Le prix de l’alcool guide les Norvégiens en Suède

A la suite d’une annonce sur une hausse des prix de l’alcool en Norvège, les ventes du conglomérat Vinmonopolet ont enregistré une baisse, une première depuis les années 80. Mais où sont donc passés les buveurs ? Selon certains, on aurait de grandes chances de les apercevoir sur les aires d’autoroute de l’autre coté de la frontière, en Suède…

En Norvège, il est en effet bien plus difficile de s’alimenter en spiritueux que, par exemple, en France. Toute boisson tirant à plus de 4,75 degrés se doit d’être en effet vendue dans des magasins spécialisés, les Vinmonoplet. Proposant des boissons à des prix souvent prohibitifs, ces magasins ont pour but de réguler et limiter la consommation d’alcool des Norvégiens. Pour donner une exemple de l’exceptionnel taux des taxes imposées par le gouvernement, rien de tel que d’aller farfouiller un peu dans les rayons. Vous vous retrouverez probablement à saluer les efforts de cette politique tout en sirotant un JeanJean cru 2006 qui vous aura couté pas moins de 76 couronnes (9,2 €)…
Bien que la Norvège reste un des pays les plus riches de la planète, les Norvégiens ont toujours eu conscience que, malgré leur opulence, dans leur contrée, le prix des alcools restait hideusement haut. Ainsi, ceux qui n’auraient pas été entièrement dissuadés de boire des boissons alcoolisées ont, peu à peu, développé plusieurs « trucs » pour échapper à ces prix terrifiants. La première, une des plus évidentes, conseille de s’alimenter en alcool dans les magasins détaxés qui parsèment les aéroports du pays. Bien que toujours tenus par l’Etat, ces magasins offrent des boissons à des prix quelque peu plus raisonnables. Le second « truc » est bien évidemment le passage du coté obscur, de l’autre coté de la frontière là où tout est moins cher.
Bien qu’avantageuses pour le consommateur, ces habitudes ont semble t-il commencé à inquiéter la direction du Vinmonopolet, et l’augmentation annoncée de 7% des prix des spiritueux pour le 1er janvier prochain n’est pas là pour arranger les choses. Les ventes du conglomérat ont en effet chuté de 2,2% au mois de septembre et ont continué sur la même lancée au mois d’octobre. Kai Henriksen, directeur général de la compagnie gérant les Vinmonopolet a en effet rendu public ses doutes quant à l’efficacité de la réforme. Selon lui, l’augmentation des prix des alcools n’aboutirait plus automatiquement à une réduction de la consommation, les acheteurs potentiels préférant acheter en Suède ou dans les magasins détaxés. Henriksen à également déclaré qu’il serait judicieux d’interdire la vente d’alcool dans ces magasins détaxés d’où proviendrait 15% de tout l’alcool bu en Norvège.
La position officielle du gouvernement est que la hausse des prix des alcools permettrait de faire chuter leur consommation, offrant ainsi à la sécurité sociale Norvégienne la possibilité de réduire ses dépenses liées à la consommation excessive de spiritueux. Roger Schjerva, secrétaire d’Etat au ministère des Finances a dénié tout lien entre les ventes du Vinmonopolet et l’activité frontalière : « Pour de nombreuses années, les ventes au Vinmonopolet ont augmenté alors qu’elles faisaient de même de l’autre coté de la frontière ». Malgré ce constat optimiste, il semble quelque peu illusoire de penser que, avec un alcool plus cher dans leur pays, les Norvégiens ne seraient pas tentés, encore plus pressement qu’auparavant, de passer la frontière.

Par Lyonel Perabo