Si la Normandie, Terre de Vikings par excellence, se classe régulièrement dans les premières régions françaises à visiter, c’est bien sûr grâce à son emblème, le Mont-Saint-Michel et son abbaye gothique, site touristique, le plus fréquenté de Normandie avec près de 2,5 millions de visiteurs à l’année, et l’un des dix plus fréquentés en France, mais c’est aussi pour ses plages du Débarquement Allié, le Jour J, le 6 juin 1944 (Utah, Omaha, Gold, Juno, Sword), entre Le Havre et Cherbourg et sa grande Bataille « dite » de Normandie, à Ouistreham, Caen, Arromanches, Bayeux, Colleville, Pointe du Hoc, Sainte-Mer-l’Eglise…L’an dernier «Lonely Planet», le célèbre éditeur de guides de voyages la classait dans son Top 10 des régions à visiter coûte que coûte, tous pays confondus, et notamment pour son tourisme de mémoire.
Une trentaine de sites, monuments, mémoriaux et musées célébrant le Jour J et la Deuxième guerre mondiale sont répertoriés et notamment: .
L’Incontournable Mémorial de CaenLe plus imposant de tous, le Mémorial de Caen, la Cité de l’Histoire pour la Paix. Musée inauguré en 1988, consacré à l’histoire du 20è siècle et situé à Caen, capitale régionale de la Normandie, proche des plages du débarquement et ville détruite à 85% par les bombardements alliés au mois de juin 1944. C’est le musée de province le plus visité avec ses 400.000 visiteurs par an. En 2002, le musée s’est agrandi avec l’ouverture d’une nouvelle aile principalement consacrée aux cultures de paix et à la Guerre froide. Les deux parcours muséographiques réunis permettent de couvrir les années 1918 à 1989, du Traité de Versailles à la chute du mur de Berlin. En 2009 et 2010, le Mémorial de Caen a encore rénové ses parcours et ouvert de nouveaux espaces de visite : « Guerre mondiale, Guerre totale » et « Le Débarquement et la Bataille de Normandie ». Récemment inauguré, le bunker souterrain du poste de commandement allemand du Général Richter, à travers une scénographie inventive qui met en lumière les aspects militaires de l’occupation allemande ainsi que l’histoire du Mur de l’Atlantique. www.memorial-caen.fr
L’Historique Arromanches:
La plage d’Arromanches est restée célèbre comme lieu historique du débarquement, notamment pour le port artificiel qui y fut installé. C’est sur la plage d’Arromanches que les Alliés établirent un port artificiel provisoire afin de permettre le débarquement de matériel lourd, sans attendre la conquête de ports en eaux profondes, tels que le Havre ou Cherbourg. Bien qu’au centre de la zone de débarquement, Arromanches fut épargné par le gros des combats le Jour J. Afin de permettre l’installation du port et son bon fonctionnement le plus rapidement possible, il ne fallait pas abîmer la plage et détruire les voies de communications aux alentours. Le port fut mis en service le 14 juin. D’une superficie représentant 700 terrains de football, il permit de débarquer 9.000 tonnes de matériel par jour..Le port d’Arromanches fut en effet choisi afin d’y établir les structures portuaires indispensables au déchargement des quantités de ravitaillement nécessaires aux troupes d’invasion lors du débarquement de juin 1944. Les Britanniques construisirent d’énormes caissons flottants en béton, les « Phoenix » qui après avoir été remorqués d’Angleterre devaient être assemblés en les coulant afin de former des quais et des jetées, formant et délimitant un port artificiel, comprenant des pontons reliés à la terre par de véritables chaussées flottantes. Aujourd’hui encore, quelques caissons « Phoenix » sont visibles et témoignent de la solidité des constructions..« Quelques chiffres : le 12 juin 1944, plus de 300 000 hommes, 54 000 véhicules, 104 000 tonnes de ravitaillement avaient été débarqués. Pendant les 100 jours de fonctionnement du port, ont été débarqués : 2,5 millions d’hommes, 500 000 véhicules, 4 millions de tonnes de matériel. La meilleure performance du port se situe dans la dernière semaine de juillet 1944, au cours de ces sept jours, le trafic d’Arromanches dépassa 136 000 tonnes, soit 20 000 tonnes par jour ».
Le Musée du Débarquement d’Arromanches avec ses maquettes révélant le côté technique des ports construits est un musée thématique ayant pour but de comprendre la construction et le fonctionnement du port artificiel d’Arromanches, le tout replacé dans l’ensemble du Débarquement. Ce musée, placé face aux vestiges du port, propose des visites guidées et des audiovisuels relatant les événements de la nuit du 5 au 6 juin.
