Dans l’épisode précédent nous vous parlions de la deuxième édition de Paris-Saclay Spring, le 15 mai prochain, organisé en amont de VivaTech (16-18 mai à Paris), le salon consacré à l’innovation technologique et aux start-up, qui devrait réunir tous les acteurs de l’innovation, de la recherche, de la science et du développement économique pour un grand rendez-vous international. ”Il faut que Paris-Saclay soit dans le logiciel des investisseurs et des business angels”, proclame Philippe Van de Maele, le directeur général de l’établissement de Paris-Saclay.
Dans ce présent volet, Francofil vous emmène à la Porte Sud du Grand Paris, dans le Sud-Ouest de Paris, capitale-monde. Dans les départements de l’Essonne et des Yvelines, aux environs de l’aéroport international d’Orly, dans la commune d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines qui accueille le siège de nombreuses entreprises, l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ), et le pôle scientifique et technologique Paris-Saclay, pôle d’excellence d’innovation numéro 1 en Europe. Le cluster innovant Paris-Saclay est aujourd’hui le terrain de jeu de l’innovation partagée, un modèle dominant appliqué par les entreprises technologiques et grands comptes implantés sur le territoire collaborant avec d’autres sociétés, start-ups, inventeurs et chercheurs au développement de nouvelles idées et de nouveaux produits.
Au sud-ouest de Paris est en train d’émerger un pôle d’innovation de rang mondial. N° 1 en Europe et seul pôle labellisé French Tech en Île de France. Universités, grandes écoles et centres de Recherche & Développement affluent sur le site Paris-Saclay.
Ce n’est encore qu’un vaste chantier, une zone principalement agricole surplombée d’une impressionnante forêt de grues. Aux confins de l’Essonne et des Yvelines, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, tout un pôle de recherche et d’innovation est en train de sortir de terre à un rythme effréné : le cluster Paris-Saclay. Des écoles d’ingénieurs: l’Ecole polytechnique, CentraleSupélec, l’Institut de mathématique d’Orsay, l’Institut d’optique et l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae) y ont déjà emménagé dans des locaux flambant neufs. Ils ont vite été rejoints par l’EDF Lab et ses 1.000 salariés et étudiants, Dassault Systèmes, Nokia…
Et ce n’est qu’un début. C’est simple : en incluant les agglomérations de Versailles et de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui font désormais partie du nouveau pôle, Paris-Saclay concentre déjà 15% de la recherche française, publique et privée. A terme, on devrait atteindre 20%.
Écosystème d’innovation n° 1 en Europe, Paris-Saclay regroupe 5 filières économiques majeures (Technologies de l’information et de la communication, Santé, Mobilités du futur, Aérospatial-Défense-Sécurité, Gestion intelligente de l’énergie) qui sont représentées sur le territoire par des leaders de chaque secteur : Renault, PSA, Airbus, Thalès, Dassault Systèmes, EDF, Air Liquide, Sanofi, mais aussi de nombreuses entreprises américaines, GE Healthcare, japonaises Hitachi, Fujitsu, européennes Siemens, Mercedes…et nordiques bien sûr comme le Finlandais Nokia ou bien les Suédois Volvo et Ericsson… Une densité et une variété exceptionnelles de ressources se trouvent sur ce territoire : des laboratoires pluridisciplinaires des établissements d’enseignement supérieur et de recherche aux acteurs industriels des secteurs économiques stratégiques, en passant par les grandes infrastructures scientifiques mutualisées, les pôles de compétitivité et les réseaux d’incubateurs et de lieux innovants.
Paris-Saclay, la Silicon Valley à la française !
Où se trouve la première région d’Europe pour la R&D et l’innovation ? Où se concentre 15% de la recherche publique et privée française ? Où trouve-t-on la population active la plus diplômée de France ? Où peut-on côtoyer 65 000 étudiants, 4 600 doctorants et 10 000 chercheurs ? Où peut-on croiser 3 prix Nobels et 10 médailles Fields ? Où les plus grandes écoles de France combinent leurs forces pour l’avenir ? Où se situent 17 incubateurs et accélérateurs de start-ups ? Où peut-on bénéficier du potentiel de 16 FabLab ? Où peut-on visiter à pied 360 laboratoires de recherche ? Où Thalès, Danone, EDF et tant d’autres ont-ils installé leurs centres de R&D ?
Où sera prochainement implanté la plus grand supercalcuteur de France ? Où Renault et Transdev présenteront leur véhicule autonome le 15 mai prochain ? Où sont menées les recherches sur les neurosciences, les mobilités du futur, le photovoltaïque de prochaine génération, la santé connectée, les systèmes de défense intelligents ?
