La bouillante question arctique : le Danemark s’allie avec la Russie

Suite à une rencontre interministérielle entre les ministres de la Défense danois et russe, on peut s’attendre à une coopération accrue entre les corps d’armée des deux pays. Un des sujets sur lequel les deux officiels se sont entretenus était la question de la présence militaire dans l’Arctique.
Réunissant Gitte Lillelund Bech et Anatolij Serjukov, cette réunion organisée le 8 février fut la première instance d’une visite du ministre de la Défense danois en Russie depuis plus de 15 ans. Le Danemark, probablement le pays nordique doté des meilleures relations avec Moscou s’est donc engagé à coopérer avec la Fédération de Russie sur certains sujets militaires. Furent discutés : la situation en Afghanistan (Le Danemark y a déployé plus de 700 soldats), le problème des pirates somaliens et la politique de défense anti-missile commune de la Russie et de l’OTAN (Le Danemark en est membre depuis 1949).
Un autre sujet, probablement aussi ou plus sensible que les autres fut également discuté, à savoir la coopération dans la région Arctique. Il n’aura de fait échappé à personne que depuis la médiatisation du phénomène de la fonte des glaces un regain d’attention pour les régions du Nord du monde s’est fait sentir.
Entre 2007 et 2008, période correspondant à la 4ème année polaire internationale, la question arctique devint carburant brut pour de nouvelles politiques de part et d’autre du cercle polaire. Alors que la Russie planta dans un très dramatisé acte de propagande, un drapeau sur le sol marin du Pôle Nord, le Canada commença à développer une stratégie militaire pour l’Arctique. D’autres mouvements territoriaux furent également entrepris, en particulier la tentative des puissances nordiques pour étendre leur Zone Économique Exclusive (ZEE) au-delà de la commune limite des 200 milles marins alors que les disputes territoriales, notamment entre le Canada, le Danemark et les États-Unis étaient ravivés.

En revanche, les disputes territoriales entre le Danemark et la Russie étant plus ou moins inexistantes, une telle alliance entre les deux nations ne parait pas dénuée de sens. Si la Fédération de Russie cherche bien à étendre son influence sur l’Arctique c’est plutôt par sa tentative de s’approprier les eaux du plateau continental Eurasien au Nord de la Sibérie, territoire n’ayant jamais suscité l’attention du Danemark. Ce dernier est en revanche dans une position bien moins confortable lorsqu’il s’agit de se confronter au Canada.
Au contraire de la Russie qui a réitéré à plusieurs reprises son opposition à la militarisation de l’Arctique, le Canada a en effet une politique militaire arctique hautement décomplexée. Le pays du sirop d’érable rendit ainsi public en 2007 ses plans pour la constitution d’une force navale arctique de 6 à 8 vaisseaux qui seraient positionnés sur une toute nouvelle base située sur la terre de Baffin. Dans le même temps, les tentions entourant la question de la souveraineté de l’île d’Hans, située sur la frontière groenlando-canadienne furent ravivées par la classe politique canadienne.

Une alliance stratégique entre le Danemark et la Russie pourrait donc profiter également aux deux parties. En s’alliant avec un membre de l’OTAN, la Russie gagne un appui occidental et européen non négligeable pouvant potentiellement peser lors de discussions futures sur l’extension de sa ZEE. Quant au Danemark, une coopération avec une puissance militaire comme la Russie offre un soutien de taille pour montrer la détermination du royaume à affirmer sa souveraineté dans les régions polaires.
En attendant les futures manœuvres communes dans la Baltique et l’Arctique, il serait plus qu’intéressant de prêter attention à de possibles réactions de la part des autres pays concernés. Cette alliance pourrait se révéler cruciale pour le développement futur de l’Arctique.