Dans le contexte sanitaire actuel, le Carnet de Voyages est un bien aussi précieux et recherché que les 2 doses d’un vaccin qu’il soit ARN messager ou adénovirus ! Et puis en cette année Beaudelaire, bicentenaire de sa naissance, comment décliner une Invitation au Voyage !!
Avec l’Association des Journalistes du Tourisme (AJT), et à l’occasion de son Assemblée Générale ( #ajtrepdom), Francofil était, en début d’année, en République dominicaine, à l’invitation de l’Office du Tourisme à Paris et d’Air Caraïbes.
Jour -1: Pour la plupart d’entre nous, la République dominicaine est un pays de plages, de rhum, de musique, le lieu vers où l’on s’évade quand on n’en peut plus de l’hiver… Mais la République dominicaine est également un pays d’écrivains !
Peu traduits, les romans de la littérature dominicaine ne sont pas nombreux à traverser l’Atlantique. Les auteurs « incontournables » sont José Joaquin Pérez et Salomé Urena de Henriquez, écrivains de la fin du XIXème siècle. Ils sont les fondateurs de la littérature nationale. Il faut citer également l’auteur d’Enriquillo, Manuel Jésus Galvan.
« La Dictature de Trujillo, République dominicaine 1930-1961″. Editions L’Harmattan.
– « Poésie dominicaine du XXe siècle« , de Claude Couffon. Editions Patino.
– « La Récolte douce des larmes« , de Edwidge Danticat. Editions 10/18.
Mais il faut lire La brève et merveilleuse vie d’Oscar Wao, de Junot Diaz (traduit par Laurence Viallet Plon, Ed. 10/18). Prix Pulitzer et Meilleur Livre 2012 selon le New York Times.
« Avis aux lecteurs qui comptent passer une semaine sur une plage dominicaine cet hiver: ne partez pas sans ce roman. Vous rirez fort, oui, mais vous comprendrez mieux le pays autour de vous ».
Pas facile de résumer ce roman. Disons que c’est l’histoire du fuku (malédiction dominicaine) qui s’abat sur une famille à la fin des années 40 en République Dominicaine et qui la poursuit jusqu’à aujourd’hui dans le New Jersey… ou Junot Diaz et la majeure partie de la communauté dominicaine est installée aujourd’hui aux États-Unis… Où les petites histoires rejoignent la Grande Histoire !
Jour +1: Si les Vikings conduits par l’explorateur norvégien Leif Erikson ont bien découvert les Amériques les premiers, 500 ans avant Christophe Colomb, c’est bien le navigateur génois qui a découvert les Îles de la Caraïbe: San Salvador, Cuba puis la République Dominicaine, lors de son premier voyage en 1492, Île qu’il rebaptise #Hispaniola, la petite Espagne !
Sur ses traces nous découvrons Santo Domingo de Guzman, la Saint-Domingue coloniale, la capitale de la République Dominicaine, la plus grande ville des Caraïbes, la première et la plus ancienne cité du Nouveau Monde. C’est ici où l’on débarqua le 1er Africain en Amérique. C’est là qu’eut lieu 1ere révolution des esclaves indiens Taïnos en Amérique.
Dans le quartier historique de Santa Barbara, avec en son centre une sorte d’église-forteresse du plus pur style colonial espagnol, Santa Barbara, au bout de la Calle La Negreta, décorée de célèbres peintures murales qui rappellent le sauvetage de ce bidonville dans la ville coloniale et témoignent des vestiges de l’histoire des esclaves et de leurs afro-descendants. Le Centre colonial de Santo Domingo est classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.
Jour 2: Balades à Santo Domingo en dehors du Centre Colonial, du « cluster touristico » comme on dit ici.