Au début des années 2010, le plateau de Saclay a l’une des plus fortes concentrations géographiques de laboratoires de recherche et de centres de R&D en Europe. L’université Paris-Saclay rivalise avec l’université Stanford et le Massachusetts Institute of Technology (MIT) en nombre de publications scientifiques, et les dépasse en nombre de chercheurs : en 2009, Stanford en compte 1 900, le MIT 4 500 et Paris-Saclay 9 200. En 2020, année d’achèvement prévisionnelle du projet, leur nombre devrait atteindre 12 000.
1,7 million de mètres carrés aménagés, dont 560.000 déjà réalisés en mars 2018. 4.100 hectares de zone naturelle protégée, dont 2.500 de terres agricoles. 5,3 milliards d’euros investis par l’Etat (construction de la ligne 18 comprise). 18.000 logements (dont 8.000 destinés aux étudiants).
“Le projet se décline en trois volets, détaille Philippe Van de Maele le directeur général de l’établissement de Paris-Saclay. Le volet académique, le volet économique et le volet urbain, lequel inclut la construction de logements, d’écoles et de commerces au coeur même du nouveau campus.” Premier à être lancé, le projet académique est ambitieux : il vise à ouvrir une université de rang mondial, destinée à figurer dans le top 20 du célèbre classement des universités de Shanghai, donc bien mieux cotée que toutes les Universités françaises, Sorbonne Université comprise qui pointe dans le dernier tableau à la 36e place !
« L’Université de Paris-Saclay va devenir la première université d’Europe continentale » affirme Van de Maele. L’université Paris-Saclay, qui verra officiellement le jour le 1er janvier 2020, réunira une vingtaine d’établissements (les universités de Paris-Sud, Evry et Versailles-Saint-Quentin, des grandes écoles, le CNRS, le CEA, l’Inra, l’Inria…) et publiera sous sa bannière toutes les thèses produites.
Si les jeunes pousses (start-up) ne sont pas encore légion sur le plateau, Philippe Van de Maele se dit bien décidé à les y attirer, avec l’ouverture, dans deux ans, d’un IPHE (incubateur, pépinière, hôtel d’entreprises). Les locataires de l’IPHE pourront en tout cas tester leur ingéniosité en s’efforçant d’améliorer la vie quotidienne sur le plateau, car elle relève plus aujourd’hui de la galère et de la débrouille que de la fluidité propre aux grands campus technologiques.
Un seul gros raté les transports et l’accès au site reste difficile. Un gros effort est fait sur les transports en commun mais pas suffisant et pas effectif avant 2024, date des Jeux Olympiques à Paris, alors que 50.000 personnes gagneront le plateau tous les jours en 2020 et 70.000, à terme. Mais certaines entreprises ont déjà mis en place des navettes, à partir des portes sud de Paris. L’autopartage a de beaux jours devant lui… ainsi que les embouteillages, déjà légendaires.
L’excellence et l’innovation de Paris-Saclay
Paris-Saclay a une histoire: Lorsque, à partir de 1670, Louis XIV fit construire son château à Versailles tout proche, il demanda à Le Nôtre de créer un parc somptueux égayé par une myriade de fontaines, de jets d’eaux, de cascades et de bassins. Pour amener l’eau nécessaire à Versailles, Colbert mit en œuvre deux grands projets dont l’un était la collecte des eaux de ruissellement et de drainage de la plaine de Trappes et du plateau de Saclay via des rigoles…Sur le plateau de Saclay, six rigoles! C’est un réseau hydraulique unique au monde avec un chapelet d’étangs, 200 km de rigoles étalées sur 13 000 hectares qui fut ainsi créé pour alimenter par simple gravité les fontaines du Château de Versailles.
Paris-Saclay est une terre d’innovation depuis plus de trois siècles et c’est ainsi que se rassure Philippe Van de Maele: « Trop tard pour reculer…, avec tous les projets en cours, la taille critique est dépassée.” Des entreprises et écoles commencent même à communiquer sous la marque Paris-Saclay. Plus anecdotique, mais indispensable à la vie d’un lieu qui veut favoriser l’échange et les interactions, l’ouverture de cafés et autres lieux de convivialité devrait bientôt réconforter les salariés déjà présents sur le site : à défaut d’un transport express, ils pourront expédier un expresso ou bien siroter un mojito, en se félicitant de figurer parmi les pionniers d’un pôle d’innovation destiné à faire partie des huit premiers du monde, selon le MIT. “Le prochain Google sera français et naîtra sur le plateau de Paris-Saclay”, prédit son directeur général à la tête de l’établissement depuis 2015. On ne demande qu’à le croire !
Dans le prochain volet de ce reportage nous irons voir à Paris-Saclay comment Fujitsu travaille en partenariat avec l’Université de Chalmers à Göteborg, comment Dassault Systèmes met au point notre mode de vie en ville avec le fabricant danois de chaussures ECCO et comment Ericsson France prépare l’avenir de la 5G en Europe.
Crédits Photos EPA Paris-Saclay et autres DR