Le 21 août 1810, le Palois Jean-Baptiste Bernadotte était élu roi de Suède. Le 28 septembre 2010, la princesse héritière Victoria de Suède, nouvellement mariée, se rendra à Pau, dans le cadre des festivités du bicentenaire de l’accession au trône de son aïeul.
Voilà donc deux siècles que le Palois Jean-Baptiste Bernadotte a été élu Prince héritier du Royaume de Suède à la suite d’un étonnant concours de circonstances. Si rien ne prédestinait ce cadet de Gascogne à atteindre un tel rang, la Révolution et l’Empire en décidèrent autrement.
Sébastien HORION, diplômé d’Histoire et spécialiste de la maison Bernadotte nous raconte en 4 volets la saga du Béarnais Jean-Baptiste et de la Marseillaise Désirée, ce futur couple royal de Suède qui n’aspirait pas dans sa jeunesse à de hautes responsabilités mais qui appartenait à cette génération, Révolution et guerre aidant, se retrouva propulsée à des charges inattendues et se lia pour atteindre les sommets du pouvoir.
Vers le trône de Suède (1804-1810)
Le 14 mai 1804, Bernadotte fut nommé gouverneur et commandant en chef au Hanovre. Cette place lui permit de prendre ses distances vis-à-vis de l’empereur mais leur antipathie ne décrut pas pour autant.
Après Austerlitz, le Béarnais se vit confier une autre province allemande, Ansbach, près de Nuremberg, où il mena grand train tout en faisant toujours attention à bien se faire apprécier de la population.
Puis vint le titre de Prince de Ponte-Corvo, une petite principauté italienne, faveur qui intervint juste après l’élection de Joseph au trône de Naples en 1806. Cette distinction honorifique, Napoléon la justifia par sa considération pour Désirée, mais celle-ci ne dut jamais y mettre les pieds ce qui ne l’empêcha pas pour autant de gérer avec soin les revenus liés à ce petit morceau d’Italie.
La Quatrième coalition formée en 1806 marqua un tournant dans le destin de Bernadotte. Sa bravoure à Lubeck où, avec Soult et Murat, il défit les Prussiens de Blücher lui permit de rencontrer un officier de la garde royale suédoise, membre d’une des plus grandes familles : le comte Gustave Mörner. Combattant dans les rangs prussiens avec un détachement de 15 000 hommes, Mörner avait dû se rendre, mais Bernadotte le traita avec égards, allant jusqu’à l’héberger chez lui.
Cette rencontre fut maintes fois signalée par les historiens comme étant le point de départ de l’accession au trône de Suède quatre ans plus tard. Quoi qu’il en soit son humanité conquit le comte comme lorsque le Béarnais confia à une Lübeckoise en détresse : « Je ne viens pas ici pour faire du bien, nais le moins de mal que je pourrai. »
En 1807, suite à sa blessure à la tête, Bernadotte fut nommé gouverneur des villes hanséatiques (Brême, Hambourg et Lübeck). Napoléon, qui s’exposait lui-même, appréciait que ses maréchaux paient de leur personne. Ainsi, au fil des ans, Bernadotte accumula les charges administratives et militaires et de fait des revenus importants.
Désirée quant à elle gérait avec le plus grand soin cet enrichissement depuis son hôtel de la rue d’Anjou où elle restait proche de sa sœur Julie. Mais elle dut se résoudre à rejoindre son mari en septembre de l’année suivante car il réclamait sa venue ainsi que celle d’Oscar. Même si le Maréchal était toujours en rétablissement, ses sorties en famille le rendirent très populaire des Hambourgeois, sa mansuétude et ses égards attentionnés furent très appréciés.
Par ailleurs, il assista de près à ce qui représente le tournant moderne de la Suède. En 1809, suite à la perte de la Finlande, le roi Gustave IV fut destitué, une nouvelle constitution votée et le vieux Charles XIII rappelé sur le trône. Là encore Bernadotte sut tirer son épingle du jeu. Car en concluant un armistice avec les Suédois au lieu d’envahir la Scanie comme il le lui avait été demandé, il épargna un peuple dont il louait déjà la grande histoire et l’humilité. Cette décision lui valut les foudres de Napoléon qui ne lui confia que le 9e corps de l’armée du Rhin.
Composé de Saxons peu expérimentés et faiblement motivés, ce régiment céda rapidement à la panique lors de la bataille de Wagram, le 5 juillet 1809. Néanmoins, cet épisode fut vite effacé le mois suivant lorsqu’Bernadotte aida Fouché à déloger les Anglais qui avaient accosté à l’embouchure de l’Escaut. Le jeu de dupes, de promotions en disgrâces, entre le Corse et le Béarnais continua encore de longs mois mais en mai 1810 un incident mineur allait changer la donne.
