Le pont-tunnel de l’Öresund fête ses 10 ans !

Symbole des liens nordiques fixes et durables, le pont sur l’Öresund fête, ce 1er juillet, ses 10 ans.
C’est l’un des ponts les plus extraordinaires du monde qui relie Malmö et Copenhague, le Danemark et la Suède, le continent européen et la péninsule scandinave.

Cr: Öresundsbron /Pierre Mens

Cr: Öresundsbron /Pierre Mens

Ce pont-tunnel, un bijou technologique et architectural a permis la création de pôles de compétences et des échanges économiques jusqu’ici quasi inexistants ; alors bien sûr la région de Malmö-Copenhague s’est distinguée mais il a aussi favorisé l’alliance de métropoles, telles que Göteborg-Oslo (biotechnologies), Stockholm-Helsinki (télécommunications)…

Si vous venez en Suède cet été et voulez éviter les circuits touristiques, n’hésitez pas à emprunter ces 16 kms à plus de 60 mètres au dessus de l’eau sur le pont à haubans le plus long du monde…

À cette occasion nous mettons en ligne la traduction en francais du texte de Sture NÄSLUND paru en janvier 2010 dans Nordens Tidning

Tout au long de l’histoire de la Scandinavie, le Sund a été un détroit jalousé et conflictuel. Aujourd’hui, la région de l’Öresund s’est transformée en pôle de croissance et de compétitivité.
Les politiques de tout bords parlent avec enthousiasme de la façon dont cette région suédo-danoise, puissante et peuplée, s’est développée. Tout a démarré, il y a 10 ans, lorsque que le pont sur le Sund fut inauguré ou plutôt, il y a un siècle, quand on imagina de réunir les deux régions ennemies dans une alliance stratégique.

Il y a 10 ans le rêve devint réalité…

Le 1er juillet 2000, après cinq années de travail et deux milliards d’euros, le pont sur le détroit du Sund est inauguré, jetant le premier lien fixe entre Malmö et Copenhague, entre le Danemark et la Suède, entre le continent européen et la péninsule scandinave.

C’est après plus d’un siècle de discussions, de planification, de querelles, et de bonnes volontés sur la nécessité de relier l’île danoise de Seeland et la région du sud de la Suède, la Scanie, que le pont-tunnel à hauban et double tablier est devenu réalité. Les organisations environnementales ont manifesté, un ministre a même démissionné pour protester contre la décision de construire cet édifice.

… 10 ans plus tard, le pont est devenu incontournable.

Il est l’émanation d’une coopération entre les principaux décideurs, d’une unité de la région d’Öresund et, tous les responsables politiques, suédois en particuliers, parlent avec enthousiasme de ce dispositif.
Le détroit du Sund, à l’origine de différents conflits de l’histoire scandinave est aujourd’hui une zone d’excellence, un pôle de croissance et de compétitivité pour le bénéfice de toute l’Europe du nord.

Ces dix premières années, des milliers de Scaniens, la plupart des jeunes, ont trouvé du travail sur le côté danois. Et des milliers de Danois ont quitté le marché du logement saturé dans la région de Copenhague pour un habitat moins onéreux et de qualité à Malmö. En 2008, près de 6 000 Suédois, ont commencé à travailler au Danemark et ils étaient encore quelques 3 000, l’an dernier.

L’intégration a aussi été facilitée par la faiblesse de la couronne suédoise par rapport à la danoise. De mémoire de Scanien, on n’a jamais parlé autant danois dans les rues de Malmö et les commerçants scaniens se frottent les mains à la vue de tous les clients d’en face au pouvoir d’achat plus élevé. La coopération entre les universités et les instituts de recherche continue à se développer (cf tableaux).

Certains pensent même qu’aujourd’hui ce seul pont n’est plus suffisant à la demande des échanges et qu’il faudra en construire d’autres pour répondre aux besoins futurs.
Le succès a aussi ses carences qui suscitent l’irritation et la colère dans la vie quotidienne. La liaison ferroviaire qui est vitale pour la région accuse souvent des retards, les wagons ne sont pas de première jeunesse et les horaires ne sont pas respectés.