Arromanches 360 est une salle de cinéma circulaire située sur les hauteurs d’Arromanches face aux vestiges d’un des ports.. Elle projette en boucle un film de 20mn sur Les 100 jours de la Bataille de Normandie. Réalisé par les auteurs de la série événement Apocalypse, ce film projeté en haute définition, sur 9 écrans, raconte grâce à des images d’archives venues du monde entier, l’intégralité des opérations militaires. www.musee-arromanches.fr
Le grand témoin du Mur allemand de l’Atlantique:
La Batterie allemande de Longues-sur-Mer dans le Calvados, renforcée en toute hâte par le maréchal Rommel, seule batterie de défense côtière classée « Monument historique » au cœur des plages du Débarquement. Ouvrage majeur du Mur de l’Atlantique, située au sommet d’une falaise dominant la Manche entre Arromanches et Omaha Beach, elle offre aujourd’hui une vue panoramique sur les plages et reste la seule batterie qui soit encore équipée de ses canons d’époque. Le poste de direction de tir de la batterie de Longues-sur-Mer, ainsi que les 4 batteries avoisinantes ont servi de décor à l’une des scènes du film Le Jour le plus long.
La batterie de Longues est le témoin fidèle de ce que pouvait représenter, par son importance, un ouvrage du mur de l’Atlantique. De nos jours, l’intérêt de cette batterie est dû au bon état de ses bunkers et au fait qu’elle conserve deux de ses pièces de 150 mm d’origine. Le site est aménagé pour la visite.
Le malheur des Cimetières militaires:
Près de 100.000 soldats (environ 40.000 Alliés et 60.000 Allemands) sont morts en Normandie au cours des combats de l’été 1944. Une partie d’entre eux (essentiellement 85% des Américains) a été rapatriée dans leurs pays d’origine. Mais la très grande majorité a été inhumée en terre normande,dans 27 cimetières : 16 britanniques, 2 canadiens, 2 américains, 1 polonais, 1 français et 5 allemands.Le cimetière américain de Colleville-sur-Mer dans le Calvados, situé juste au-dessus de la plage d’Omaha Beach, tristement appelée Red Easy, Easy la Sanglante, parce que la plus meurtrière. Inauguré officiellement en 1956 avec son mémorial, ce cimetière honore les 9387 soldats américains morts pendant cette bataille de Normandie. Le cimetière accueille environ 1 million de visiteurs par an et est le cimetière américain le plus visité. Les États-Unis y ont investi 30 millions de dollars pour retracer le débarquement. Dans une des salles, une bande-son cite en permanence le nom des soldats américains morts au combat.Pas très loin de là, à La Cambe (Calvados) le Cimetière militaire allemand, est un lieu impressionnant qui réunit 21.300 tombes grises et brunes. Un centre d’accueil, un espace d’exposition permanente à la mémoire des soldats allemands ainsi qu’un jardin planté de 1200 érables, symboles vivants de la paix entre les nations, sont à la disposition des visiteurs. www.volksbund.de
L’Unique Musée Airborne:
Situé dans le département de la Manche, le Musée Airborne est implanté depuis 1964, au centre du bourg de Sainte-Mère-Eglise, le premier village à avoir été libéré le 6 juin, devenue célèbre de par le monde grâce à son parachutiste John Steele resté accroché à son clocher. Ce musée vous entraîne au cœur de l’extraordinaire épopée des parachutistes américains des 82ème et 101ème divisions aéroportées qui sautèrent sur la Normandie lors de l’opération Neptune dans la nuit du 6 juin 1944. Grâce au planeur Waco et au Douglas C-47, c’est un voyage unique dans l’espace et le temps qui est proposé à tous les visiteurs et autres passionnés parcourant ce lieu historique.
En 50 ans d’existence, le Musée Airborne est devenu le plus grand musée d’Europe consacré aux parachutistes américains des 82ème et 101ème divisions aéroportées engagés en Normandie dans le cadre de l’Opération Overlord de Juin 1944. 50 ans après son inauguration, le Musée Airborne s’est agrandi et propose, dans un nouveau bâtiment de 900m2 en forme d’aile d’avion, appelé « Opération Nepturne » un parcours de visite novateur, exceptionnel et riche en émotions. Ce parcours chronologique évoque en différentes séquences ce que vécurent les parachutistes depuis leur embarquement en Angleterre dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Ce parcours alterne des sas ayant vocation à donner les clefs de la compréhension des événements et des salles immersives qui plongent le visiteur au cœur de l’action. Tout au long de ce parcours, le visiteur accompagne John, un parachutiste radio de la 82ème. Les enfants ont leur propre parcours avec une mascotte qui les guide et des textes adaptés. Ils embarquent dans l’avion et découvrent la cabine de pilotage puis les parachutistes assis sur un côté prêts à sauter au-dessus de la Normandie. Le bruit est assourdissant. Les détonations et les moteurs font vibrer les parois et le plancher… En quittant le Musée Airborne, il nous reste le souvenir de ces heures tragiques qui firent rentrer Sainte-Mère-Eglise, son église et ses environs, dans l’Histoire. http://www.airborne-museum.org/
Cette année vu la crise sanitaire du Covid-19 qui sévit dans le monde entier depuis plus de 2 mois, il n’y aura pas de cérémonies officielles pour célébrer ce 76ème anniversaire du Débarquement mais tous ces lieux seront ré-ouverts au public à partir du 6 juin, avec les précautions que l’on connait (masques et gestes barrières).à respecter!