Santo Domingo Este: Il y a 3 façons d’aller de Saint-Domingue à Gualey, à l’est de la ville, ‘un des quartiers défavorisés: en bus, en taxi ou à pied !! Une dizaine de kilomètres, une dizaine de minutes par la route si pas d’embouteillages (c’est rare !), ou 2h30 de marche (ne pas oublier sa bouteille d’eau !!) mais à Gualey on peut alors prendre le téléphérique et découvrir les toits de cette banlieue populaire peints de toutes sortes de fleurs et de couleurs…
Et puis direction Santo Domingo Norte, les quartiers nord de la ville: le quartier de #VillaMella où l’on devine les racines du peuple dominicain, ses traditions, ses danses, sa musique et ses musiciens reconnus en 2001 comme un patrimoine culturel de l’humanité par l’UNESCO. Mais également des éléments de sa modernité avec l’une des 2 lignes de métro aérien qui traverse la ville… Lire ici le reportage de Bernard Frank et Gil Giulio sur i-voyages.net
Jour 3: Si les Nordiques sont les plus grands consommateurs de café (Finlande et Suède 12 kg par habitants et par an), ils sont aussi friands de chocolat et ne savent sans doute pas que la République Dominicaine, 10eme producteur mondial de cacao, est le 1er producteur mondial de cacao certifié biologique, qui représente 16% de sa production totale. Elle abrite près de 40.000 plantations de tailles variées. Ici dans le nord du pays à San Francisco de Macoris…
Jour 4: Si les pays Nordiques restent toujours aussi friands de leur snus, poudre de tabac humide à priser, la République Dominicaine est le 1er exportateur de cigares Premium au monde depuis plus de 20 ans. Le pays exporte plus de 210 millions de cigares Premium, soit une part de 42% du marché mondial d’exportation. L’ensemble des cigares fabriqués, incluant notamment les hechos a mano, hechos a máquina, génère plus de 600 millions de dollars de recettes. Le secteur emploie environ 120 000 personnes. Chez Arturo Fuente Cigar Factory, ils étaient 6 il y a 40 ans, ils sont 350 aujourd’hui. Lire ici l’article de Maeva Destombes sur delices-mag.com
Jour 5: Si Punta Cana, à l’extrémité orientale de la République dominicaine, à la croisée de la mer des Caraïbes et de l’océan Atlantique, est réputée pour ses 60 kms de plage de sable blanc et ses eaux turquoises et transparentes, on connait moins son Parc Écologique Indigenous Eyes, réserve naturelle et parc écologique de 600 hectares avec ses sentiers de randonnée ombragés qui serpentent à travers une luxuriante forêt tropicale et conduisent à une série de 12 lagons d’eau douce où l’on peut se tremper, nager, plonger…
Le Parc abrite entre autres une Fondation écologique qui appartient au domaine d’un gigantesque resort à Punta Cana, près de l’aéroport qui comprend notamment le luxueux boutique hôtel Tortuga Bay, The Westin Punta Cana et le Four Points By Sheraton Punta Cana Village. On y trouve aussi un spa Six Senses, l‘une des plus belles plages du pays, Playa Blanca, sept restaurants dont deux gastronomiques, et deux golfs…
Mais on peut y voir également des iguanes rhinocéros, endémiques de l’île et menacé de disparition, des ruches où des apiculteurs produisent un excellent miel, un jardin organique, des potagers tomates, menthe, basilique, pesto, poivron rouge, etc…, des plantes médicinales, sans oublier un centre d’aquaculture et une station antisismique… Un peu plus au nord dans la péninsule de #Samaná on peut même danser , nager avec des baleines… Lire ici l’article de Christophe Riedel sur parallelespotentiels.blog
Jour 8: 21 janvier . Jour férié en Rep Dom. Jour sacré, celui de la Vierge de Altagracia, mère spirituelle et protectrice du peuple dominicain. Célébrée dans tout le pays et plus particulièrement à Higüey, capitale de la province de La Altagracia, située à environ 145 km à l’est de la capitale, sur la route des plages de l’extrémité orientale de l’île… Punta Cana est à une 50 kms de là… C’est ici que se trouve la Basilique de Notre Dame d’ Altagracia, et que se réunissent ses fidèles pour célébrer leur patronne, reprenant le tableau ci-contre, apporté dans l’île par les missionnaires espagnols, et toujours exposé dans le Sanctuaire de la Basilique. Chaque année, le jour de sa fête, le 21 janvier, des milliers de Dominicains se rassemblent pour vénérer l’image miraculeuse de ce qui pourrait être le plus ancien sanctuaire marial des Amériques.
En 1650, l’église actuelle a été construite en l’honneur de cette image. La basilique de Notre-Dame d’Altagracia, inaugurée le 21 janvier 1971, est nommée d’après le saint patron du peuple dominicain. Elle a été conçue par les architectes français A. Dunover de Segonzac et Pierre Dupré, pour remplacer l’ancien sanctuaire de 1572. Elle a été déclarée monument national, bénie par le Vatican, et des milliers de pèlerins la visitent chaque année, et viennent demander des faveurs et remercier cette patronne du peuple dominicain.
