#Livres: Le Cartographe des Indes Boréales : L’Histoire d’Izko !

Le Cartographe des Indes boréales n’est pas un roman fantastique à la manière de celui à succès de Yann Martel (L’Histoire de Pi) mais les histoires peuvent se ressembler par la somme des recherches de leurs auteurs, leurs textes de référence, leur apprentissage et leur cheminement, même si les milieux culturels divergent. Non, le Cartographe d’Olivier Truc est un roman historique (monde arctique, ambitions politiques suédoises, chasse à la baleine, société lapone, fanatisme religieux…) et surtout un récit d’aventures.

On savait Truc obsédé par le Grand Nord (voir ses 3 premiers romans), on sait maintenant qu’il est passionné par le Grand Large, et nous le suivons de l’extrême Sud de l’Europe, Sagres au Portugal, jusqu’à la pointe du Spitzberg, au-delà du Cercle polaire arctique en passant par le Pays basque, Amsterdam, Göteborg, Stockholm, Uppsala, Arjeplog, la Montagne Rouge et la Mine maudite en Laponie suédoise.
On peut même parler d’un roman d’espionnage puisqu’Izko est, malgré lui, un espion au profit des hommes de Richelieu qui veulent surveiller leur allié du Nord, la Suède. Pour remplir sa mission, le jeune homme devient le principal cartographe de la monarchie suédoise, très vite indispensable à un pouvoir avide de s’emparer des terres de Laponie, censées receler les richesses minières que les Ibériques ont trouvées dans l’Eldorado américain.

Extraits du dialogue entre Izko Detcheverry, le cartographe et Fredrik Ekeblad conseiller du roi puis de la reine de Suède (pages 111 et 112 du Cartographe aux Editions Métaillé).
« FE : Toi qui as vu ces institutions à Lisbonne, tu seras heureux d’apprendre que nous venons de nous doter de notre propre bureau de mesures et de cartographie… Bien sûr nous démarrons à une autre échelle, mais notre ambition est grande.
ID : A la mesure de la grandeur de la Suède.
FE : Exactement ! Stockholm vient d’être déclarée officiellement capitale du royaume. La cité va s’étendre, l’administration va s’y concentrer, juges et greffiers affluent. De son vivant, le roi a fait pousser la ville pour contrôler l’entrée de l’archipel et le commerce qui va avec….
FE : Mais tous ces bourgeois qui s’enrichissent se fichent bien de la marche du royaume, tant que leurs poches se remplissent… Mais avec quoi fait-on la guerre, tu peux me le dire ?
ID : On peut gagner la guerre militaire ou commerciale avec des cartes….
FE : Que veux-tu dire ?
ID : Le cartographe invente la terre qu’il découvre en décidant de ses attributs. La vérité utile à l’homme naît sous sa plume.
FE : Tu veux dire que…
ID : Que Stockholm affirmera sa position de capitale lorsque les cartes en décideront et que ces cartes circuleront largement afin que chacun s’en persuade… »

Dans ces quelques lignes, le fil conducteur du Cartographe qui se nourrit ensuite des méandres d’une histoire de vie au destin tourmenté. Trop peut-être! Mais l’auteur nous avertit dans son Avant-propos: « A ce point, il devient difficile de dénouer le vrai du vraisemblable. »

Truc, pourrait recevoir Le prix de la page 111 ou 112 pour ce pavé de plus de 600 feuillets, et bien que nominé pour le Prix France Bleu des Libraires, il ne récoltera pas tous les prix qu’il a pu glaner avec ses 3 premiers romans (Le dernier Lapon, Le Détroit du Loup, La Montagne Rouge, tous chez Métaillé) mais il aurait pu avoir sûr l’agreement de quelques grands noms de romans d’aventures tel Jack London ou Robert Stevenson, peut-être plus celui de Daniel Defoe pour son Robinson Crusoé… on ne peut pas les citer tous pour ne pas risquer la comparaison (sic !!), et bien sûr celui du Canadien Yann Martel (Man Booker Prize for fiction 2002 pour l’Histoire de Pi).

Nous sommes sûrs qu’Olivier Truc, né pas loin de Saint Jean de Luz et débarqué dans le Grand Nord, une trentaine d’années plus tard, a adoré cette histoire…. Mais lui seul pourra nous dire si, jeune journaliste, envoyé couvrir, le naufrage de l’Estonia, tragique ferry entre Tallin et Stockholm, qui sombra dans les eaux glacées de la Baltique, faisant près d’un millier de victimes, il y a tout juste 25 ans, ne se serait pas mieux vu présent le jour de l’enfoncement de ce  navire de guerre suédois dans les eaux sombres du Lac Mälar, et se rêver en ce jeune Basque, héros courageux dans une Europe tourmentée, en partance pour les Indes boréales, 400 ans plus tôt ??

Crédits Photos: Le Cartographe des Indes boréales d’Olivier Truc, Editions Métaillé