Le monde entier connaît le suédois Alfred Nobel, l’inventeur de la dynamite, qui, comme chacun sait, a légué sa colossale fortune afin que des prix soient décernés tous les ans en son nom à des personnes de tous les pays ayant rendu « les plus grands services à l’humanité « .
Il rédige son testament en 1895, quelques mois avant son décès. Cinq catégories sont alors récompensées : la paix, la littérature, la médecine, la physique et la chimie. C’est en 1901 que ces prix ont été décernés pour la première fois. L’annonce par les différentes Académies Royales a donc lieu chaque année, la première semaine du mois d’octobre, pour une remise des prix aux lauréats, le 10 décembre, jour anniversaire de la mort du chimiste. Le rituel de la cérémonie de remise des prix, du banquet Nobel qui y fait suite, du dîner chez le roi, de la soirée chez l’ambassadeur et des discours des lauréats a peu changé depuis 1901. Et le cru 2023 fut somme toute assez consensuel.
Nobel de la Paix, le plus consacré, à Narges Mohammadi et aux femmes iraniennes.
Narges Mohammadi, née le 21 avril 1972, est une militante iranienne des droits humains et vice-présidente du Defenders of Human Rights Center, dirigé par Shirin Ebadi, la lauréate du prix Nobel de la paix en 2003. Rien n’aurait changé depuis 20 ans !!?? La journaliste et militante est arrêtée et détenue à plusieurs reprises depuis 1998. « Soyez notre voix, dites au monde que nous ne sommes pas en prison pour rien » a-t-elle crié et « Le Monde » republie la lettre qu’elle a écrite en juin de la prison d’Evin, à Téhéran, où elle purge une peine, allongée en août, pour son activisme en faveur des droits humains.
Nobel de Littérature, le Prix le plus « culte » au dramaturge norvégien Jon Fosse pour « ses pièces de théâtre et sa prose novatrices qui ont donné une voix à l’indicible ».. . dans la lignée du théâtre scandinave et de ses deux grands maîtres Bergman et Ibsen; Il a reçu d’ailleurs, parmi bien d’autres récompenses, le Prix international Ibsen en 2010 pour Quelqu’un va venir.
Jon Fosse, né le 29 septembre 1959 à Haugesund, est un écrivain norvégien. D’abord romancier et essayiste, il écrit également des poèmes et des livres de littérature d’enfance et de jeunesse. Il est désormais mondialement connu surtout en tant que dramaturge. Le dramaturge norvégien, né en 1959, était en tête des paris. Alors qu’il est largement traduit en français (chez L’Arche) et d’abord poète et romancier, son œuvre a été mise en scène en France par Claude Régy, Patrice Chéreau et jouée sur les scènes du off d’Avignon cet été. Vous n’avez pas encore lu Fosse, huffingtonpost.fr vous donne quelques clés !
Nobel de Médecine, le plus savant, attribué, à deux chercheurs, la Hongroise Katalin Kariko et l’Américain Drew Weissman. Ce prix récompense leurs découvertes sur l’ARN messager. Des découvertes qui ont permis de mettre au point les vaccins les plus efficaces pour lutter contre le coronavirus. Prix bien nommé à l’heure où l’on reparle d’une recrudescence de l’épidémie ! Alors qu’est-ce donc que l’ARN messager ? Si on peut considérer l’ADN comme un livre à l’abri dans le noyau de nos cellules, alors l’ARN messager en est une photocopie. C’est lui qui délivre à la machinerie de nos cellules, le plan de fabrication des protéines qui leur sont nécessaires. Une découverte importante qui, avec d’autres, a ouvert la voie au vaccin contre le Covid, et à de possibles applications futures, notamment dans le domaine des maladies infectieuses et du cancer.
Nobel de physique, le plus pointu, attribué aux Français Pierre Agostini et Anne L’Huillier, ainsi qu’à l’Autrichien Ferenc Krausz. Ils ont été récompensés pour leurs travaux portant sur des lasers ultrarapides permettant de créer des impulsions lumineuses exceptionnellement courtes, de l’ordre de l’attoseconde. Ils ont posé les bases des moyens permettant de « filmer » les mouvements des électrons avec des flashs de lumière laser de l’ordre du milliardième du milliardième de seconde, des lasers attosecondes donc. Pour référence, une attoseconde est à une seconde ce qu’une seconde est à l’âge de l’Univers. Ici les applications incroyables du Nobel de physique:
Nobel de chimie, le plus « alchimique », décerné à trois chercheurs pour leurs travaux sur les points quantiques, de minuscules atomes artificiels qui permettent de manipuler la lumière. Des recherches fondamentales qui ont déjà des applications sur la vie quotidienne.
Trois hommes, reliés par de minuscules particules. Alexei Ekimov, 78 ans, et Louis Brus, 80 ans, ont fait séparément la découverte il y a plusieurs décennies qu’il était possible de fabriquer un nouveau type de matière – chacun de leur côté du rideau de fer. Puis dix ans plus tard, le franco-tunisien-américain Moungi Bawendi, 62 ans et ancien élève de Louis Brus, invente une méthode pour le faire de façon bien plus précise. Leurs travaux sur les points quantiques, des nanoparticules qui émettent différentes couleurs et changent de propriétés selon leur taille, et qui trouvent aujourd’hui leur application dans les téléviseurs ou encore dans l’imagerie médicale…
Et de nouvelles applications à venir : Les recherches se développent ensuite à grands pas, permettant de produire des couleurs à la fois très pures et selon des procédés bon marché, moins polluants et peu gourmands en énergie. Outre les écrans d’affichages pour les télévisions et ordinateurs, les boîtes quantiques sont utilisées actuellement dans les lampes électroluminescentes, les panneaux solaires ou en chirurgie afin de détecter les tumeurs. Elles s’apprêtent à envahir aussi nos écrans de smartphones. Et pourraient être utilisées, à terme, pour le tri des déchets, la catalyse chimique, l’assistance à la conduite ou encore les calculateurs quantiques…
Enfin Nobel d’économie, le plus sociétal, décerné à l’Américaine Claudia Goldin récompensée pour ses travaux portant sur la place des femmes sur le marché du travail. La lauréate, 77 ans, troisième femme à remporter le prix, a « fait progresser notre compréhension de la situation des femmes sur le marché du travail », a annoncé le jury Nobel. « Les recherches de Claudia Goldin nous ont donné un aperçu nouveau et souvent surprenant du rôle historique et contemporain des femmes sur le marché du travail ».
« C’est un prix très important, pas seulement pour moi, mais pour beaucoup de personnes qui travaillent sur ce thème et qui essayent de comprendre pourquoi il reste de grandes inégalités », malgré d’« importantes évolutions », a déclaré l’économiste primée.
Créé par la Banque de Suède, le prix d’économie « à la mémoire d’Alfred Nobel » a été ajouté en 1969 aux cinq prix traditionnels (médecine, physique, chimie, littérature et paix) plus de soixante ans après les autres, lui valant chez ses détracteurs le sobriquet de « faux Nobel ».
Comme les autres Nobel, le prix est doté de 11 millions de couronnes suédoises (920 000 euros), à partager en cas de colauréats, soit la plus haute valeur nominale (dans la devise suédoise) dans l’histoire plus que centenaire du prix.
Crédits Photos: DR, Académies Royales de Suède, Fondation Nobel, Le Point, Le Monde