#Danse : Carolyn Carlson de retour à Avignon !

C’est à l’été 1972, il y a 50 ans très exactement qu’au Festival d’Avignon dans la Cour d’honneur du Palais des papes, la danseuse américano-finlandaise, pas encore française, Carolyn Carlson présente « Rituel pour un rêve mort », sa deuxième création pour la compagnie d ‘Anne Béranger, qu’elle se révèle au public français. Pour la chorégraphe, son ballet, inspiré de ses lectures de Friedrich Nietzsche, représente déjà une sorte de révélation de son désir de créatrice : une danse définitivement tournée vers la philosophie et la spiritualité.
Née en Californie de parents d’origine finlandaise, Carolyn Carlson commence la danse en suivant les enseignements de danse classique à l’école du San Francisco Ballet et à l’Université d’État de l’Utah. Mais c’est au sein de la Compagnie d’ Alwin Nikolais, qu’elle considère toujours comme son maître, qu’elle devient très vite l’une des principales soliste et qu’elle a la possibilité de développer son propre travail et sa conception du mouvement, de la lumière et de la musique…  En 1970, Carolyn Carlson s’éloigne du Nikolais Dance Theater et part pour la France, où elle rencontre la chorégraphe Anne Béranger qui l’engage dans sa compagnie en tant que soliste et chorégraphe. C’est au sein de cette Compagnie que Carolyn Carlson rencontre le danseur qui sera un de ses plus illustres partenaires : Larrio Ekson. Ensemble, ils interpréteront plus d’une trentaine de pièces dans le cadre d’une collaboration qui s’étend sur deux décennies.

Carolyn Carlson devient  ainsi la grande figure de la Nouvelle danse française  Elle a joué un rôle central dans la promotion de la danse contemporaine en Europe, en France et en Italie avec le GRTOP à l’Opéra de Paris et le Teatrodanza à La Fenice. .. En Finlande avec le Ballet de l’Opéra National et celui de l’Helsinki City Theater et en Suède où elle dirige pendant un an le Ballet Cullberg… Auteure de plus d’une centaine de pièces, elle est la fondatrice de l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson à La Cartoucherie en 1999 et elle a été la directrice du Centre chorégraphique national Roubaix – Nord-Pas-de-Calais. Elle a fondé également sa propre Compagnie la Carolyn Carlson Company, associée au Théâtre National de Chaillot de 2014 à 2016.
Son œuvre a été récompensée à de nombreuses reprises, en particulier par le premier Lion d’Or attribué par la Biennale de Venise à un chorégraphe en 2006. Carolyn Carlson est aussi commandeur des Arts et Lettres, Officier de la Légion d’honneur et a été élue à l’Académie des Beaux-Arts le 15 juin dernier..

« Une mémoire vivante de la danse »  comme l’a salué le chorégraphe suédois Pontus Lindberg qui l’a rencontré pour la première fois à Avignon et qui a partagé, le temps de 2 représentations, l’affiche de la réouverture du Grand Opéra d’Avignon, ce mois de juin.

Justement c’est en ce mois de juin que Carolyn Carlson  a présenté, en première mondiale, sa nouvelle pièce pour le Ballet de l’Opéra Grand Avignon: Who dreams us ?Elle fut précédée d’une chorégraphie de Pontus Lidberg,  Faune, hommage à l’Après-midi d’un faune de Nijinski.

En septembre 2021, le nouveau directeur du corps de ballet de l’Opéra du Grand Avignon décide d’inviter des chorégraphes de renommée internationale à créer des pièces inédites pour les danseurs. Carolyn Carlson, et Pontus Lidberg sont les premiers retenus à prendre les commandes du Ballet de l’Opéra.

Après ‘The Tree’ (Fragments of Poetics on Fire), une ode à la nature et aux éléments qu’elle a créé en 2021 au Théâtre National de Chaillot et qu’elle a montré à la Maison de la Danse de Lyon et ici même, à l’Opéra d’Avignon en avril dernier, Who dreams us ? Est ce que quelqu’un rêve pour nous ? , telle est l’interrogation posée par la chorégraphe Carolyn Carson qui, fidèle à sa manière de travailler n’a pas de réponse mais lance librement sa proposition aux 10 danseurs ( 5 hommes/5 femmes) du corps de Ballet. A eux d’improviser durant 5 semaines de résidence autour du thème du rêve, universel et intime, inspiré de ‘L’Analyse des rêves’ de Carl Jung. La pièce est le fruit d’un travail autour des improvisations des danseurs.

Depuis cinq décennies, l’influence et le succès de Carolyn Carlson sont considérables sur les plateaux de danse contemporaine de nombreux pays européens. Avec plus d’une centaine de pièces, la célèbre chorégraphe et danseuse est toujours vive, vivace, vitale, « une mémoire vivante », pour reprendre les mots du jeune chorégraphe d’origine suédoise, Pontus Lidberg. 

Carolyn Carlsson sera le 22 juillet au Festival de Vaison-La-Romaine pour une soirée speciale qui lui sera consacrée.

Crédits Photos DR, Grand Opera Avignon, Carolyn Carlson Compagny