calinoiu, qui en fondant leur Compagnie ont voulu poursuivre une expérience vécue ensemble… Leur credo : partir de rien, de la vie comme elle est, ici et maintenant, et convoquer la fiction pour que, petit à petit, elle s’incarne, elle existe. L’écriture est donc collective et se construit au plateau, mais elle se nourrit de textes de grands auteurs… Le scénario des Scènes de Bergman s’y prêtait !
Si l’œuvre cinématographique de Bergman fait depuis longtemps l’objet d’adaptations théâtrales, le centième anniversaire de sa mort a suscité une déferlante qui a débuté en septembre dernier avec Infidèles et Après la répétition au Théâtre de la Bastille. Léonard Matton a pris la relève avec Face à face au Théâtre de l’Atelier avec notamment Emmanuelle Bercot dans le rôle de Jenny, tenu par Liv Ullmann dans le film de Bergman… Et la déferlante ne semble pas prête de s’arrêter!!
Du 12 au 23 mars le spectacle « A Bergman Affair » est joué au Théâtre Le Monfort dans le 15ème arrondissement de Paris. Une pièce mise en scène par Serge Nicolaï qui s’inspire librement du roman « Conversations Privées » d’Ingmar Bergman. Si la partition écrite s’inspire librement du scénario du Suédois, le spectacle, lui, mêle des expressions multiples : théâtre, danse et vidéo. Une forme originale qui s’inspire profondément de ce fond hautement corrosif qu’est le jeu des amours adultes…
Crédits Photos: Comédie française, Gaumont, TGP St Denis