Les Nordiques connaissent bien la région et la Normandie a depuis le Xe siècle des relations particulières et privilégiées avec la Scandinavie. Le Duché de Normandie n’a-t-il pas été fondé par le chef viking Rollon en 911? Ce « voisinage » historique s’est renforcé au XXe siècle, après la Seconde Guerre mondiale, avec la reconstruction de Caen et l’envoi par la Suède, de plus de 200 maisons en bois, entre 1946 et 1948. Ces maisons jumelées ont représenté près de 400 logements répartis sur dix communes du Calvados : Thury-Harcourt, Mézidon, Saint-André-sur -Orne, Lisieux, Fleury-sur-Orne, Aunay-sur-Odon, Condé-sur-Noireau, Bretteville-sur-Laize, Colombelles et Caen, bien évidemment. Lire ici
« Parallèlement, l’Université de Caen a créé, il y a 55 ans, un département d’études nordiques unique en France : on y enseigne les trois langues scandinaves ainsi que le finnois et l’islandais. Ses enseignants sont aujourd’hui les principaux traducteurs de la littérature nordique. C’est à Caen que le dictionnaire franco-islandais a été réalisé et que sont traduits la plupart des polars scandinaves en vogue ces dernières années… . » : souligne Jérome Rémy, directeur des Boréales de Caen, festival dédié à la culture nordique.
Et puis en Normandie avec ses 600 kms de littoral et dans ces terres (Basse et Haute-Normandie), de bocage et ses fameux paysages qui ont inspiré nombre d’artistes et de peintres, on pourra notamment emprunter la Route des Impressionnistes peintes de multiples fois (Monet notamment a peint près de 150 toiles sur la Côte d’Albâtre, à Dieppe, Pourville et la région, toiles aujourd’hui disséminées dans le monde entier…, mais aussi Delacroix, Pissaro, Turner); Ou bien alors longer celle des grands classiques normands, gourmands comme la Route des 4 Fromages -Neufchâtel, Pont-L’évêque, Camembert, Livarot-; des poissons et fruits de mer (huîtres, coquilles Saint-Jacques -Dieppe, le 1er port de CSJ)-, turbots, bars, raies…); La Route de la Pomme, et son cidre, pommeau et calvados… La Route du Lin dont la Normandie est le leader mondiale pour sa production textile, et tout simplement la route qui vous fera découvrir ses maisons à colombages, ses églises du XIè siècle et ses grandes fermes aux hauts murs aveugles…ses falaises de craies escarpées surplombant la mer, sa côte sauvage et ses valleuses, criques et plages de sable et de galets…,
Déjà en 2017 les professionnels du tourisme avaient noté que la Normandie s’était installée, contre toute attente, au deuxième rang national des régions touristiques après l’Île-de-France et puis en 2018,.la Normandie avait battu son record de fréquentation avec une hausse de 5% pendant les mois d’été et conservé sa place de dauphin de l’Île de France, comme la deuxième région la plus fréquentée grâce, entre autres, au retour des touristes asiatiques…
Les touristes asiatiques et peu de touristes étrangers seront présents cette année, suite à la pandémie du Covid-19, mais ce bilan remarquable révélait deux tendances très fortes. D’abord le développement, confirmé par l’ensemble de la filière, d’un tourisme de la fraîcheur. Été après été, les vacanciers, notamment d’un certain âge, sont de plus en plus nombreux à remonter du sud de la France et même d’Espagne ou d’Italie vers le Nord pour fuir les chaleurs caniculaires. Et ils prennent manifestement goût à ces régions qu’ils découvrent, et en particulier à la Normandie, région placée, depuis plus de 75 ans et pour l’éternité, sous le double signe du tourisme et de la mémoire. D’ailleurs le plus grand parc touristique de Normandie devrait voir le jour le 6 juin 2024, à l’occasion du 80ème anniversaire du Débarquement avec pour thématique ces deux piliers de la région. Rendez vous le 20 septembre 2020 pou son lancement !
Crédits photo: DR, DD, EchoSciences et les offices du tourisme locaux