C’est dans un théâtre historique de Paris, situé tout près du square Monceau et de l’Eglise suédoise, le Théâtre Hébertot, construit en 1830, doté d’une salle à l’italienne de plus de 600 places (salle à étages de loges, balcons, galeries disposés en U) que Francofil a vu 2 des plus fameuses pièces historiques jouées actuellement dans la capitale.L’Importance d’être Constant (The Importance of Being Earnest) est une comédie de l’écrivain irlandais Oscar Wilde, créée fin 19è siècle au St James’s Theatre de Londres.
L’action se déroule dans l’Angleterre victorienne. Le quiproquo à la base de l’intrigue est fondé sur le prénom du personnage principal : Constant (Ernest en anglais), frère imaginaire de Jack. Deux dandys de la haute société londonienne découvrent qu’ils ont recours au même stratagème pour mener une double vie : ils s’inventent chacun un faux frère malade qui leur sert d’alibi, afin de satisfaire leurs escapades libertines. Mais l’amour vient s’en mêler… « Une comédie triviale pour gens sérieux » précisait Wilde.
« Wilde est mordant sans être désenchanté. Pas de cynisme mais au contraire une ode à l’amour et à la liberté des sens. La plus grande ennemie du bonheur : l’hypocrisie. La société victorienne et sa morale acerbe sont pourfendues avec une verve inégalée. J’ai proposé de décaler légèrement l’action dans les années folles, une célébration du dandysme chez les hommes mais également le début d’une certaine émancipation chez les femmes » : souligne le metteur en scène. Arnaud Denis et il poursuit: « Empruntant à Goldoni, Marivaux, Molière, Labiche et Feydeau dont il se montre le digne héritier, Wilde, bien que doté d’une ironie mordante, ne cède cependant jamais au cynisme. Derrière cette joute verbale se cache en vérité un hymne à l’amour, à la beauté et au romantisme ».
La pièce a souvent été adaptée au théâtre, -et cette dernière, réunissant au casting les jubilatoires Evelyne Buyle, Delphine Depardieu, Marie Coutance, Arnaud Denis et Olivier Sitruk dans un jeu de mots d’esprits, de quiproquos et de péripéties n’en restera pas la moindre- et au cinéma notamment en 2002 avec Rupert Everett et Colin Firth.
Si, dès sa création, la pièce connut un large succès, elle marqua le début du bannissement pour Oscar Wilde. On continuera de jouer la pièce à Londres en ayant pris soin de retirer son nom de l’affiche et il fut privé de droits d’auteur et emprisonné pour avoir avoué préférer les hommes !
Puis nous avons assisté à une nouvelle adaptation française du chef d’oeuvre du dramaturge américain Reginald Rose « Twelve Angry Men (12 hommes en colère), créée dans ce même théâtre, et qui en est à sa 350ème représentation( malgré ces 2 ans de crise sanitaire où les théâtres, en France, furent longtemps fermés).
Fameux huis clos entre douze jurés du procès d’un adolescent noir de seize ans accusé d’avoir poignardé son père. S’ils rendent le verdict « coupable », plus rien ne s’opposera à la peine de mort.
Douze Hommes en colère est une pièce de théâtre écrite en 1954 après que son auteur, Reginald Rose, a été juré dans une affaire assez semblable. Elle a été adaptée en français par André Obey, en 1958, et cette fois-ci par Francis Lombrail en 2017.et mise en scène par Charles Tordjman.
« Brillant » titrait Paris-Match ; « Huis clos judiciaire magistralement mis en scène » qualifiait Le Parisien; « Distribution homogène et solide. Ils sont tous d’une justesse et d’une rigueur sans failles » ; chroniquait La Croix; « Une adaptation très fidèle. Un parfait tableau de l’humanité. Un effet dramatique réussi « résumait Le Figaro.
L’adaptation de cette œuvre au cinéma par Sidney Lumet sous le même titre avec Henry Fonda dans le rôle de Davis (le juré décisif) remporta un Ours d’or au Festival de Berlin 1957.
Près de 70 ans après sa création, et au moment ou l’on assiste en France à un procès historique (le procès des attentats de 2015 et même s’il n’est pas de même nature et sans jurés populaires) la pièce est encore prodigieusement d’actualité sur la réflexion qu’une société et ses citoyens doivent avoir sur la notion de justice.