Jour 12: Nous étions à Bani à l’ouest de Santo Domingo distant d’environ 60 kilomètres. Bani, capitale de la mangue et du café. La pêche procure aussi quelques revenus aux habitants, mais c’est surtout la saliculture, activité agro-industrielle, qui a tendance à se développer grâce aux salines toutes proches. À quelques kms de la ville se trouve la baie de Las Calderas et le petit village de Las Salinas de Bani, marais salants situés dans la Baie juste avant la plage de Punta Las Salinas… Et les fameuses Dunes de Bani, phénomène naturel luxuriant unique en son genre dans la région des Caraïbes. Sa proximité avec la capitale en fait une attraction touristique pour les habitants de Saint Domingue et de San Cristobal… C’est tout près d’ici également, à Ocoa Bay que se trouve le seul vignoble des Caraïbes. Lire l’article de Patricia Colmant sur leshardis.com
Jour 15: On aura presque tout fait ici cette quinzaine en RepDom. La capitale coloniale, historique, ses quartiers plus populaires, Gualey, Villa Mella… On aura été à l’extrémité est de l’île vers les plages de rêves de la Côte des Cocotiers, Punta Cana, Playa Blanca, on aura été à l’ouest vers Barahona, sur les Dunes de Bani et la plage de Salinas, on aura été plus au nord, au centre nord, à Santiago fumer le cigare et boire du cacao dans une plantation bio à San Francisco de Macoris, on aura éclusé du rhum à volonté et on se sera épuisé sur les rythmes carabéens: merengue, bachata, reggaeton, on aura lu Junot Diaz et goûté au mangù au petit dejeuner, cette sorte de purée de bananes plantain… On aura même fait la queue pendant plus de 2 heures pour faire ce sacré test PCR, droit de retour, dans une ambiance plus que tropicale… Ok, on a loupé les baleines à Samana et peut être cette côte du Parc naturel de Los Haïtises…
Mais il y a une chose qu’on n’a pas faite et pour laquelle on reviendra, c’est cette côte nord sur l’Atlantique, Puerto Plata et plus précisément Sosúa.
D’abord parce qu’il paraît que la plage de Sosúa est l’une des plus belles plages de la République dominicaine, faite de sable blanc et d’une eau claire et cristalline plus encore que celles de la Côte des Cocotiers, mais surtout parce que c’est ici, dans l’un des secteurs de la ville à El Batey, que se sont installés approximativement 500 des 5 000 réfugiés juifs allemands, autrichiens et hongrois, à qui le gouvernement dominicain a offert des visas entre 1940 et 1945 à la suite de la Conférence d’Évian (1938).
Le gouvernement leur a fourni la terre et les ressources avec lesquelles ils ont créé des laiteries et des fromageries, appelées Productos Sosúa, qui existent toujours aujourd’hui. Les descendants des colons originaux habitent toujours dans Sosúa, où ils maintiennent leurs traditions, la synagogue et un musée.
« Mars 40: Sosúa. Rien !! il n’y avait rien… Un kibboutz devait sortir de terre… et donner forme au projet de colonie agricole de la Dorsa, organisation dépendante du l’administration de Rep Dom. » C’est ainsi que commence la saga de Catherine Bardon « La saga des Déracinés, c’est aussi, au travers du récit de la famille Rosenheck, le roman de la République Dominicaine, cette terre métisse si mal connue. » poursuit-elle. On a lu le 1er volume paru chez Pocket. Le 3eme « Et la vie reprit son cours » paraîtra en avril chez le même éditeur et le dernier volet « Un invincible été » à la même date aux Escales Éditions. Plus ici
Jour 16: 26 janvier. Au moment où l’on s’apprête à partir, Santo Domingo est en liesse, et la République Domicaine en fête ! Le pays célèbre la naissance du père de la patrie Juan Pablo Duarte. Le 26 janvier c’est la fête nationale de la Rep Dom. Le jour de l’indépendance.
Juan Pablo Duarte, homme politique et indépendantiste dominicain, est un des trois Padres de la Patria, fondateurs et héros nationaux de la République dominicaine. Bien qu’il ait passé une grande partie de sa vie en exil en Angleterre, en France et au Venezuela jusqu’à sa mort en 1876, son caractère et son intégrité en ont fait un grand héros national. La dernière demeure de Duarte sur sa terre natale se situe au bout de la Calle Duarte à Santo Domingo. Elle a été aménagée en Musée de l’Indépendance. Toujours à Santo Domingo, dans le Centre colonial, en face du monastère dominicain, se trouve le Parque Duarte, orné de la statue du père de l’indépendance. Presque chaque ville de la République dominicaine possède une rue du nom de Juan Pablo Duarte. Et la pièce actuelle d’un peso est à son effigie…
Lire ici la balade de 3 semaines de Laurine Thiodet sur hellovoyage.fr
Bonus: 8 mars. Nous étions en Republique Dominicaine, il y a moins de 2 mois et c’est là bas, à Santiago de los Caballeros entre Jarabacoa et Puerto Plata que nous avons appris le tragique destin des trois soeurs Miraval, militantes dominicaines brutalement assassinées sur les ordres du chef de l’État, le dictateur Rafael Trujillo en 1960. En cette Journée internationale des droits des femmes, nous voulons partager l’hommage qui leur a été fait , ce jour, à Paris, d’inaugurer une plaque commémorative en leurs noms , Les Soeurs Patria, Minerva et Maria Teresa Mirabal, connues aussi sous le nom de « Las Mariposas » (Les papillons).
IMPORTANT: Cet article n’est que le conducteur d’un livre à paraître en suédois aux Editions Irrealiste Förlagen.
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