Une Maison de poupée est une critique acerbe des rôles traditionnels des femmes et des hommes dans le mariage. « Le drame ibsénien, c’est un peu la tragédie grecque qui se démocratise et qui frappe la famille bourgeoise », a-t-on pu lire quelque part.C’est de retour à Rome en 1878 qu‘ Henrik Ibsen poursuit son cycle centré sur la critique sociale, marqué par le réalisme des descriptions et l’usage de la prose, avec la publication du drame social Une maison de poupée, en 1879. La pièce, en raison de sa chute novatrice et scandaleuse (Nora, la femme quitte le domicile conjugal, son mari et ses enfants !), obtient un succès international. Sa renommée est telle que ses pièces sont progressivement montées dans toutes les capitales d’Europe.
Pourtant, pour une grande partie des Européens du XIXe siècle, la pièce est jugée scandaleuse. Si les liens du mariage sont considérés comme sacrés, c’est davantage la question de l’abandon des enfants qui rend inacceptable le départ de Nora du domicile conjugal. Une partie des pays européens de tradition protestante censurent la pièce, soit en l’interdisant totalement, soit en faisant pression sur Ibsen pour qu’il modifie la fin.
En Allemagne, à la demande du directeur du théâtre et de l’actrice principale, Ibsen doit écrire un dénouement alternatif où Nora tombe à genoux devant la porte de ses enfants, acceptant de se sacrifier pour eux et pour son mari au prix de son propre épanouissement. Malgré ces modifications et la germanisation des noms, la pièce est mal accueillie par le public et le personnage de Nora est jugé puéril et de mauvais exemple.
En Grande-Bretagne, Une maison de poupée est d’abord interdite par le Lord Chambellan sous couvert de l’acte de censure de 1737.
Dans les pays de tradition catholique, la pièce ne subit ni censure ni amendement. Le directeur de l’Odéon à Paris, obtient les droits pour monter la pièce en 1889, mais la représentation n’a lieu que le 20 avril 1894 au Théâtre de Vaudeville (aujourd’hui disparu et situé à l’emplacement des salles de cinéma Gaumont-Opéra sur les Grands Boulevards) , avec Réjane, comédienne-star à l’époque, dans le rôle de Nora. Le succès est immédiat. La comédienne reçoit un télégramme enthousiaste d’Ibsen le jour de la première : « Mon rêve est réalisé, Réjane a créé Nora à Paris».
A la Manufacture des Abbesses :
« C’est Noël : Torvald et Nora Helmer se préparent à la fête, d’autant que Monsieur va devenir directeur de banque. L’arrivée de Krogstad, menaçant de révéler le lourd secret de Nora, va faire basculer ce drame bourgeois. Philippe Person met en scène le huis clos d’Ibsen en thriller hitchcockien… »
Sûr que le dramaturge norvégien aurait aimé l’adaptation et la mise en scène de Philippe Person et de sa Cie et particulièrement la performance de Florence Le Corre dans le rôle de Nora, saluée par toute la critique pour ces 28 représentations à la Manufacture des Abbesses, après sa création au Théâtre du Lucernaire à Paris et son passage au Festival d’Avignon.
Une Maison de Poupée. Auteur : Henrik Ibsen. Adaptation : Philippe Person. Artistes : Florence Le Corre(Nora), Nathalie Lucas(Mme Linde), Philippe Calvario (Thorvald), Philippe Person (Krogstad). Metteur en scène : Philippe Person. Traduction : Regis Boyer.
Manufacture des Abbesses, 7 rue Véron 75018 Paris. Du 7 avril au 22 mai les jeudis, vendredis, samedis à 21h et les dimanches à 17h.
Nous vous communiquerons les dates d’une éventuelle tournée en France durant l’été 2022, dès qu’elles seront officialisées nous vous les communiquerons.
Photo: DR
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