Le Norvégien Arne Lygre, né à Bergen en 1968, dramaturge et romancier, multiprimé dans son pays, fait partie du paysage théâtral français depuis une bonne vingtaine d’années.
Ses pièces sont adaptées et mises en scène dans de nombreux pays européens mais c’est en France que le metteur en scène et scénographe Stéphane Braunschweig, l’actuel directeur du Théâtre de l’Europe-Odéon, a su le mieux traduire « l’univers fragile et nerveux, constamment au bord de la rupture » de son contemporain norvégien.
Depuis 2011, Stéphane Braunschweig a régulièrement créé des pièces d’Arne Lygre et nous avons eu le plaisir de voir Jours de joie [Tid for glede), le dernier opus de l’oeuvre du Norvégien, la cinquième mise en scène que le Français lui a consacré.
« En 2011 dans le cadre du « Groupe de lecteurs du Théâtre de la Colline » dont j’étais le directeur, nous avons lu plusieurs textes passionnants de Lygre et longuement débattu à leurs propos. Je suis alors entré en contact avec l’auteur. Il était en train d’écrire Je disparais [Jeg forsvinner) dont il m’a envoyé une version de travail, traduite par lui en anglais. J’ai décidé de monter la pièce en grande salle avant même qu’il ne l’achève. La même année, j’ai choisi de mettre en scène à Düsseldorf, Tage Unter (Jours souterrains, Dager under), une pièce plus ancienne créée en France. Cette production allemande a ensuite été présentée ; surtitré au Théâtre de La Colline. Ces 2 spectacles ont été le point de départ, entre Arne et moi, d’un dialogue qui s’est développé jusqu’à aujourd’hui de façon de plus en plus étroite, d’autant plus qu’à partir de Rien de moi [Ingenting av meg) ; que j’ai également mis en scène en 2014, je suis devenu aussi son traducteur. Lorsque je suis arrivé à l’Odéon, je voulais poursuivre ce compagnonnage artistique si important pour moi, cette aventure exceptionnelle pour un metteur en scène, de la création d’une œuvre dramatique quasiment au fur et à mesure de son écriture. Nous avons ainsi présenté Nous pour un moment [La deg være] en 2019 et nous créons aujourd’hui Jours de joie [Tid for glede 2021], la plus récente pièce de Lygre, qui a reçu à Oslo un accueil enthousiaste lors de sa création, dans une mise en scène de Johannes Holmen Dahl, en janvier 2022″ (Extrait d’un entretien avec Stephane Braunschweig dans dossier de presse)
Jours de joie nous place au cœur de relations familiales, conjugales, amoureuses, amicales… Elle met en scène seize personnages, joués par huit acteurs, à la fois forts et fragiles, chacun ayant deux rôles. La pièce crée des résonances entre des personnages très différents, de multiples façons, des harmoniques et des dissensions surprenantes entre des histoires au départ sans rapport. Stéphane Braunschweig s’empare, avec délicatesse et élégance, de la pièce précise et suggestive, qui vise à « questionner par le théâtre ce qui aujourd’hui fait lien » et, où, au long d’histoires de vie entremêlées, l’humanité refait surface.
Et Braunschweig déclare sa fidélité totale à l’écrivain norvégien de sa génération : » Arne Lygre est un auteur dont je me sens extrêmement proche. Il me fait lire chacun de ses nouveaux textes. Jours de Joie a la spécificité d’être sa première œuvre qu’il a écrite en Nynorsk, l’une des deux langues dans lesquelles on peut écrire en Norvège, et d’avoir été pensée pour un grand plateau, avec une distribution assez importante. L’écriture d’Arne Lygre, sobre et énigmatique, fait confiance au pouvoir des mots, au pouvoir du jeu ».
Parallèlement à ses pièces, Arne Lygre est l’auteur de romans et nouvelles, encore inédits en français. Son recueil de nouvelles Tid inne (Il est temps), publié en 2004 chez Aschehoug Publishing House, a été distingué par le Prix Brage 2004. Sa dernière oeuvre parue : Et siste ansikt (Un dernier visage) roman (Aschehoug Publishing House, 2006), a été sélectionnée pour le prix de la télévision norvégienne du meilleur roman norvégien 2006. Pour son théâtre, il a reçu le Prix Ibsen pour Je disparais en 2013 et le Prix Hedda en 2017 pour Nous pour un moment.
Jours de joie d’Arne Lygre, mise en scène et scénographie de Stéphane Braunschweig, création à l’Odéon, 2h20, jusqu’au 14 octobre 2022
Crédits Photo: Théâtre de l’Odéon, Simon Gosselin