Turku, Capitale européenne de la culture

Le visiteur fraichement débarqué en Finlande peut légitimement être surpris du manque de promotion autour de Turku, ancienne capitale du pays jusqu’en 1812. La cinquième ville de Finlande est pourtant une des plus vieilles villes du pays, et de fait elle ne manque pas d’attractions : de nombreux parcs, un musée en plein air aux maisons pittoresques, un cathédrale, un château, un archipel voisin charmant… il semble que rien de tout cela ne soit réellement mis en avant, nulle part. Le journal finlandais Helsingin Sanomat rapporte que le 15 décembre, c’est-à-dire quelques semaines avant le début de l’année Turku, aucune publicité n’était visible ni à la gare centrale de Helsinki, ni sur la place du Sénat, points stratégiques de la capitale, et ce malgré le budget de 50 millions d’euros. Cette absence de publicité était aussi notable à la gare même de Turku, depuis laquelle il s’avère bien difficile de trouver Logomo, l’atelier mécanique désaffectée datant de 1876 qui, rénové à l’aide d’un partenariat entre la ville et le propriétaire des lieux Hartela Oy, offre un espace de 9000m2 pour accueillir les quelque cinquante principales expositions et activités du programme culturel.
Là aussi, le choix de Logomo comme centre névralgique de l’année Turku peut surprendre, dans la mesure où ce bâtiment est situé à l’extérieur de la ville et que Hartela Oy restera propriétaire des lieux rénovés aussitôt 2012 commencée, alors que sa location et sa rénovation ont coûté cher (Cay Sevón , la PDG de la Fondation Turku 2011, refuse de donner les chiffres exacts, mais admet qu’il s’agit là d’une somme importante). Cay Sevón défend ce choix en soulignant que les locaux de la ville ne suffisaient pas pour les activités prévues. Le secret sur les sommes dépensées touche aussi la question de la production effective du programme : les chiffres ne seront révélés qu’une fois l’année terminée, ce qui peut agacer quand on sait que le budget provient de fonds publics locaux, nationaux et européens. Cay Sevón explique ensuite cette absence de promotion pour la ville par le refus de la compagnie de train finlandaise VR des projets de panneaux publicitaires dans la gare centrale ; ces panneaux seront finalement exposés au moyen de location de l’espace immobilier. D’autre part, la promotion de Turku s’est aussi faite tout au long de l’été 2010, au moyen de spots télévisés et de publicités dans le centre commercial de Forum, au centre de Helsinki.
Turku capitale européenne de la culture devra donc relever le défi de faire venir les visiteurs dans cette ville mal connue en Europe, et réussir à les séduire pour pallier une promotion défaillante et une gestion secrète, en concurrence avec Tallinn, plus connue et mieux promue du fait de son passage à l’euro tout récent. Pas facile de rivaliser avec une capitale quand on est la cinquième ville de Finlande, pourtant pleine de charmes.

Tout savoir sur le programme des festivités sur : http://www.turku2011.fi/en

Article : Emmanuelle Bour

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