Yvon Lambert, un des principaux directeurs de galerie d’art contemporain en France, restera dans l’Histoire de l’art contemporain comme le découvreur de nombreux talents des années 1970 à nos jours, de l’art minimal et conceptuel des débuts, jusqu’aux tendances les plus contemporaines et le fondateur de la Collection Lambert en Avignon. Il sera également un défricheur du courant des « Nouveaux Réalistes » de Jean Tinguely à Jacques Villeglé, de Daniel Spoerri à Niki de Saint Phalle qu’on retrouve dès les années 60 au Moderna Museet de Stockholm sous l’impulsion de Pontus Hultén, historien d’art suédois qui fut également commissaire d’art contemporain, et premier directeur du centre Georges-Pompidou à Paris de 1977 à 1981.
A Avignon, il y a bien sûr le Pont Saint-Bénézet, le Palais des Papes, les Musées (Calvet, Lapidaire, Petit Palais, Requien, Palais du Roure), une centaine de théâtres (parmi lesquels les plus actifs Théâtre Du Chêne Noir • Théâtre Des Carmes • Théâtre du Chien qui Fume • Théâtre du Balcon • Théâtre des Halles). mais il y a aussi et surtout l’un des plus importants musées d’art contemporain en France, la Collection Lambert.
La collection Lambert est un ensemble d’œuvres d’art contemporain réuni par le galeriste parisien Yvon Lambert depuis les années 1960. Elle est installée à Avignon dans les hôtels de Caumont et de Montfaucon, qui est un musée ouvert au public depuis 2000.
En juillet 2000, le galeriste Yvon Lambert inaugure l’ouverture au public de sa collection personnelle par une donation de 450 œuvres. 
La collection est constituée d’un ensemble cohérent d’œuvres de Jean-Michel Basquiat, Daniel Buren, Robert Ryman, Brice Marden, Miquel Barceló, Carl André, Gordon Matta-Clark, Anselm Kiefer, Christian Boltanski, Andres Serrano, Douglas Gordon… Certains de ces artistes, tels Cy Twombly ou Nan Goldin, absents des collections nationales, y sont en revanche très bien représentés.
Ce musée d’art contemporain, au cœur d’Avignon, collection privée unique en France qui expose sur 4000 m2, plus de 2000 œuvres est le fruit de la complicité qui unit depuis de nombreuses années le marchand-collectionneur à ses artistes . Parmi ces toiles, sculptures, photos, vidéos et installations figurent les 556 trésors du XXe et XXIe siècle inclus dans la fameuse donation faite à l’Etat français par Yvon Lambert en 2012.
En 2012, Yvon Lambert natif de Vence (Alpes-Maritimes), le plus secret des galeristes français, pilier de la scène artistique parisienne avec sa Galerie dans le quartier du Marais (qu’il fermera en 2014) a donné 556 œuvres à l’État français à la condition qu’elles soient exposées à Avignon dans le double espace qu’elle occupe désormais: l’Hôtel de Caumont et l’Hôtel de Montfaucon, restauré par les deux frères Cyrille et Laurent Berger, ce qui en fait l’un des fleurons du secteur au niveau national. « Ma donation à l’État français, j’en ai rêvé toute ma vie et, même si elle a relevé parfois du parcours du combattant, la voilà parachevée grâce à l’ouverture aujourd’hui de l’extension que j’avais souhaitée pour pouvoir enfin présenter aux Avignonnais et aux visiteurs du monde entier 50 ans de collection», avait-il déclaré lors de l’inauguration officielle de la nouvelle collection le 10 juillet 2015.
Depuis le 1er septembre dernier, François Quintin, 56 ans, délégué aux arts visuels au Ministère de la culture est le nouveau directeur de la collection Lambert. 
Labellisée centre d’art d’intérêt national en 2022, la Collection Lambert lutte néanmoins pour s’imposer dans un paysage muséal chargé, où les aides publiques continuent de manquer. Ancien administrateur général du musée d’Orsay, l’énarque devra composer avec les difficultés financières rencontrées depuis plusieurs années par une structure aux moyens et effectifs réduits (2,5 millions d’euros de budget annuel, une dizaine d’employés), tributaire d’un statut public-privé complexe : le fonds d’œuvres appartient à l’État, les murs (les hôtels de Caumont et de Montfaucon) à la Ville d’Avignon. Quant à la gestion, elle est assurée par une association de droit privé.
