Réputé pour son excellence et sa discipline, le Lycée français René Cassin cultive sa différence dans le paysage scolaire norvégien. Qu’ils soient enfants d’expatriés français, enfants de couples mixtes ou totalement étrangers au français et à la culture française, les élèves du lycée français ne sont pas là par hasard. Leurs parents ont toujours de bonnes raisons pour avoir opté pour ce lycée. Le Francofil’ a recueilli les motivations de quelques-uns d’entre-eux.
Anita, indonésienne, mère de deux enfants en maternelle : « Au lycée français, on pousse l’élève à aller plus loin »
Je suis indonésienne et je ne parle pas un mot de français. Mon mari norvégien n’en connaît que deux-trois mots. On apprend peu à peu en même temps que nos enfants. Lorsque je suis arrivée en Norvège c’était pour avoir une vie meilleure, la meilleure possible. Je me suis toujours dit que si un jour j’avais des enfants je leur donnerais le meilleur. Or, à Oslo, le meilleur lycée, le plus strict, celui qui pousse le plus les enfants au maximum de leurs capacités c’est le lycée français. J’ai été au lycée en Norvège et je sais à quel point le système est souple, voire laxiste. Dans les écoles norvégiennes l’enseignement reste assez superficiel : on ne doit assimiler que les aspects essentiels d’une leçon, on ne va pas dans les détails. Au lycée français, on pousse l’élève à aller plus loin.
Parler anglais, c’est indispensable aujourd’hui. Mais je reste persuadée que maîtriser le français leur ouvrira l’esprit, et plus concrètement leur ouvrira des portes. Le français reste une langue de prestige.
Michel, français, père d’un garçon au lycée : « Je n’avais aucun a priori sur le système scolaire norvégien mais la fin du collège s’est transformée en cauchemar »
Ma femme et moi sommes français, mais nous habitons en Norvège depuis une douzaine d’années. Par conséquent, notre fils parle parfaitement norvégien. À la sortie du primaire nous lui avons laissé le choix : faire ses études au lycée français ou dans une école norvégienne. Je n’avais aucun a priori sur le système scolaire norvégien, au contraire : la proximité que les profs instaurent avec les élèves, l’individualisation de l’élève, l’absence de compétition, l’accent mis sur le sport, l’apprentissage de l’anglais, le fait que l’élève puisse aller à son rythme … tout cela me paraissait très positif, et même un plus par rapport au système scolaire français. Notre garçon a opté pour une école norvégienne, près de chez nous, et près de chez ses amis. Ça a bien fonctionné un certain temps, lorsqu’il était encore très jeune. Mais la fin du collège est devenue un cauchemar ! L’inconvénient d’une telle proximité élève-professeur c’est que les élèves manquent parfois un peu de respect envers les professeurs (bavardages, professeurs qui ont du mal à se faire entendre) et que l’enseignement en pâtit. Il a pris beaucoup de retard par rapport à un programme français, et il devenait de plus en plus indiscipliné. Ma femme et moi avons donc décidé qu’il était temps de le transférer au lycée français. Depuis, il est plus sérieux, et ses résultats se sont nettement améliorés.
Oda, norvégienne, mère de deux enfants franco-norvégiens, élèves au primaire et au collège : « au-delà de la langue c’est toute une culture qu’ils apprennent »
En allant en vacances en France, il y a cinq ans, dans la famille de mon mari, nous nous sommes rendus comptes que le niveau de français des enfants était différent de celui de leurs cousins. Comme nous avons toujours vécu en Norvège, les enfants parlent presque tout le temps norvégien, même avec leur père. Il était grand temps de faire quelque chose pour qu’ils continuent de progresser en français. On en a discuté avec les enfants, et on était tous d’accord : la solution c’était le lycée français. Ça leur a demandé un petit effort, mais au final ils se plaisent beaucoup à René Cassin. Leur père est ravi de pouvoir parler avec eux dans sa langue. Au-delà de la langue c’est toute une culture qu’ils apprennent, une culture qui est la leur et qu’ils vivaient comme étrangère jusque-là.
Les écoles françaises à l’étranger forment un réseau de plus de 450 établissements répartis dans 133 pays. Elles accueillent 250 000 élèves, dont un tiers de Français, selon les dernières estimations de l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger). Leur réputation est en générale excellente car elles accueillent majoritairement les enfants des élites françaises (cadres expatrié, diplomates) et locales. Ces établissements sont tenus d’accepter tout élève français, quel que soit son niveau ou la période de l’année scolaire. Les candidats d’autres nationalités sont, quant à eux, acceptés dans la limite des places disponibles et les établissements peuvent instaurer un examen d’entrée afin de réguler les demandes.
La Norvège compte deux établissements français d’enseignement, l’un à Oslo, l’autre à Stavanger. Si la première école française à Oslo a été fondée dès le lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, ce n’est que dans les années 1960 qu’elle se développe et qu’elle reçoit les premières subventions de l’État français. Après avoir déménagé à plusieurs reprises, le Lycée français René Cassin s’installe en 1982 dans les locaux de Skovveien.
Aujourd’hui, il accueille plus de 500 enfants âgés de 3 à 18 ans. De multiples nationalités sont représentées parmi les élèves, mais la plupart sont franco-norvégiens. Les cours sont dispensés en français uniquement et les enseignements sont conformes aux programmes de l’Éducation Nationale Française. Les élèves de 3ème passent le brevet français et le brevet norvégien (facultatif); les élèves de terminale passent le baccalauréat français (littéraire, économique et scientifique). L’équivalence est reconnue entre les diplômes français et norvégiens.
Réputé plus pour sa discipline que son excellence le lycée Saint-Louis de Stockholm… et sa quantité de devoirs à la maison. Il y en a qui craquent mais peut-être que d’autres pourraient nous dire le contraire !