La mort d’Orvar Klein

Roman drolatique mêlant allégrement récit initiatique, intrigue policière et peinture sociale d’une communauté, La mort d’Orvar Klein retrace la quête identitaire et existentielle d’un jeune juif de Finlande à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Enfant précoce et curieux, Orvar Klein s’ennuie ferme à l’école judaïque de Helsinki où ses parents l’ont envoyé faute de structures adéquates près de chez eux à Turku. A l’enseignement religieux du rabbi Rabin dont il ne cesse de questionner les principes, le jeune homme préfère les livres du libraire Morén. Élève brillant mais mal entouré, il se laisse embrigader par les responsables d’une secte évangéliste qui, contre la promesse d’une croisière à Stockholm, parviennent à forcer le garçon à une conversion abracadabrantesque au christianisme.
Installé à Helsinki comme bouquiniste, marié et père de famille, Orvar est un finlandais dont le nom figure désormais officiellement dans les registres de l’Église luthérienne. Mais une chute accidentelle dans l’eau glacée de la baie de Töölö et son sauvetage providentiel par une connaissance malintentionnée décident de la « mort » du pauvre Orvar et de sa résurrection sous une autre identité. Dépossédé de sa seule certitude – son nom – par de minables bandits, Orvar se retrouve avec le passeport d’un révolutionnaire russe coupable d’avoir assassiné le ministre Stolypine ! Arrêté par la police, enfermé à la forteresse Pierre-et-Paul, déporté en Sibérie, l’amoureux des livres consacre ses forces à l’écriture. Acceptant son sort avec une foi indéfectible en la vie, Orvar Klein devenu Ivan Tourbinka, se prend peu à peu au jeu des identités que les circonstances lui assignent. Il fi nit par accepter sa nouvelle personnalité, jusqu’à ce que la chute de l’Empire et la déclaration d’indépendance de la Finlande dans la foulée de la Révolution bolchévique lui permettent de retrouver Helsinki.
Avec ce roman riche en références culturelles et historiques, Daniel Katz propose une réflexion à la fois amusée et réfléchie sur la complexité de l’identité juive et le sort souvent difficile de cette communauté que l’histoire officielle, comme le rappelle judicieusement la postface du traducteur Sébastien Cagnoli, n’a pas toujours prise en considération.

Daniel Katz, La mort d’Orvar Klein Gaïa, 2007 (Orvar Kleinin kuolema, 1976 pour l’édition originale), 365p