Sécurité : l’Islamisme militant débattu au Riksdag

Le 26 janvier eut lieu au Riksdag (parlement suédois) un débat exceptionnel sur le sujet de la menace Islamiste en Suède. Convoqué par le parti nationaliste Sverigedemokraterna (Suédois démocrates), le débat tenta de confronter la nature de la menace terroriste en Suède.

C’est Jimmie Åkesson, le jeune (31 ans) chef du parti nationaliste, qui fut en tant qu’instigateur de cette réunion, le premier à s’exprimer. Lançant son discours par l’évocation des derniers remous terroristes ayant secoué le pays (Lire : « Attentats de Stockholm : là où mène l’extrémisme » & « Terrorisme : le Danemark pris pour cible« ) il articula bien vite son argumentation autour d’un supposé manque de préparation de la Suède vis-à-vis de la menace djihadiste. Il critiqua plus particulièrement le manque d’un plan global pour lutter contre le militantisme. “Nous pouvons dire aujourd’hui que nous n’avons pas les outils”. D’un point de vue technique, il proposa la mise en place de réformes empêchant les potentiels djihadistes de quitter le pays pour les camps d’entrainements du moyen orient ; il évoqua également le besoin d’un examen plus assidu des sympathies terroristes parmi les franges les plus juvéniles de la population.

Bien qu’ayant du faire face à une opposition quasi-unanime des autres députés présents, Åkesson semble pointer du doigt une évidente réalité ; au contraire de nombreux autres pays occidentaux, la Suède a probablement négligé la menace incarnée par les réseaux internationaux du terrorisme. Ainsi, bien que critiquant la stance nationaliste de son opposant, le ministre de la Justice, Beatrice Ask, dut admettre qu’il existait bien en Suède une minorité de personnes fortement hostile à l’idée d’une société libérale. « Il y a des gens qui refusent d’accepter les fondations de notre société et qui sont prêt à nuire pour imposer leurs vues » aurait-elle déclaré, insistant néanmoins sur les raisons du terrorisme plutôt que ses conséquences « J’ai la conviction personnelle qu’un manque d’espoir et de foi envers le futur, causé par des injustices subies ou perçues comme telles est le facteur déterminant qui attire certaines personnes vers les mouvements extrémistes. »

Au-delà de cette pertinente contre-argumentation, le débat ne put en revanche que partiellement être consacré à l’extrémisme religieux. De nombreux représentants politiques récusant les propos du chef nationaliste. La verte, Maria Ferm, avança ainsi des chiffres montrant que le terrorisme islamiste ne serait que responsable d’une microscopique (0,34) portion des attentats sur le sol européen. Des représentants du Parti du peuple ont exprimé des pensées semblables tandis que Sven-Erik Österberg, chef du groupe Social démocrate à l’assemblée blâma lui aussi l’extrémisme dans toutes ses formes mais apporta également un peu d’eau au moulin en proposant des contrôles accrus sur les écoles privées à l’affiliation religieuse.

Dans son ensemble, le débat ne fut guère constructif et se transforma rapidement en empoignade idéologique entre Åkesson et les autres députés. Il faut dire que dans la proprette et bien pensante Suède, les Sverigedemokraterna font peur à la classe politique. Avec des intentions de vote en hausse (6,9 pour cent au 31 janvier), nombreux sont ceux qui prônent l’exclusion politique, un peu à la manière de ce que le RPR et l’UMP (à ses débuts tout du moins) avaient fait en France avec le Front National. Ce genre de stratégies politiciennes peuvent se montrer gagnantes mais ne résoudront pas la délicate question du terrorisme dans le royaume.