La vague populiste en Europe heurte les côtes finlandaises : la montée des Perussuomalaiset

Il n’aura échappé à personne que, en cette période de crise, les électeurs européens ont de plus en plus tendance à s’orienter vers des formations populistes pour exprimer leur mécontentement. La Finlande elle non plus n’échappe pas, à cette nouvelle vague politique tandis que le parti populiste Perussuomalaiset enregistre une nette progression de ses intentions de votes.

Le parti populiste finnois Perussuomalaiset (qui se traduit mots à mots par « Vrais Finlandais ») aurait en effet, selon un sondage Sofres pour le journal Helsingin Sanomat pas moins de 16,2 % d’intentions de votes. Le parti s’attribue ainsi la part du lion dans la sphère politique finnoise et pourrait se retrouver la 4ème force politique du pays. Il faut également souligner qu’en Finlande, contrairement en France, les « grands » partis sont nettement plus modestes au niveau de leurs scores électoraux et les gouvernements de coalition ont été légions.

Pour donner un exemple concret, et en reprenant les chiffres de ce sondage, le Perussuomalaiset n’est qu’à 5 pour cent du parti le plus populaire le parti de la Coalition. Les deux autres partis majeurs, le parti du Centre (du Premier ministre Mari Kiviniemi) et le parti Social-démocrate (de la présidente Tarja Halonen) ne se placent respectivement qu’à 18,3 % et 18,2 %. La Finlande semble donc suivre le même chemin que bon nombre de pays européens, à savoir exprimer un manque de confiance vis-à-vis des partis établis par un ré ancrage électoral vers la droite dure. Il faut également ajouter que, comme évoqué précédemment, le système politique finlandais, de part son manque de dynamisme, est certainement à blâmer pour cet état de fait.

En Finlande, les trois « grands » partis politiques déjà cités semblent souffrir d’une certaine institutionnalisation. Tous fondés au début du siècle dernier, leur stance est bien connue des finnois qui en sont venus à limiter leur soutien à des organismes politiques qu’ils jugent parfois trop semblables. Cela est particulièrement frappant en ce qui concerne les Socio-démocrates. Bien que ne participant pas à la coalition actuelle les experts politiques ont conclu qu’une bonne part des nouveaux sympathisants populistes serait issue d’anciens socio-démocrates déçus. Ces électeurs potentiels ont probablement été séduits par la vigoureuse rhétorique de Timo Soini, le chef du parti et député européen. Son parti est en effet critique de la politique d’immigration du pays et est ouvertement eurosceptique. Soini a ainsi publiquement fait savoir que son parti ne prendrait part à aucune coalition qui favoriserait l’introduction de L’Union Européenne dans la nouvelle constitution, couramment en phase de réécriture.

Bien que moins dur que ses équivalents suédois ou danois, qui ont pour leur part, une rhétorique violemment anti-islam, le Perussuomalaiset est tout de même porté par la même vague qui a amené ces organismes à revendiquer une part de choix dans le discours politique national. Il accueille ainsi dans ses rangs un certain nombre de militants ouvertement racistes et autres personnalités controversées (comme Jussi Halla, membre du parti et blogueur, condamné l’an dernier pour des remarques jugées outrageantes sur l’Islam) dont Timo Soini ne s’est, au jour d’aujourd’hui toujours pas clairement distancié.

En attendant les élections parlementaires d’avril, beaucoup de choses peuvent se passer et il n’est pas exclu que de nouveaux événements puissent faire varier l’opinion publique en faveur de tel ou telle formation. Dans l’absolu, c’est à cette date que l’on découvrira si la montée en puissance du Perussuomalaiset n’a été qu’une bulle médiatico-politique ou si elle s’appuie sur du concret.