Si la Suède a abandonné, en novembre dernier, toutes les poursuites pour viol contre Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, après 7 années passées entre les murs de l’ambassade d’Equateur à Londres, est a présent détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh (Angleterre) et sous la menace d’une extradition vers les Etats-Unis où il encourt une peine allant jusqu’à 175 ans d’emprisonnement pour espionnage.
Le lanceur d’alerte australien attend aujourd’hui la décision de la justice britannique qui doit statuer sur son extradition et son emprisonnement aux Etats-Unis, qui lui reprochent d’avoir mis en danger certaines de leurs sources au moment de la publication, en 2010, de 250 000 câbles diplomatiques et d’environ 500 000 documents confidentiels portant sur les activités de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.
« C’est le 24 février que se fera l’ouverture d’audience d’extradition de Julian Assange depuis Londres vers les Etats-Unis » soulignait Olivier Tasquet, co-auteur avec Guillaume Ledit du livre Dans la tête de Julian Assange (Ed. Solin/Actes Sud). Une audience qui devrait se tenir en deux étapes: ouverture dès ce jour puis décision en mai/juin prochain où l’Australien sera fixé sur son sort.
Avec WikiLeaks, Julian Assange a publié des centaines de milliers de documents dénonçant la corruption des élites, la surveillance de masse, la fraude fiscale ou les abus de l’armée américaine. Ces publications qui l’ont rendu célèbre dans le monde entier ont aussi fait de lui un ennemi public pour les gouvernements post-11 Septembre, de plus en plus tentés par la culture du secret et la surveillance des citoyens. L’objectif de WikiLeaks ? Une transparence totale que résume bien la devise des Cyberpunks: « Vie privée pour les citoyens, transparence totale pour les puissants ».
Mais jusqu’où aller pour révéler les secrets que les puissants protègent ? Quelles sont les lois auxquelles peut, ou doit, s’opposer le lanceur d’alerte pour faire éclater la vérité ? Julian Assange a souvent théorisé sa vision de cette ingérence numérique totale.
Guillaume Ledit, journaliste, cofondateur de Owni.fr, media partenaire de WikiLeaks et spécialiste du web et Olivier Tesquet, journaliste à Télérama, spécialiste des questions numériques et de surveillance, ont cherché à disséquer ce personnage romanesque en analysant ses actes, ses écrits et ses déclarations, sans rien cacher de ses zones d’ombres ou de ses propres contradictions.
Très controversé, le fondateur de WikiLeaks reste néanmoins « l’incarnation d’un combat politique majeur de ce début du XXIè siècle : celui pour la préservation de nos libertés numériques et la transparence de l’information ». Déjà en 2010, Julian Assange faisait son entrée dans le palmarès des 68 personnes les plus influentes du monde du magazine Forbes et était élu personnalité de l’année par les lecteurs du magazine Time ainsi que par la rédaction du journal Le Monde.
« On est face à quelqu’un qui incarne le combat pour la liberté de la presse, qu’on le veuille ou non », déclarait récemment Olivier Tesquet en soulignant « l’état de santé très préoccupant » de Julian Assange (france info). Lors d’une audience devant la justice le 21 octobre dernier à Londres, Assange était apparu confus et bredouillant.
Sa défense doit être assurée par une équipe internationale de conseils, à laquelle s’est joint l’avocat français Maître Éric Dupond-Moretti qui va demander à la France de lui accorder l’asile politique « faisant valoir des critères de rattachements professionnels, une partie des structures de WikiLeaks est hébergée en France, et personnels. Julian Assange a vécu dans le pays de 2007 à 2010, son deuxième enfant, toujours mineur, et la mère de cet enfant sont de nationalité française et résident dans le pays« .
Julian Assange devrait être fixé sur son sort avant l’été prochain.
Crédit photos: Actes Sud, DR, Times