#Théâtre: Une norvégienne fait l’actualité à Montmartre !

Avec sa Basilique du Sacré-Cœur, ses petites impasses, ses vieux moulins et ses cabarets, Montmartre représente le Paris d’antan, le Paris -Village. Mais Montmartre c’est aussi un décor de cinéma et des scènes de théâtres qui replacent Montmartre au cœur de l’actualité.
Il y a l’historique Théâtre de l’Atelier, Place Charles Dullin, inauguré en 1822, connu pour la grande qualité dans le choix de son répertoire (Pirandello, Ionesco, Beckett, Thomas Bernhard, August Strindberg…) et a révélé des comédiens comme Jean-Paul Belmondo, Brigitte Bardot, Michel Bouquet et Laurent Terzieff…
Depuis 1996, il y a le théâtre des Abbesses qui est la seconde salle gérée par le Théâtre de la Ville, place du Châtelet. Sa programmation est d’ailleurs directement liée à celle du Théâtre de la Ville. La direction y promeut plus fréquemment les spectacles de jeunes chorégraphes, compagnies, auteurs ou metteurs en scène. Un succès aux Abbesses peut permettre aux artistes d’être programmés l’année suivante sur la scène du Théâtre de la Ville, place du Châtelet, pour une reprise ou une nouvelle création.

Et puis il y a  le Théâtre de la Manufacture des Abbesses ouvert en novembre 2006. C’est un théâtre indépendant consacré aux auteurs contemporains, pouvant accueillir 120 personnes. Il est dirigé depuis son ouverture par la comédienne Sophie Vonlanthen et l’auteur Yann Reuzeau. 
« Le talent de Yann Reuzeau est de multiplier les questions politiques et humaines autour de la fragilité des démocraties en puisant dans notre quotidien. » peut-on lire dans La Terrasse, le journal de référence du théâtre en France. Ce sont les thèmes de la programmation de son théâtre. La pièce dont il est l’auteur Les Témoins, toujours à l’affiche, est au cœur d’une actualité qui sera chaude les six prochains mois en France:
« Un président d’extrême droite est élu en France. Comment réagir quand on est un journal influent qui a bâti sa réputation sur une ligne claire : pas d’opinions, des faits? Ces questions, Reuzeau les pose frontalement, c’est un auteur qui sait présenter les enjeux dans leurs complexités, et nourrir le suspens. Reuzeau met en scène un point de bascule révélateur de la fragilité de la démocratie. Un souffle, une énergie, une conviction. » (Le Monde)

Et puis tout dernièrement, Reuzeau a confié sa scène à l’autrice et l’actrice norvégienne Eirin Forsberg et son texte  » Et maintenant… « 
« Une mère célibataire avec une enfant rencontre un homme qui tombe éperdument amoureux d’elle. Ils se marient. Dix ans plus tard, elle dépose plainte pour violences conjugales. Cette histoire commence à l’instant où elle s’échappe du domicile conjugal. 
Au travers des flash-back, surgit l’urgente nécessité de renaître, de se redresser. Elle doit alors faire face au miroir des souvenirs douloureux, affronter et surmonter ses doutes, ses peurs, ses faiblesses, ses hontes, sa culpabilité, son manque d’estime de soi… et le quotidien. »  (Dossier de Presse)

Pendant une heure, Eirin Forsberg, (arrivée à Paris en 1998, formée à l’Académie du théâtre d’Oslo et castée dans de nombreux répertoires tant classiques que contemporains en France, Italie, Norvège et Suède) est seule en scène, une chaise, un sac en bandoulière, quelques accessoires. Une grande femme blonde, énergique qui parle très bien français avec un léger accent norvégien. Elle joue son histoire, celle d’une femme battue, Et son histoire raconte sobrement une libération, Eirin Forsberg termine par ces mots de victoire : « Veni, Vedi, Vinci !!: je suis venue, j’ai vu, j’ai vaincu…!! »

« Les violences conjugales, tant physiques qu’émotionnelles et mentales sont le lot de beaucoup de femmes. Le tabou se lève, des femmes s’expriment enfin, la presse ne parle, le législateur s’attèle à approfondir les mesures de prévention, de formation de la police, et de protection. C’est bien mais c’est insuffisant… Trop de femmes et victimes ne se reconnaissent pas dans les récits extrêmes qui vont jusqu’aux féminicides. C’est mon cas. Il a fallu bien des années pour me sentir légitime de dire stop à des violences physiques et émotionnelles, qui à côté des histoires dont on entendait parler ne me semblait pas assez violentes » insiste Eirin et elle poursuit: « Le passage de mon histoire par l’écriture, puis le plateau m’a permis de créer un personnage, Elle, de la mettre à distance, de l’entendre, de la voir vivre sur scène ! Ainsi mon témoignage, devenu geste artistique peut se partager et permettre d’ouvrir des réflexions sur ce tabou que sont encore les violences conjugales ».

Non aux violences: encore un sujet au cœur de l’actu à la Manufacture des Abbesses à l’heure de #metoo, #metootheatre 
Et Maintenant… Auteur : Eirin Forsberg, Gilles La Carbona Artistes : Eirin Forsberg Metteur en scène : Philippe Sollier