À l’origine de ce musée majeur, il y a Yvon Lambert, 87 ans aujourd’hui, marchand d’art, collectionneur, galeriste, et plus que tout ami et accompagnateur des créateurs tout au long de leur processus. « Yvon n’est pas un milliardaire qui s’est acheté une danseuse » surligne François Quintin. « Ce n’est pas non plus un théoricien de l’art, sa collection s’est faite de manière très intuitive. Il a toujours eu avec les artistes une relation fusionnelle, poétique, humaine. Il s’est intéressé au travail du jeune Daniel Buren avant de voir son travail. Dans le musée, il y a une salle Nan Goldin, que l’artiste a créée spécifiquement pour Yvon. Quand Yvon a offert un livre vierge à Jean-Michel Basquiat, celui-ci lui a rendu rempli de dessins et annotations. Cette relation-là existe dans très peu de musées en France. Sentir qu’Yvon est aussi proche des artistes fait que les visiteurs du musée se sentent proche d’eux, par ricochets.. » poursuivait François Quintin à La Provence..
Quel sens veut donner le nouveau directeur dans un établissement complexe à maintenir à flot en termes d’équilibre budgétaire ? « Déjà, je vais m’appuyer sur l’équipe en place, extraordinairement engagée, et qui peut servir d’exemple pour les autres musées français tant elle a été pionnière pour la médiation et les propositions. Avec, aussi, une chose unique en France dans un musée : la micro-école « Inspire », avec une dizaine d’enfants de primaire en décrochage, encadrés par une institutrice exceptionnelle, Tiphaine (Colleter, Ndlr). J’aimerais qu’on multiplie les temps de rencontres artistes-public. Ici, c’est avant tout un Centre national des arts plastiques, où on ne doit pas se figer dans une patrimonialisation mais faire perdurer le lieu dans une relation vivante avec des artistes actuels. »
Expo Delphine Denereaz
Bienvenue à Delfunland
16/11 – 28/01/24
Le projet sur lequel François Quintin a postulé a à voir avec la joie et le goût de la vie. « Je souhaiterais qu’on organise un grand bal en juin, mais un bal qui ait du sens, autour de l’environnement par exemple ». Autre axe : renforcer les connexions ancrées avec l’École supérieure d’art d’Avignon, où les étudiants passent déjà leur diplôme de fin de cursus au sein du musée et « appuyer notre rôle avec les artistes en proximité, à l’image de la Vauclusienne Delphine Dénéréaz, qui exposera à partir du 18 novembre. » Dans les tuyaux, la mise en place, dans l’hôtel de Caumont, d’une salle dédiée à des interventions performatives. Autre priorité : travailler de concert avec Tiago Rodrigues, le nouveau directeur du Festival et le Festival d’Avignon, pour des projets qui restent à définir, notamment hors les murs.
Vingt-trois ans après la création du musée, comment aller chercher ceux qui voient encore la Collection Lambert comme un bunker des initiés ? « Le meilleur moyen de faire sauter les verrous sur l’art contemporain, c’est d’expliquer que chacun a sa place, se positionner sur le contexte des œuvres, la vie des artistes, les choses intimes qui parlent à chacun. J’ai envie d’annoncer les expositions un an à l’avance pour que les enseignants puissent encore mieux préparer leur visite. Actuellement, Mohamed El Khatib (auteur et dramaturge, Ndlr) travaille sur un projet avec des résidents dans un Ehpad d’Avignon ». Autant de défis exaltants à partager : l’ADN même d’Yvon Lambert. (avec le journal La Provence).
Créée en 2000, l’année du choix d’Avignon comme Capitale européenne de la Culture, la Collection Lambert célèbrera en 2025, l’anniversaire de ses 25 ans avec un nouveau directeur qui tentera d’impulser un souffle nouveau à son Musée et qui aura l’ambition de réaffirmer la place essentielle de la culture dans la cité papale, d’initier la dynamique du nouvel objectif de la ville, Avignon, Terre de Culture 2025, et de consacrer Avignon comme « ville-monde » : le logo du projet résume bien ce souhait de rayonnement et d’attractivité.
Expositions en cours et/ou à venir de la Collection
Crédits Photos: DR/Collection Lambert