L’héritier finalement choisi pour le trône de Suède, le prince danois Charles-Auguste de Augustenbourg, décéda lors d’une manœuvre militaire. Dès lors, les élites suédoises se mirent à la recherche d’un proche de Napoléon pouvant redorer le blason de leur royaume appauvri.
Aussi, le 25 juin, Bernadotte reçut la visite d’un certain Carl-Otto Mörner en mission semi-officielle pour le compte du roi Charles XIII et lui fit la proposition que l’on sait. Napoléon acquiesça lorsqu’il apprit la nouvelle à condition que ce choix ait l’assentiment de la nation suédoise. En effet, le successeur au trône devait être choisi par le Riksdag suédois composé de quatre ordres : noblesse, clergé, paysans et bourgeois. A cet égard et dans les semaines qui suivirent, Bernadotte se tint au courant de tout ce qui se passait en Suède grâce à un réseau d’agents qu’il s’était assuré en Allemagne du Nord.
Par ailleurs, un autre personnage allait jouer un rôle prépondérant dans cette élection, un certain Jean-Antoine Fournier. Ce négociant français qui avait été en poste à Göteborg fut reçu le 10 août en ambassade semi-officielle par Engenström, le ministre des affaires étrangères suédoises.
Il expliqua que le Maréchal s’il était élu à la Diète d’Örebro s’engageait à liquider toutes les créances du royaume avec ses propres fonds et à récupérer les terres confisquées par Napoléon en Poméranie. De plus, Fournier débuta un véritable travail de propagande en diffusant dans les journaux locaux des articles détaillant les qualités du candidat Bernadotte et des tracts furent distribués pour répandre l’image de sa famille avec en particulier le portrait du petit Oscar.
Cette stratégie porta ses fruits puisque le 21 août 1810 les ordres du royaume se prononcèrent à l’unanimité pour Jean-Baptiste Jules Bernadotte comme prince royal. Celui-ci reçut un courrier officiel le 3 septembre, hésita un temps puis en informa Bonaparte qui devait se féliciter de voir s’éloigner ce parent indocile.
Par conséquent, cette élection apporta la légitimité nécessaire au parvenu Bernadotte si bien qu’il fut le seul proche de Napoléon à rester en place à la chute de l’Empire en 1814. Légitimité que le Béarnais par la suite ne cessa de clamer comme lorsqu’il s’adressa plus tard aux bourgeois de Stockholm : « Les annales du monde prouvent que jamais Prince n’est monté sur un trône que par l’assentiment du peuple ou par la force des armes. Ce n’est pas par les armes que je me suis frayé une route à la succession du trône de Suède ; c’est le choix libre de la nation qui m’a appelé. »
C’est officiel donc la Princesse Victoria se rendra bien à Pau en septembre et vous pouvez voir ici le programme des festivités : http://www.newspress.fr/Communique_FR_232068_939.aspx
Ici un reportage de RFI sur le roi élu à l’occasion du bicentenaire http://www.rfi.fr/emission/20100903-bernadotte-prince-suede-inattendu
Il y a erreur,Daniel.Le 21 août 1810,Jean-Baptiste Bernadotte n´était pas élu roi de Suède.Il n´était pas encore venu en Suède.Il y avait déjà un roi.C´était Charles XIII,le frère cadet de Gustave III et l´oncle de Gustave IV Adolphe,fils de Gustave III,ce roi qui avait été exilé à cause de la perte de la Finlande avec toute sa famille en pays de Bade en Allemagne à présent.
Aux Etats Généraux réunis de Örebro ce 21 août 1810,Bernadotte fut choisi comme prince héritier,puisque le roi Charles XIII,qui avait eu un enfant mort jeune,n´avait plus d´héritier.
C´est le 20 octobre 1810 à Helsingborg que Jean-Baptiste Bernadotte sans sa femme et son fils mettra les pieds pour la 1 ère fois en Suède.Désirée et Oscar arriveront en Suède en décembre 1810 vers la Noël.
Ce ne sera que le 5 février 1818 que Bernadotte deviendra roi de Suède et de Norvège sous le nom de Charles XIV Jean,à la mort de Charles XIII.
Une rectification qui était normale de souligner,car je fais des conférences à ce sujet aux Alliances francaises.
ici le programme de la visite princière en France : http://www.gala.fr/le_gotha/les_indiscretions_du_gotha/visite_en_france_de_victoria_et_daniel_de_suede_leur_programme_tres_charge_210350
Et puis Gala poursuit sur un portrait « galactique » de la princesse héritière : http://www.gala.fr/le_gotha/les_indiscretions_du_gotha/victoria_et_daniel_de_suede_en_france_210348
RV au château 🙂