Français ou francophone, vous êtes en Norvège de passage, installé(e) depuis six mois, ou vivant dans le royaume depuis vingt ans ; chaque mois, nous vous donnons la parole. Ce mois-ci, nous avons rencontré Bernard-Olivier, jeune retraité. Attaché linguistique, professeur de français dans le système scolaire norvégien ainsi qu’à l’Université d’Oslo (UiO), Bernard-Olivier est surtout un blogueur émérite.
Portraits déjà publiés : mai 2010, Nathalie
Pourquoi êtes-vous venu en Norvège ?
Pour connaître de l´intérieur le pays de ma femme et ne pas rester en Norvège un touriste ou un éternel vacancier.
Depuis combien de temps êtes-vous en Norvège ?
J’ai vécu cinq ans dans le Comté de l’Ouest qu’on appelle le Sogn og Fjordane de 1972 à 1977, puis, à partir de 1977 et jusqu’en 1996, dans la banlieue d’Oslo et depuis 1996, à Oslo même, soit, en tout, presque quarante ans. Je compte bien y vivre le restant de mes jours. C’est dire que je ne compte pas rentrer en France.
Aviez-vous déjà vécu à l’étranger auparavant ?
Oui et non. Adolescent et homme jeune, j’ai passé plusieurs séjours d’un mois et plus en Allemagne pour me perfectionner dans la langue, soit un total d’environ six-sept mois. Mais je ne travaillais pas, j’étais étudiant.
Votre installation a-t-elle été facile ?
Il y a eu des passages difficiles, notamment sur le plan de l’apprentissage de la langue. Et, après un certain nombre d’années, pour les Norvégiens, j’étais encore un peu trop Français, et pour les Français, beaucoup trop Norvégien. Mais l’appartenance à deux cultures est une immense richesse, non un handicap.
Comment avez-vous appris le norvégien ?
Sur le tas, en lisant, en parlant, en passant des examens, en faisant des fautes, en acceptant d´être corrigé, en surmontant les difficultés, etc, etc, etc… Je suis quasiment bilingue. Je parle et écris bokmål, et comprends la plupart des dialectes, et peux en imiter deux ou trois. J’ai un accent qui me place immédiatement dans la catégorie des étrangers, mais généralement, on n’arrive pas à déterminer que je suis d´origine française. Ce qui me flatte.
Quel bilan tirez-vous de votre expatriation ?
On ne reste pas près de quarante dans un pays étranger si on ne s’y plaît pas. Et les raisons pour s’y plaire sont multiples : politiques, économiques, sociales, culturelles, écologiques… Je trouve les avancées sociales et économiques en Norvège beaucoup plus grandes qu’en France. Notamment dans le domaine de la prise en charge médicale et hospitalière, celui des retraites, des soins pour les déshérités et les laissés-pour-compte. Sur le plan politique je peux voter aux élections municipales et régionales. Le contact avec la nature et le respect du rythme des saisons ne sont pas non plus de vains mots ici pour l’ensemble des Norvégiens, quelle que soit leur condition sociale. Bref, je suis beaucoup plus critique sur la France que sur la Norvège, sans pour autant « diviniser » la Norvège. La Norvège n’est pas le paradis, mais le retraité que je suis devenu s’y trouve fort bien, et tient à y rester.
Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement en Norvège ?
La manière de vivre des Norvégiens. La journée continue. Le respect de la nature et l’accommodement des Norvégiens aux saisons, parfois rudes, comme les longs hivers froids, les étés pluvieux, les automnes venteux, gris, brumeux et maussades, et les printemps qui se font attendre. Le système éducatif, profondément égalitaire et résolument non-élitiste. La place donnée aux femmes dans la société civile et politique. Qu’on ne frappe pas un enfant.
Qu’est-ce qui vous dérange ?
Que l’enfant, devenu roi dans la famille, est trop souvent tyran ; que les parents, devant leurs enfants-tyrans, n’osent dire non ; que les femmes, en général, s’habillent effroyablement mal.
Quels sont vos lieux et sorties préférés ?
Mes lieux favoris ont considérablement variés selon les années : ski, promenades, opéra, concerts, cinéma, théâtre, cercle d’amis, etc.
Quel conseil donneriez-vous à un Français qui arrive en Norvège ?
Ouvrir les yeux, écouter et ne pas avoir réponse à tout !
Bonjour à tous,
Je suis profondément d’accord avec tout ce qui est dit ici…
Mon mari et moi n’avons aucune origine Norvégienne, ne parlons pas un mot de cette langue, n’avons même encore jamais mis un de nos huit pieds (je compte ceux de nos filles) en Norvège, et pourtant depuis quelques années nous rêvons de partir vivre dans ce pays dont nous nous sentons si proche humainement, socialement, et même « météorologiquement »…
Nous allons tous deux nous plonger dans ce projet, doucement, sans urgence. Nous n’en sommes qu’aux prémisses, d’où cette question de néophyte qui peut-être semblera stupide ou évidente : peut-on trouver un emploi en Norvège en ayant le français pour langue maternelle, en parlant anglais de façon très imparfaite, et surtout : en ne connaissant rien de la langue norvégienne ? Je précise que nous ne cherchons pas à gagner beaucoup d’argent : ici, mon mari a arrêté de travailler pour s’occuper de nos enfants et mon salaire seul, même moyen, suffirait à nous faire vivre, n’ayant pas de gros besoins autres que le bien être de notre famille et de nos proches. Je travaille actuellement dans la lutte contre l’illettrisme, et possède beaucoup d’expérience auprès des publics difficiles (milieu carcéral, foyers, écoles et collèges de milieu défavorisé, …) ; j’ai enseigné le Français langue étrangère, ainsi que la calligraphie pour débutants et les Arts plastiques. A défaut de trouver un emploi, mon mari pourrait en chercher un (ébénisterie, manutention, …) pour me laisser le temps d’apprendre la langue.
Bref, nous ne cherchons pas à gagner plus, mais à vivre mieux, et plus en accord avec notre philosophie de vie et nos attentes humaines et éthiques.
Voici donc enfin ma question, que j’adresse à chaque quidam voulant apporter de l’eau à mon moulin : pensez-vous que notre projet soit viable, et si oui comment envisager les choses et par quoi commencer ?
Merci à tous ceux qui me liront,
Stéphanie