Si la région semble cohérente au niveau des entreprises, les questions de logement, travail et les différences en matière de valeurs sociales, politiques et culturelles jouent également un grand rôle. Spécialement en ce qui concerne la perception des immigrants et des réfugiés. Depuis plusieurs années, le Parti populaire danois, ouvertement xénophobe occupe une position de force dans la politique nationale danoise. Quelque chose de semblable n’est pas encore visible en Suède pour le moment même si les sondages d’opinion montrent que le parti d’extrême droite serait en passe de rentrer au Riksdag aux prochaines élections en septembre 2010.

Pourtant rien ne semble troubler le grand rêve de la grande Scandinavie. En décembre prochain un autre grand projet sera inauguré. Le tunnel sous la ville de Malmö, qui s’étendra sous une grande partie de la capitale du sud de la Suède et qui sera relié au pont de chemin de fer. Il sera ouvert à la circulationle 1er décembre 2010, raccourcira le temps de voyage pour Copenhague et devrait aussi résoudre le problème de la congestion ferroviaire dans la région de Malmö. Le tunnel sera revenu à 1 milliard d’euros et deviendra un élément vital de la nouvelle infrastructure nécessaire à cette région pour se développer.

Un tunnel de 4 km de long, une île artificielle tout aussi longue, Peberholm, et un pont de huit kilomètres de long, forment l’ensemble de cette liaison de l’Öresund. Le trafic augmente chaque année et aujourd’hui plus de 70 000 personnes empruntent le pont chaque jour, en train ou en voiture. En outre, le service de ferries entre Helsingborg (Suède) et Helsingør (Danemark) répond toujours aux besoins d’une grande partie du trafic de poids lourds qui traverse le détroit à cet endroit pour quitter ou rejoindre le continent.

Le dixième anniversaire de l’inauguration du pont sur le détroit du Sund sera célébré à travers diverses manifestations au cours de l’année. Courses cyclistes, régates, festivals gastronomiques et expositions d’art… Et bien sûr le demi-marathon (Broloppet), le 12 juin prochain qui attire chaque année près de 30 000 participants. Les organisateurs ne peuvent enregistrer plus d’inscriptions par manque d’espace sur le pont ! Et s’il fallait un témoignage supplémentaire de la réussite de cette super-région en une seule décennie, ce serait bien celui-là !

Lire ce texte dans le numéro de l’été de Le Francofil. Si vous ne l’avez pas déjà en main, faites-nous signe et et nous vous l’adresserons. Texte paru en suédois en janvier 2010 dans Nordens Tidning. Traduction : Le Francofil’

3 reflexions sur “Le pont-tunnel de l’Öresund fête ses 10 ans !

  1. alainb

    Vous l’avez pris. Il est quand même unpeu cher 40 euros la traversée environ… Pas donné juste pour nous qui voudrions l’admirer. Le pont de Tancarville ca doit faire le même effet non ??

  2. LEVY Jean-Pierre

    J´ai traversé le pont de l´Öresund le 10 juin 2000 à pied comme des milliers de gens,de Malmoe vers Copenhague.Il y avait quelques 16 km à parcourir.Pour ceux qui ne pouvaient pas faire le chemin du retour,il y avait la possibilité de prendre des autobus pour la Suède en plus de ceux pour Copenhague.Malheureusement,la Croix-Rouge suédoise avait oublié ces autobus et du côté danois,des milliers de gens attendaient en vain ces autobus pour revenir en Suède.
    Voyant des autobus danois retournés à vide vers Copenhague,j´ai demandé s´ils pouvaient nous ramener vers Malmoe.Non,les Danois ne voulaient pas nous aider,alors,j´ai stoppé la circulation sur la voie où circulaient les officiels,créant ainsi un bouchon monstre.Par 3 fois,la police danoise est intervenue pour que j´arrête de perturber la circulation.A la 3 ème fois,c´est 4 policiers danois qui m´ont retiré de la voie et ont arrêté des autobus danois à vide en partance vers Copenhague pour nous renvoyer en Suède où j´ai averti la Croix-Rouge suédoise de ce qui se passait de l´autre côté de l´Öresund.Cristina de Suède qui était aussi là a eu plus de chance que moi,car la police suédoise est venue la chercher du côté danois.
    Pour avoir perturbé la circulation ce 10 juin 2000,la police danoise ne m´a pas mis au panier,tant les gens ont applaudi mon geste en disant qu´il faut être Francais pour agir ainsi.